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Des réfugiés sud-soudanais au Soudan, un pays qui ne leur est pas étranger

Des réfugiés sud-soudanais au Soudan, un pays qui ne leur est pas étranger

Joyni Salva a abandonné l'idée de vivre au Soudan du Sud. Elle préfère rester à Kilo 10, un abri de transit pour les réfugiés sud-soudanais fuyant les violences, installé au milieu du désert au Soudan, pays qu'elle a longtemps habité.

Par une ironie du sort, des milliers de Sud-soudanais se retrouvent ainsi à retourner au Soudan, dont leur pays a fait sécession il y a moins de trois ans.

"Je ne pense pas que la stabilité va revenir", estime cette mère de famille. "Les combats vont continuer" prédit-elle, après que le gouvernement de Juba et les rebelles se sont mutuellement accusés d'avoir violé un cessez-le-feu instauré jeudi.

"Je préfère vivre au Soudan", dit-elle.

Des millions de Sud-soudanais comme Joyna avaient fui vers le Nord lors de la guerre civile de 1983 - 2005. Mais 1,8 million d'entre eux étaient retournés au Sud depuis 2007.

En septembre dernier, une étude de l'Organisation internationale des migrations (OIM) montrait que la quasi-totalité des 20.000 Sud-Soudanais vivant toujours dans des camps à la périphérie de Khartoum souhaitait revenir dans le pays de leurs ancêtres.

Mais c'était avant que n'éclatent mi-décembre les combats entre des troupes loyales au président Salvaa Kiir et une coalition hétéroclite de déserteurs et de milices ethniques menée par le vice-président destitué, Riek Machar.

Jusqu'à 10.000 personnes auraient été tuées dans ces combats, qui auraient entraîné des viols et assassinats à grande échelle et d'importantes destructions de biens.

Selon l'ONU, 700.000 personnes ont dû fuir leur foyer dans ce pays déjà très pauvre. Plus de 112.000 d'entre elles se sont réfugiées dans des pays voisins, majoritairement en Ouganda, mais 20.000 personnes auraient également traversé la frontière vers le Soudan, estiment les Nations Unies.

"Ce n'est pas la première fois que je viens au Soudan", explique Mme Salva, dans le camp de transit installé dans la province du Nil blanc, à 30 km de la frontière avec le Sud.

"Pendant la guerre civile j'habitais à Khartoum. Et je suis rentrée au pays en 2006, après l'accord de paix". Dans le cadre de cet accord qui a mis fin à deux décennies de guerre civile, le Soudan du Sud a organisé un référendum et massivement voté pour une sécession du Soudan, effective depuis juillet 2011.

Mme Salva, infirmière et mère de sept enfant, explique être sans nouvelles de son mari, qui se trouvait à Malakal, le chef-lieu de la province du Haut Nil, théâtre d'intenses combats ces dernières semaines.

Le camp où elle s'est réfugiée est composé des dizaines de tentes blanches montées par le Croissant rouge soudanais, dans un paysage aride. Des nouveaux arrivants se sont construit des abris en attachant les bâches qu'on leur a données à de maigres arbustes.

"Nous nous attendons à des épidémies parce qu'il n'y a pas de toilettes", avertit Aman Tital, du Croissant rouge.

Il estime qu'environ 8.000 personnes habitent à Kilo 10.

"La plupart des gens sont des femmes et des enfants, ils arrivent ici épuisés par un long voyage à pied, sans manger", dit-il.

Le Croissant rouge koweïtien, l'ONU et la commission soudanaise pour l'aide humanitaire ont fourni une aide au camp sous forme de nourriture et d'abris, a indiqué M. Tital.

Ibrahim Jadin, réfugié là avec sa femme et six enfants, a lui aussi déjà habité au Soudan, près de Khartoum jusqu'en 2005, mais il préfèrerait pouvoir retourner chez lui, dans le Sud.

"Si les combats s'arrêtent au Soudan du Sud, il vaut mieux que je rentre", dit-il. "Il n'y a rien pour moi ici. Dans le Sud, je peux cultiver, j'ai un lopin de terre".

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