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Les JO Sotchi, nouveau terrain de défiance entre Moscou et Washington

Les JO Sotchi, nouveau terrain de défiance entre Moscou et Washington

Les Jeux olympiques de Sotchi en Russie offrent un nouveau terrain de défiance entre Washington et Moscou, les Américains s'alarmant de "menaces terroristes" tandis que les Russes semblent rechigner à partager leurs renseignements et promettent des JO sûrs.

Pour autant, relèvent des experts, les deux puissances aux relations glaciales cherchent à éviter toute "confrontation" directe sur la question de la sécurité aux JO, les premiers en Russie depuis ceux de Moscou en 1980, que Washington avait boycottés en pleine Guerre froide.

Il n'empêche, déplore Micah Zenko, politologue au Council on Foreign Relations (CFR), que "la sécurité et la sûreté de tous ceux qui assisteront aux Jeux d'hiver sont mises en danger en raison de la méfiance réciproque entre services antiterroristes et de renseignement américains et russes".

La Maison Blanche s'est alarmée cette semaine d'une hausse "inquiétante" du risque d'attaques contre les Jeux de Sotchi, et des hauts fonctionnaires américains ont critiqué Moscou qui renâclerait à partager ses renseignements.

Les États-Unis sont même allés jusqu'à conseiller à leurs athlètes d'éviter de porter des vêtements aux couleurs nationales hors des enceintes de compétition à Sotchi pour ne pas attirer l'attention, et ont mis en garde leurs ressortissants se rendant aux JO du 7 au 23 février, invoquant des "menaces terroristes".

Des "inquiétudes complètement légitimes" aux yeux de Temuri Yakobashvili, ancien vice-Premier ministre de Géorgie et ex-ambassadeur aux États-Unis, aujourd'hui expert au centre de réflexion German Marshall Fund of the United States.

"Le gouvernement américain se doit d'être effectivement très prudent (...) en raison de l'anti-américanisme ou encore de Benghazi", explique à l'AFP le diplomate, en allusion à l'attaque islamiste de septembre 2012 contre le consulat américain en Libye qui coûta la vie à quatre Américains, dont l'ambassadeur.

Dans une vidéo diffusée lundi dernier, des islamistes du Caucase russe ont menacé de perpétrer des attentats pendant les JO de Sotchi, réalimentant les craintes après des attaques suicide en décembre à Volgograd, dans le sud de la Russie.

"Nous avons parlé aux Russes de nos inquiétudes en matière de sécurité régionale, de nos préoccupations de longue date à propos du nord du Caucase", expliquait vendredi un responsable américain.

Ce fonctionnaire a fait part de "la frustration" de son administration face à une coopération russe jugée insuffisante en termes de partage d'informations. "C'est un dossier ardu parce qu'il s'agit de renseignements. Nous avons de bonnes relations, de bonnes discussions (avec les Russes) mais nous voulons toujours en savoir plus (...) Nous sommes frustrés parce que nous ne savons pas tout", a critiqué ce responsable.

Des arguments balayés par l'ambassadeur de Russie aux États-Unis, Sergueï Kislyak. Le diplomate a assuré dimanche sur CNN que "la coopération (était) très bonne (...) et suffisante" en matière de renseignement entre les deux pays, aux relations toutefois très tendues depuis l'affaire Edward Snowden.

"Je ne vois, je n'ai senti aucune tension" entre Moscou et Washington, a-t-il même affirmé, promettant des JO "sûrs (...) joyeux, pacifiques et réussis".

Toutefois, pointe M. Zenko du CFR, "la Russie ne veut pas fournir d'informations qui lèveraient le voile sur ses sources et méthodes pour collecter du renseignement et les États-Unis ne veulent pas partager leur technologie en matière de brouillage de signaux susceptible de désactiver des voitures piégées commandées à distance".

De fait, le représentant républicain Peter King a dit dimanche sur ABC "comprendre que notre gouvernement soit réticent à partager (avec Moscou) une technologie très sophistiquée qui puisse à l'avenir être utilisée contre nous".

M. Yakobashvili n'imagine toutefois pas les deux pays aller "au conflit" à propos de la sécurité aux JO. "Les États-Unis ne cherchent pas la confrontation avec la Russie et ses dirigeants", pense le spécialiste.

Mieux, Washington a maintes fois proposé d'aider Moscou à assurer la sécurité des JO.

Les deux présidents Barack Obama et Vladimir Poutine en ont parlé au téléphone la semaine dernière et le Pentagone est prêt à déployer des moyens aériens et navals. Des offres rejetées par la Russie.

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