Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Soudan du Sud: poursuite des affrontements malgré le cessez-le-feu

Soudan du Sud: poursuite des affrontements malgré le cessez-le-feu

Le gouvernement du Soudan du Sud et les rebelles se sont accusés mutuellement dimanche de violation du cessez-le-feu censé être en vigueur depuis deux jours et qui devait mettre fin à plus d'un mois d'un conflit brutal dans le plus jeune pays du monde.

La situation de centaines de milliers de civils reste également alarmante et l'Unicef a annoncé la mort de trente enfants victimes de la rougeole dans un des nombreux camps de déplacés.

Un porte-parole des rebelles, Lul Ruai Koang, a dénoncé des "violations évidentes" du cessez-le-feu, accusant les forces gouvernementales d'avoir attaqué les positions rebelles dans l'Etat pétrolier d'Unité (nord), ainsi que dans l'Etat de Jonglei (est).

"Face à toutes ces offensives de l'armée gouvernementale, nos forces n'ont réagi que pour se défendre", a-t-il affirmé dans un communiqué.

De son côté, l'armée a rejeté ces accusations et rétorqué dimanche comme la veille que c'était les rebelles qui avaient rompu la trêve.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de l'armée, Philip Aguer, a indiqué ne pas avoir été informé de nouveaux affrontements.

Les deux parties s'accusent également mutuellement de ne pas contrôler leurs troupes sur le terrain.

Les belligérants ont néanmoins réaffirmé leur volonté de respecter au mieux la cessation des hostilités et dans ce vaste pays aux régions pour la plupart inaccessibles et reculées, les affrontements jusqu'à présent signalés semblent être plutôt des incidents isolés que des attaques de grande envergure.

Les informations sont également difficiles à collecter, alors que le réseau de téléphonique mobile ne couvre qu'une partie du pays.

Le ministre norvégien des Affaires étrangères Borge Brende, en visite à Khartoum, a jugé dimanche que "le cessez-le-feu était très fragile". La Norvège était, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, parrain de l'accord de paix de 2005 ayant mis fin à la guerre civile au Soudan et ayant conduit à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.

Signé jeudi à Addis Abeba, le cessez-le-feu était censé entré en vigueur vendredi à 17H30 GMT. L'ONU avait fait état de "combats sporadiques" le soir-même.

Le Soudan du Sud est ravagé depuis le 15 décembre par des combats opposant les forces loyales au président Salva Kiir à des troupes fidèles à l'ex-vice-président Riek Machar, limogé en juillet. Le conflit a fait des milliers de morts - peut-être 10.000 selon des observateurs - et environ 700.000 déplacés.

Quelque 76.000 civils sont désormais réfugiés sur des bases de l'ONU dans le pays en raison du conflit.

Les combats de ces dernières semaines ont donné lieu à des atrocités perpétrées par les deux camps, et le conflit a pris un caractère ethnique, MM. Kiir et Machar instrumentalisant les rivalités entre les populations dinka et nuer dont ils sont respectivement issus.

Le porte-parole des rebelles, M. Koang, a estimé à ce propos que les ordres donnés par le président Kiir à ses troupes de ne pas tuer de civils démontraient qu'il "ne contrôle pas totalement ses forces", selon le communiqué.

De son côté, le porte-parole du président Kiir, Ateny Wek Ateny, a assuré dimanche que Juba voulait "vraiment maintenir le cessez-le-feu". "Tout ce que nous espérons c'est que les deux camps vont respecter l'accord de paix", a-t-il dit.

Sur le plan humanitaire, la situation reste préoccupante. Cinquante-cinq agences humanitaires internationales et sud-soudanaises se sont dites dans un communiqué "profondément alarmées par l'ampleur des souffrances humaines" et ont appelé les deux camps à épargner les civils.

De son côté, l'Unicef a rapporté dimanche qu'une épidémie de rougeole avait tué 30 enfants au moins dans le camp de déplacés installés sur la base de l'ONU dans la capitale du Jonglei, Bor, une ville qui a changé quatre fois de mains depuis le début des combats.

"Des enfants n'ont survécu à un conflit violent que pour risquer de mourir dans des conditions révoltantes", ajoute l'agence des Nations unies pour l'enfance à la veille de l'arrivée de la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, pour une visite de trois jours au Soudan du Sud.

str-pjm/de

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.