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Centrafrique: la nouvelle présidente déjà en prise aux violences

Centrafrique: la nouvelle présidente déjà en prise aux violences

Encore en consultations samedi pour nommer son gouvernement, la nouvelle présidente centrafricaine fait face à un regain des pillages et des violences entre chrétiens et musulmans à Bangui qui menacent d'entrée de jeu son pouvoir.

L'assassinat vendredi par des miliciens chrétiens anti-balaka d'un ancien ministre musulman, Joseph Kalité, proche de l'ex-président Michel Djotodia, a provoqué une nouvelle flambée de violences qui s'est poursuivie jusque dans la nuit, selon des habitants interrogés par l'AFP.

L'urgence a contraint la présidente Catherine Samba Panza à consacrer une partie de sa journée au dossier sécuritaire alors qu'elle a repris samedi ses consultations pour le choix de son Premier ministre et la composition du gouvernement, a-t-on appris auprès de ses services.

Dans le quartier Miskine, au centre-ville, la tension était palpable samedi à la mi-journée, avec très peu d'animation, après des échanges de tirs dans la soirée entre la force africaine (Misca) et des combattants ex-Séléka, a constaté un journaliste de l'AFP.

Non loin de là, près de l'Assemblée nationale, le contingent équato-guinéen de la Misca a également essuyé des tirs. Après ces tirs, les soldats équato-guinéens ont arrêté "une dizaine d'ex-Séléka" et saisi des armes, a déclaré à l'AFP le sergent Mariano.

Comme les jours précédents, tensions, pillages ou affrontements se concentrent désormais dans trois zones de la capitale, dans des quartiers mixtes ou majoritairement musulman, ou encore près des camps où sont cantonnés les combattants ex-Séléka de M. Djotodia, contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à mettre fin aux tueries interreligieuses.

Le premier point de fixation des tensions est la sortie nord de Bangui, au PK-12 et PK-13, déserté par des milliers de civils musulmans qui ont fui au Tchad et cibles de pillards, civils chrétiens et miliciens anti-balaka "incontrôlés", selon des responsables de ce mouvement formé de différents groupes.

Le deuxième point est le PK-5, au centre-ville, le poumon commercial de la capitale, avec ces centaines de magasins - alimentation, téléphonique, pièces détachées automobile,... - appartenant pour l'essentiel à des musulmans.

Ces commerces attirent la convoitise des pillards et anti-balaka massés aux environs et qui lancent des raids, entraînant la riposte de jeunes musulmans, aidés d'ex-Séléka, avec des violences débordant dans les quartiers voisins, particulièrement à Miskine.

Vendredi, l'imam de la mosquée du PK-5, Walidou Modibo a déclaré à la presse que les imams "laissent les fidèles décider des réactions qu'ils jugent les plus appropriées face à toute nouvelle provocation", face à "l'expansion illimitée de violences gratuites à l'égard de sujets musulmans et la passivité complice des forces chargées du maintien de l'ordre", mettant ainsi directement en cause les forces française et africaine.

Répondant à ces mises en cause, le lieutenant-colonel Thomas mollard, porte-parole des forces françaises a assuré à l'AFP que "le but de Sangaris reste d'améliorer la sécurité partout et d'intervenir rapidement et opportunément".

Le troisième point de tension se trouve dans le sud de la ville, au bord du fleuve Oubangui, près du camp Kasaï où sont cantonnés avec leur armement de nombreux ex-Séléka depuis le déclenchement, le 5 décembre, de l'opération française Sangaris.

Miliciens anti-balaka et civils bloquent régulièrement les accès au camp pour empêcher le ravitaillement des combattants, provoquant des incidents. Samedi, des soldats français étaient visibles aux abords du camp, où ils sont rentrés dans la matinée pour "enregistrer les combattants", prélude à un prochain départ vers un autre site, ont expliqué des habitants.

Dans le reste de la capitale, selon des habitants et des responsables centrafricains interrogés par l'AFP, la situation sécuritaire s'est nettement améliorée depuis le début de l'intervention française et le renforcement de la Misca qui compte désormais environ 5.200 hommes, avec l'arrivée samedi des derniers hommes du bataillon rwandais. Dans de nombreux secteurs, l'activité commerciale a ainsi repris son rythme de croisière.

Mais les administrations ne fonctionnent toujours pas et les écoles n'ont pas rouvert. Dans certains établissements, la rentrée scolaire, prévue en octobre, n'a jamais eu lieu.

Et en province, de vastes zones sont toujours sous la coupe de chefs de guerre qui tiennent à leur merci une population confrontée à une crise humanitaire sans précédent, dans un pays parmi les plus pauvres du continent malgré son potentiel agricole et minier.

bur-mc/hba

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