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Traîner le poids d'un nom

Traîner le poids d'un nom

Année après année, l'histoire se répète. Les noms les plus connus du repêchage sont évidemment ceux des meilleurs espoirs, cette dizaine de patineurs réclamés parmi les premiers. Puis, viennent les noms familiers.

Un texte de Guillaume Lefrançois

En 2012, ils s'appelaient Griffin Reinhart, Henrik Samuelsson, Stefan Matteau et Tim Bozon. L'an passé, on a accroché sur les Max Domi, Kerby Rychel, Cole Cassels, Brendan Burke et Anthony Brodeur.

Cette année, les fils d'anciens joueurs parmi les espoirs se nomment Ryan MacInnis, Sam Reinhart, Brendan Lemieux, Ryan Donato, Josh Wesley et Daniel Audette. Et les deux patineurs européens les mieux classés à la mi-saison par la Centrale de recrutement de la LNH sont Kasperi Kapanen et William Nylander, respectivement les fils de Sami Kapanen et Michael Nylander.

« J'ai pu amener mes petits bonshommes un peu partout, rappelle Martin Brodeur, père d'Anthony, repêché au 208e rang par les Devils du New Jersey en 2013. C'est un rêve de faire ce que ton père fait, même si je n'ai pas rêvé longtemps d'être photographe! Je sais que ça ne sera pas facile pour eux d'avoir une grosse carrière, mais qu'ils essaient, c'est le fun. »

Gérer les attentes

Brodeur n'est pas la première vedette à voir son fils tenter sa chance. Et dans ces cas particuliers de fils de légende, la route vers la Ligue nationale semble plus ardue.

« Je me souviens du fils de Henri Richard, tout le monde déjà le comparait à son père. C'est très dur pour un jeune, estime le recruteur d'une équipe de la LNH, sous le couvert de l'anonymat. Regarde Stefan Matteau, les deux fils à Patrick Roy. Si ton père est impliqué, ça peut t'ouvrir quelques portes. Mais les gens comparent toujours avec le père. C'est instinctif. On le fait avec Audette. On s'assoit dans les estrades, on le regarde aller et on dit : "Il est pareil comme le père."

« Souvent, on oublie que oui, son père le faisait, mais il le faisait 2-3-4 ans plus vieux, ajoute-t-il. On oublie que le jeune va s'améliorer. Oui, il peut devenir comme son père, mais c'est dur de le dire à 18 ans. On ne compare pas au même âge. »

Claude Lemieux, dont le fils Brendan sera admissible au repêchage en juin, en sait également quelque chose.

« J'ai joué avec le garçon de Serge Savard (Serge fils), j'ai vu l'injustice des commentateurs, des amateurs, des autres joueurs, se souvient-il de son époque avec le Canadien junior de Verdun, au milieu des années 1980. Serge fils était un super bon joueur, mais dans l'environnement de Montréal, plusieurs voulaient le voir se casser la gueule. »

Depuis plusieurs années, Claude Lemieux tente justement de créer un environnement favorable pour Brendan. Car ce que Savard a vécu il y a 30 ans, il l'a aussi vécu, en tant que père.

« On allait dans les tournois et les autres équipes disaient : "Il est où, Lemieux?" Des gars couraient après lui juste pour dire qu'ils ont frappé le fils de Claude Lemieux. Mais le bon côté, c'est qu'entre anciens joueurs, si je vois le fils de Keith Tkachuk, je vais lui faire attention. On sait qu'ils comprennent c'est quoi être un athlète, les sacrifices. Il y a deux côtés à la médaille. »

La familiarité, le réseau de contacts

Comme « Pépé » Lemieux le dit, il y a aussi des avantages à faire partie d'une lignée de hockeyeurs.

« Souvent, c'est plus facile de t'adapter aux règlements non écrits, rappelle Daniel Brière, dont le fils de 15 ans évolue parmi l'élite de son âge dans la région de Philadelphie. De mon côté, j'avais un gros blocage, j'étais très impressionné à mes débuts à Phoenix quand je voyais des gars comme Keith Tkachuk, Jeremy Roenick et Rick Tocchet. Ça peut être un avantage d'être élevé dans cet environnement. »

« Je ne sais pas si c'est un avantage, mais ça aide évidemment de rencontrer des gens de partout dans la ligue, ajoute l'attaquant des Maple Leafs Carter Ashton, fils de l'ancien Nordique Brent Ashton. Mon père a joué pour neuf équipes dans la LNH, donc il a connu beaucoup de monde! Plusieurs viennent me voir pour me dire qu'ils connaissent mon père. »

À cet effet, le réseau de contacts du paternel ne peut pas nuire. En flânant autour du vestiaire de l'équipe, le futur joueur en vient à connaître un entraîneur, un joueur qui deviendra ensuite un décideur du monde du hockey.

C'est sans oublier l'aspect financier. Un joueur doté de talent peut évidemment profiter d'un encadrement de qualité, qui serait inaccessible à d'autres familles. Mais au bout du compte, c'est à croire que les inconvénients neutralisent les avantages...

« Les fils qui réussissent ont beaucoup de mérite, croit notre recruteur. Zach Parisé, les Sutter, il y en a qui ont réussi. Mais ce sont ceux qui ont le plus de caractère qui vont passer. »

« Les joueurs sont d'abord et avant tout des pères, ajoute Marr. Ils vont orienter leur enfant vers ce qu'il aime, pas nécessairement vers le hockey. »

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