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USA: même sans la guitare, la "protest song" reste vivace

USA: même sans la guitare, la "protest song" reste vivace

La "protest song", la chanson contestataire américaine dont une légende, le chanteur de folk Pete Seeger, vient de mourir, n'utilise peut-être plus la simple guitare mais reste vivace avec le rap, le hip hop ou le heavy metal.

"Ce n'est pas parce qu'on ne voit pas une personne sur scène, toute seule, avec son banjo ou sa guitare, que ce qu'elle chante n'est pas de la chanson contestataire", dit Stephen Winick, expert du Centre du Folklore américain à la Bibliothèque du Congrès, au lendemain de la mort de Pete Seeger, mentor de Bob Dylan, Joan Baez ou Bruce Springsteen.

Son décès lundi à l'âge de 94 ans a suscité une avalanche d'hommages aux Etats-Unis, dont celui du président Barack Obama.

Fidèle à son banjo à cinq cordes dont il a popularisé l'usage, Pete Seeger reste une figure de la "protest song" américaine avec son engagement pour les droits civiques ou contre la guerre du Vietnam.

Les années 1960 et 1970, avec les textes pacifistes de Joan Baez, le "Blowin' in the Wind" de Bob Dylan, symbolisent l'âge d'or de cette chanson contestataire.

Mais "c'est un mythe que de croire que la chanson contestataire a disparu", renchérit Alexander Shashko, de l'Université du Wisconsin à Madison, lors d'une interview accordée à l'AFP.

"Il suffit de parcourir la liste des grandes stars, de Beyoncé ou Bruce Springsteen jusqu'à Lorde, et l'on voit que donner une voix au changement social est une partie significative de leur musique", dit ce professeur qui enseigne la culture populaire.

"On trouve de la contestation dans n'importe quel genre de musique aujourd'hui, que ce soit du folk, rock, heavy metal, rap, hip hop ou country", explique Valerie Haller dont le site internet Valslist.com fournit les dernières tendances en musique.

Egalité économique, droits des femmes, égalité raciale, droits de l'homme, écologie sont des "thèmes fréquents", ajoute-t-elle, rappelant que dimanche, lors de la cérémonie des Grammy Awards à Los Angeles, les rappeurs Macklemore et Ryan Lewis prenaient position pour le mariage homosexuel avec le titre "Same Love".

"Le groupe System of a Down dans les années 2005-2006 a sorti un album qui critiquait l'invasion de l'Irak et la politique américaine dans les autres pays. C'était un groupe de metal", ajoute Todd Callais, professeur assistant de sociologie à l'université de Cincinnati-Blue Ash.

Le groupe de rap Public Enemy dans les années 80 était "extrêmement militant", dit-il.

Du hip hop, chanté par Kanye West, a été inspiré par le meurtre de Trayvon Martin, un adolescent noir abattu par balles en Floride en 2012.

"Que l'on regarde n'importe quel mouvement social, d'un conflit local à des grands problèmes mondiaux, et on trouve rapidement de la musique qui y est associée", ajoute M. Shashko.

Dans les années 1960, "la plupart des chansons étaient chantées par des gens ordinaires qui restaient inconnus. Ils chantaient parce qu'ils voulaient toucher leur communauté", dit M. Shashko qui estime que "c'est toujours très vrai de nos jours".

Malgré les nouveaux moyens de sensibiliser les gens, avec Facebook ou Twitter, "la musique a une puissance qui ne sera jamais complètement remplacée", assure M. Callais, "aussi longtemps qu'il y aura des oppositions, la musique jouera un rôle et il y aura des chanteurs contestataires".

ff/gde

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