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Les Argentins méfiants à l'idée de confier leurs dollars aux banques

Les Argentins méfiants à l'idée de confier leurs dollars aux banques

Les Argentins mettent à profit la réforme permettant d'épargner en dollars mais ils restent méfiants à l'idée de les confier aux banques locales, après avoir perdu leurs économies durant la crise économique de 2001.

Lundi, première journée pendant laquelle on pouvait se procurer des dollars dans la limite de 20% des revenus déclarés, les opérations effectives ont atteint 122.773 dollars, selon le gouvernement, qui a assoupli l'accès aux devises après avoir instauré un contrôle des changes drastique en 2011.

En Argentine, minée depuis 40 ans par l'inflation, le dollar est une valeur refuge à laquelle la population est très attachée.

L'administration fiscale a enregistré lundi 149.606 demandes pour 72,4 millions de dollars, mais seulement 122.773 dollars de ventes ont été autorisées, a précisé le chef du gouvernement Jorge Capitanich, voix de l'exécutif depuis que la présidente de centre-gauche Cristina Kirchner a pris du recul après une opération au cerveau en octobre.

"Le peso, il se déprécie tellement vite avec l'inflation qu'on a besoin de pouvoir épargner en dollars. Si tu as 100 dollars, tu sais qu'ils ne perdront pas de leur valeur. Il y a un an il fallait moins de cinq pesos pour avoir un dollar. Aujourd'hui il en faut huit. Et demain ?", s'interroge Juan Carlos Albornoz, qui travaille dans un centre médical de Buenos Aires.

"Les banques c'est pareil", poursuit-il, "qui va avoir confiance après la crise (de 2001) ? Ceux qui avaient des dollars se sont retrouvés avec des pesos".

Les Argentins s'inquiètent de voir que leur gouvernement ne parvient pas à maîtriser une inflation dépassant 20% par an depuis six ans, ni la chute des réserves monétaires, passées de 52 à 29 milliards en l'espace de trois ans.

Daniel Salgueiro, patron de bar de 38 ans, plaide pour une libéralisation totale des opérations de change : "Le gouvernement avait pour 70 millions de commandes et il a vendu seulement pour 120.000 ! C'est une farce. C'est compliqué, on ne te laisse pas acheter les dollars que tu veux et en plus il faut les déposer à la banque..."

"Tout ça, c'est un piège, un grand mensonge, ils te mettent des obstacles pour acheter des dollars et à la fin de l'histoire, ils t'envoient des inspecteurs de l'AFIP (l'administration fiscale) pour un redressement fiscal", s'emporte Amalia, une coiffeuse de 36 ans, échaudée par le gel des avoirs bancaires des Argentins pendant la crise économique de 2001.

Sebastian Villareal, étudiant en psychologie de 28 ans, est un ardent défenseur du modèle économique kirchnériste et juge que la dévaluation du peso, 18% depuis le 1er janvier, ne porte préjudice à personne. "Ce n'est pas une mesure qui va contre le peuple, ni contre les entreprises, c'est une mesure nécessaire pour stabiliser l'économie".

Acheter des dollars pour épargner ? "Moi, je ne suis pas quelqu'un qui achète des dollars", répond-il, se plaçant dans le camp de ceux qui par conviction se refusent à adopter le dollar comme monnaie-refuge.

Selon l'économiste Dante Sica, environ la moitié de la population argentine peut théoriquement accéder au nouveau dispositif, qui implique d'être en règle avec le fisc, puisque c'est l'administration fiscale qui délivre les autorisations de change.

"Si je vais verser des dollars sur un compte bancaire ? Jamais de la vie. Tout ça, c'est un piège, ils veulent nous voler. Vous vous souvenez de 2001 ?", disait un auditeur sur Radio Mitre.

Mariano Polti, un enseignant de 56 ans, redoute "la crise qui nous frappe tous les 12 ans (après 1989 et 2001). Tout ce que fait, ou plutôt improvise, ce gouvernement, c'est un échec".

Mardi, le peso se maintenait stable sur le marché des devises à Buenos Aires cotant huit pesos pour un dollar à la clôture, alors que le dollar "blue" du marché noir se situait à 12,20 pesos.

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