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Egypte: 3e anniversaire de la révolte, au lendemain d'une série d'attentats au Caire

Egypte: 3e anniversaire de la révolte, au lendemain d'une série d'attentats au Caire

L'Egypte marque samedi par des rassemblements rivaux le troisième anniversaire de la révolte populaire qui chassa du pouvoir Hosni Moubarak, au lendemain d'une journée marquée par quatre attentats meurtriers au Caire.

Des appels à manifester ont été lancés à travers le pays, à la fois par le pouvoir dirigé de facto par l'armée, et par les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, laissant redouter des violences.

Dans la capitale, policiers et soldats bloquaient les principales places, dont l'emblématique place Tahrir, épicentre de la révolte lancée le 25 janvier 2011 dans le tumulte du Printemps arabe.

Au terme de 18 jours de manifestations émaillées de violences ayant coûté la vie à quelque 850 personnes, le plus peuplé des pays arabes mettait fin le 11 février 2011 à trente ans de pouvoir absolu de Hosni Moubarak, aujourd'hui jugé pour la mort de ces mêmes manifestants.

Aussitôt après le départ du raïs vieillissant et à la santé chancelante, l'armée prenait les rênes du pouvoir, avant de les remettre --16 mois plus tard-- à l'islamiste Mohamed Morsi, seul président jamais élu démocratiquement du pays. Mais en juin dernier, un an jour pour jour après sa prestation de serment, des millions d'Egyptiens descendaient dans les rues pour exiger son départ.

Trois jours plus tard, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée, ministre de la Défense et désormais aussi vice-Premier ministre d'autorités intérimaires qu'il a lui-même installées, annonçait la destitution du chef d'Etat islamiste, détenu depuis sept mois et poursuivi dans quatre affaires pour le moment.

Depuis, ses partisans --et en première ligne sa confrérie des Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections organisées après la révolte de 2011-- sont réprimés dans un bain de sang par soldats et policiers.

Au moins 1.000 personnes ont ainsi péri et des milliers d'islamistes ont été arrêtés tandis que les Frères musulmans ont été déclarés "terroristes" fin décembre, au lendemain d'un attentat meurtrier contre la police qu'ils ont pourtant condamné et qui a été revendiqué par un groupe jihadiste sans lien connu avec eux.

Depuis la destitution de M. Morsi, les attentats visant les forces de l'ordre se sont multipliés, la plupart revendiqués par des mouvements jihadistes affirmant agir en représailles au "massacre" des pro-Morsi.

Vendredi, la police a de nouveau été visée: quatre attaques, dont une à la voiture piégée, ont visé son siège et ses hommes dans la capitale, faisant six morts.

Après chacune des explosions, des habitants se sont réunis pour conspuer les Frères musulmans et louer les nouvelles autorités en brandissant des portraits du général Sissi.

Le retour de l'armée aux commandes a signé pour les militants historiques de la révolte du 25-Janvier le retour de l'autoritarisme de l'ancien régime. Amnesty International a dénoncé des "atteintes sans précédent" aux droits de l'Homme par les autorités et une "trahison de toutes les aspirations" de la révolte de 2011, notamment après l'arrestation récente de manifestants libéraux et laïcs, dont des figures de proue de la "révolution".

Mais pour une importante partie de la population du pays désormais déserté par les touristes et dont l'économie est à genoux, les autorités intérimaires et la "transition démocratique" qu'elle promettent sont un gage de stabilité après trois années de "chaos".

Le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs appelé les Egyptiens à descendre massivement dans la rue pour soutenir le gouvernement et prévenu que les forces de l'ordre riposteraient avec "fermeté" à toute tentative "des Frères musulmans de saboter les cérémonies".

Des responsables du gouvernement, et même de l'armée, annoncent à demi-mot depuis plusieurs jours que ces manifestations pro-régime serviront aussi à légitimer encore un peu plus la très probable candidature du général Sissi à l'élection présidentielle promise pour 2014.

De leur côté, les islamistes pro-Morsi appellent à manifester durant 18 jours, soit la durée de la révolte de 2011, alors que leur traditionnelle journée de mobilisation vendredi s'est soldée par quatorze morts lors de heurts avec des anti-Morsi et les forces de l'ordre.

bur-sbh/cnp/ob

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