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70 ans plus tard, reconstitution minutieuse du débarquement des Alliés à Anzio

70 ans plus tard, reconstitution minutieuse du débarquement des Alliés à Anzio

Soldats rampant sur la plage, nuée d'avions militaires, procession de jeeps avec la mer en toile de fond, ce week-end la station balnéaire d'Anzio, au sud de Rome, commémore un des plus importants débarquements alliés de la Deuxième Guerre Mondiale en 1944.

Les troupes américaines, britanniques et canadiennes ont perdu des milliers d'hommes à Anzio et ses environs, dans ce que l'Histoire a retenu comme une bataille clé. Après des mois d'une guerre de tranchées meurtrière, les forces alliées réussissaient à s'ouvrir un chemin vers Rome, libérant la capitale de l'occupation nazie.

Les opérations de débarquements se déroulèrent aux premières heures du 22 janvier 1944. Alfredo Rinaldi, natif d'Anzio, vivait à Rome depuis que les Allemands avaient fait évacuer sa ville. Malgré ses 86 ans, il se rappelle de tout à la perfection. "C'est à la radio que j'ai appris que les Américains avaient débarqué. Je n'ai pas hésité, j'ai rejoint Anzio à pied (en parcourant 60 km, NDLR). En chemin, je suis tombé sur un GI noir. C'était la première fois que je voyais un homme de couleur."

A seulement 16 ans, Rinaldi fut recruté comme interprète par les troupes américaines: "je n'avais pas peur. Je mets cela sur le compte de l'insouciance de la jeunesse. J'aidais même à recharger les canons. J'étais fasciné par cet univers. La guerre fut pour moi, paradoxalement, une période merveilleuse".

Malgré l'effet de surprise de cet assaut amphibie de grande envergure, l'Opération Shingle n'eut pas le résultat escompté. Les Alliés hésitant à déborder les lignes allemandes, ces dernières purent recevoir le soutien de renforts et se réorganiser.

La bataille d'Anzio allait s'éterniser jusqu'en juin 1944, faisant 7.000 morts du côté des Alliés et 5.000 chez les puissances de l'Axe.

Parmi les hommes tombés au front, figurait le lieutenant britannique Eric Fletcher Waters, père du chanteur du groupe Pink Floyd, Roger Waters.

Le musicien est d'ailleurs attendu le mois prochain à Anzio pour une cérémonie à la suite des recherches qui ont permis de révéler les circonstances de la mort de son père lors d'une contre-offensive nazie.

"C'était le chaos", confie à l'AFP l'ancien combattant britannique Stan Turton, 90 ans, venu spécialement de Sheffield pour revoir les lieux de la longue Bataille d'Anzio.

Turton est un rescapé du naufrage du HMS Spartan, un navire de guerre britannique coulé par les bombes allemandes, faisant 51 morts.

"Je pensais que je ne m'en sortirais pas" se souvient Turton. Après deux heures dans les eaux glacées, il fut secouru par un bateau américain.

Lieu de villégiature des empereurs romains, en particulier de Néron, Anzio, presque entièrement détruite durant la guerre, est désormais une station balnéaire très animée en été.

Devant les immeubles du front de mer, s'alignent des files de parasols sur les deux longues plages que les troupes alliées connaissaient sous les noms "X-Ray" et "Peter".

Drainés par la mer, des armes et autres vestiges des combats, souvent recouverts de mollusques, ressurgissent du passé. Ces témoignages sont exposés dans un petit musée, où ils côtoient des photos en noir et blanc montrant Anzio en 1944, entre immeubles en ruine et tas de gravats.

"Avant Anzio voulait plutôt oublier son passé que s'en souvenir. Aujourd'hui les choses ont changé, ce qui permet de faire comprendre aux nouvelles générations ce qui s'est passé", se félicite Patrizio Colantuono, directeur du musée et organisateur de la commémoration annuelle.

D'anciens combattants ont fait don d'uniformes et de souvenirs de cette période tragique.

Dans un coin, cachées derrière une moto, des pierres tombales allemandes gravées de la croix gammée.

"On vivait dans des abris accolés à la ligne de front", explique Alex Munro, 91 ans, ancien officier d'artillerie britannique.

"Dans les murs, on avait creusé de petits trous dans lesquels on casait notre gamelle, nos affaires personnelles. On pouvait entendre les Allemands dans leurs tranchées", raconte-t-il.

Les troupes alliées avaient été contraintes de se terrer dans des tranchées, l'artillerie allemande ayant toute la zone d'Anzio à sa portée.

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