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Ukraine: l'opposition déçue des négociations

Ukraine: l'opposition déçue des négociations

L'opposition a reconnu sa déception jeudi après des négociations avec le pouvoir, qu'elle espérait décisives mais qui n'ont donné lieu qu'à de maigres concessions, et a enjoint les manifestants à tout faire pour éviter une nouvelle flambée de violences.

"Notre mouvement sera uniquement pacifique. Nous maintenons la garde, aucun pas en arrière", a lancé Arseni Iatseniouk, leader du parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko devant quelques dizaines de milliers de personnes rassemblées place de l'Indépendance.

Aucun heurt n'a été constaté après l'annonce de cet échec. Les manifestants, à l'invitation des chefs de file du mouvement, se sont activés pour repousser les limites du camp retranché constitué autour de la place depuis deux mois, établissant en moins d'une heure une nouvelle barricade sur la rue Institutska.

Au lendemain d'affrontements avec la police qui ont fait cinq morts dans les rangs des manifestants, le président Viktor Ianoukovitch a reçu pendant environ quatre heures les principaux opposants.

La pression était forte pour le chef de l'Etat, autant de la part des pays européens et des Etats-Unis, qui ont multiplié les appels au dialogue, que de la contestation qui s'est intensifiée dans l'ouest du pays pendant qu'un certain calme revenait à Kiev.

Mais alors que M. Iatseniouk avait déclaré voir de "fortes chances" de "mettre fin au bain de sang en sortant de la présidence, il a dû ensuite reconnaître, aux côtés des autres leaders de l'opposition, que les résultats avaient été maigres.

"Je sais à quel point la situation est tendue, je sais à quel point les attentes sont grandes, je sais que beaucoup vont être déçus", a déclaré l'ancien boxeur Vitali Klitschko.

"La seule chose que nous avons obtenu de notre rencontre avec Ianoukovitch, c'est une promesse de libérer tous les militants", a-t-il expliqué, rapportant que le président avait rejeté toute démission de sa part ou du gouvernement.

Le nationaliste Oleg Tiagnybok a ajouté que le président avait proposé à l'opposition de libérer la rue Grouchevski, théâtre des violentes scènes de guérilla urbaine depuis dimanche en échange de la tranquillité sur la place de l'Indépendance, occupée depuis deux mois quelques centaines de mètres plus loin.

Les dirigeants de l'opposition sont restés vagues sur leurs intentions de tenir de nouvelles négociations.

Viktor Ianoukovitch avait pourtant semblé prêt au compromis plus tôt dans la journée en demandant au président du Parlement Volodymyr Rybak de convoquer les députés pour une session extraordinaire, prévue mardi. M. Rybak a indiqué que la démission du gouvernement pourrait être discutée, de même que les très strictes lois anti-protestation adoptées la semaine dernière et qui ont provoqué une radicalisation du mouvement.

"Nous n'allons pas nous rendre", a insisté jeudi soir M. Klitschko, affirmant qu'il était "possible de changer le pouvoir sans effusion de sang" mais disant craindre la perte de nouvelles vies humaines.

L'ex-boxeur était parvenu à imposer à la mi-journée une trêve rue Grouchevski le temps des négociations, mettant fin aux scènes de guérilla urbaine inédite pour l'ex-république soviétique qui agitent Kiev depuis dimanche.

Avant son intervention, la situation restait tendue, avec des échanges de cocktails Molotov et pavés lancés par les manifestants et de grenades assourdissantes tirées par la police, les deux camps étant séparés d'une barricades de pneus enflammés.

Hors de la capitale, la mobilisation est montée d'un cran et des milliers de manifestants ont lancé l'occupation des administrations des gouverneurs de plusieurs régions de l'ouest du pays, très ukrainophones et acquises au mouvement de contestation.

A Lviv, proche de la frontière polonaise, plusieurs centaines de protestataires se préparaient à passer la nuit dans les bureaux du gouverneur, nommé par le président, pour en empêcher le fonctionnement, tandis que des occupations au moins temporaires ont été constatées à Ternopil, Rivne, Khmelnitsky, ou encore Tcherkassy.

Sur le front diplomatique, les appels au dialogue se sont multipliés.

L'Union européenne a annoncé une visite de la diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, la semaine prochaine afin de faciliter les pourparlers.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, a obtenu l'assurance que le pouvoir n'allait pas décréter l'état d'urgence, selon la Commission.

Du côté des Etats-Unis, le vice-président Joe Biden a pressé M. Ianoukovitch de trouver une "solution pacifique" à la crise et l'a prévenu que la poursuite des violences aurait des "conséquences" sur les relations entre les deux pays, lors d'une conversation téléphonique.

La Russie, qui a accordé à l'Ukraine un plan de sauvetage financier de 15 milliards de dollars, a promis de son côté de ne pas intervenir "dans les affaires intérieures de l'Ukraine".

L'opposition réclame la convocation d'élections anticipées pour mettre fin à la contestation, née il y a deux mois du refus de M. Ianoukovitch de signer un accord d'association avec l'UE, et de sa décision de se tourner vers Moscou.

Le mouvement a repris de l'ampleur après l'adoption la semaine dernière de lois renforçant les sanctions applicables aux manifestants, et a tourné à la guérilla urbaine depuis dimanche.

Les autorités ont fait état de plus de 100 arrestations.

bur-gmo/ob

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