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Sommet de la Celac à Cuba: un message d'indépendance à l'égard des Etats-Unis

Sommet de la Celac à Cuba: un message d'indépendance à l'égard des Etats-Unis

Dernière née des organisations continentales, la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac) a entamé mardi à La Havane un sommet de deux jours qui doit consacrer l'unité de ses 33 pays membres et enjoindre les Etats-Unis à réviser leur politique à l'égard de Cuba.

"Aujourd'hui, Cuba est la capitale de notre Amérique", a lancé le président du Nicaragua, l'ancien guérillero Daniel Ortega à son arrivée à La Havane où s'est ouvert le sommet qui rassemble tous les pays du continent américain, à l'exception des Etats-Unis et du Canada.

En présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le sommet a été ouvert par le président cubain Raul Castro, qui a succédé au pouvoir à son frère Fidel en 2006, et continue d'incarner la résistance progressiste latino-américaine à la déclinante hégémonie américaine sur le continent.

"La création d'un espace politique commun est primordial pour notre région (...) Nous avons eu affaire à de nombreux défis, à de nombreux dangers pour la paix, mais nous avons été capables d'avancer dans la construction de la Celac", s'est félicité Raul Castro, 82 ans, qui avait troqué pour l'occasion son uniforme de général pour un sobre costume bleu nuit.

"Jamais depuis l'avènement de la Révolution en 1959, Cuba n'a reçu un soutien régional aussi clair", selon l'analyste Arturo Lopez-Levy, de l'université de Denver, aux Etats-Unis, qui estime que "la massive présence des chefs d'Etats et de gouvernements réaffirme le message continental de rejet de la politique des Etats-Unis d'isolement de Cuba".

Le grand absent de ce 2ème sommet reste l'ex-président du Venezuela Hugo Chavez, décédé d'un cancer en mars 2013, qui avait été le père fondateur de la Celac en décembre 2011, au titre des principes du héros historique de l'indépendance de l'Amérique latine, Simon Bolivar.

Désormais dirigés par une majorité de gouvernements progressistes, voire socialistes, -seuls la Colombie, le Paraguay et certains petits pays d'Amérique centrale restent conservateurs- l'Amérique latine va s'affirmer "diverse mais unie", lors de ce sommet qui va adopter mercredi une "Déclaration de La Havane".

Cette "déclaration" compte quelque 80 points parmi lesquels l'affirmation d'une "zone de paix" en Amérique latine, la lutte contre la pauvreté et l'analphabétisme, la sécurité alimentaire et le développement agricole, la coopération technique et scientifique et l'intégration économique et financière de la région qui rassemble 600 millions d'habitants.

En toile de fond, une prise de distance avec les Etats-Unis, dont l'influence sur l'Amérique latine n'a cessé de fondre ces dernières années. Et surtout, un soutien à Cuba qui subit depuis plus d'un demi-siècle un sévère embargo économique et commercial de Washington.

"Le message de la Celac va être fort, clair et sûrement critique, mais il n'aura que peu d'effet sur la direction américaine qui reste, malheureusement, conduite par des intérêts intérieurs", estime Michael Shifter, président du think-tank Inter American Dialogue.

"Il y a des années que les pays d'Amérique latine exigent la fin de l'embargo, et il y a des années que les Etats-Unis font la sourde oreille", rappelle le politologue Patricio Navia, de l'Université de New York.

"La Celac a été créée pour s'opposer aux Etats-Unis, mais les organisations régionales sont nombreuses en Amérique latine" et "la réalité, c'est que la plupart de ces pays ont des ambitions économiques qui sont très différentes de celles de Cuba", selon Paul Webster Hare, ancien ambassadeur de Grande-Bretagne à Cuba et professeur de relations internationales à l'Université de Boston, aux Etats-Unis.

"L'intérêt viendra peut-être de la modération de la rhétorique des Cubains contre les Etats-Unis, ce qui pourrait signaler un intérêt de La Havane à élargir le dialogue avec Washington", estime-t-il.

Ce sommet, à l'issue duquel le Costa-Rica prendra la présidence annuelle de la Celac, est le premier de cette envergure organisé par Raul Castro qui entend capitaliser une large reconnaissance diplomatique au régime communiste, au-delà de ses alliés traditionnels, Venezuela, Bolivie, Nicaragua et Equateur, qui prendra la présidence en 2015.

Aucun des responsables régionaux n'a encore prévu de rencontrer de dissidents cubains, malgré leurs appels. Selon l'opposition, une centaine de dissidents ont d'ailleurs été interpellés ou tenus éloignés de La Havane pour les empêcher de participer à leur manière au sommet.

L'ombre du Père de la Révolution cubaine Fidel Castro planera sur ce sommet. Retiré de la politique, Fidel Castro, 87 ans, a néanmoins profité de ces visites pour recevoir quelques président amis, telles que l'Argentine Cristina Kirchner ou la Brésilienne Dilma Rousseff.

jhd/ag/bir

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