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Casio, plus d'un milliard de calculatrices au compteur en 60 ans

Casio, plus d'un milliard de calculatrices au compteur en 60 ans

Une bague surmontée d'un fume-cigarette: telle fut la première invention des quatre frères Kashio, raconte l'un d'eux, un succès commercial dont les bénéfices firent de leur firme Casio un géant mondial de la calculatrice: plus d'un milliard vendues, tous comptes faits.

"Au début des années 50, il n'y avait que des calculateurs à engrenages assistés par des moteurs électriques, essentiellement produits aux Etats-Unis", explique à l'AFP Yukio Kashio, aujourd'hui numéro 2 de la maison Casio dirigée par son aîné Kazuo.

"C'est un de mes autres frères, Toshio, qui a conçu le premier calculateur à relais, un bureau énorme en fait qui contenait 341 relais électriques", détaille cet homme jovial de 83 ans.

"C'était une nouvelle façon de penser: au lieu d'engrenages de 0 à 9, il s'est inspiré du soroban (boulier japonais) pour compter jusqu'à 10 avec seulement 6 relais".

"A partir de 1957, nous avons vendu ce modèle à des entreprises, notamment du secteur de la finance, avec un très grand succès, au point que la production ne suivait pas", assure M. Kashio.

"Ce fut le vrai point de départ de Casio Computer... mais regardez encore un peu. C'est un peu bruyant et lent, mais moins que les modèles à engrenages. Il y avait même une fonction mémoire, unique à l'époque", se délecte le capitaine d'industrie, en manipulant avec dextérité cet étrange et lourd meuble métallique vert, pieusement conservé dans la maison tokyoïte de Toshio, décédé en 2012, 19 ans après l'aîné Tadao.

"Dès le départ, Casio a voulu se distinguer par des technologies singulières", souligne M. Kashio.

La course ne faisait que commencer: huit ans plus tard, une autre entreprise nippone, Sharp, bouleversait le secteur avec le premier appareil de calcul à transistors.

"Petit à petit, l'électronique s'immisçait dans les calculateurs, ils devenaient moins gros, mais il fallait alors encore 4.000 composants! Honnêtement, nous ne pensions pas qu'un concurrent nous devancerait aussi vite", reconnaît l'industriel.

Aiguillonné par Sharp, ce fut alors une fuite en avant vers le toujours plus petit, le toujours plus performant.

Casio sort une nouvelle carte en 1965: son premier modèle à transistors comporte une mémoire, juste avant la fonction inédite de "programme", la même année.

L'inventeur-né des quatre frères, Toshio, continue à phosphorer pour miniaturiser et au bout du compte passer du calculateur à la calculatrice.

Et ainsi naît en 1972 un objet révolutionnaire, un collector aujourd'hui: le premier calculateur de poche, Casio Mini, "avec une puce qui concentre toutes les fonctions", un produit-culte pour les Japonais, aujourd'hui inscrit au "patrimoine national des technologies".

Sharp crée dans la foulée la première calculatrice à écran à cristaux liquides (LCD), qui remplace les énergivores afficheurs lumineux. Casio réplique plus tard avec une "carte calculatrice", pas plus épaisse qu'une feuille de papier: "on n'en produit plus, mais je l'utilise encore", assure Yukio en l'extirpant de son portefeuille. "Le chanteur français Yves Montand trouvait ça génial".

Nouvelle étape en 1985 avec la première calculatrice scientifique capable de tracer des courbes de fonctions, fx-7000G, un modèle dont se souviennent les lycéens de l'époque.

Trois décennies après, le secteur reste dominé par les américains Texas Instruments et Hewlett Packard et le japonais Casio.

Et, contre toute attente, malgré l'apparition des smartphones aux fonctions multiples, le marché des calculatrices se porte plutôt bien, même pour les modèles de base, avec quelque 50 millions d'exemplaires vendus au total chaque année dans le monde.

Il n'est que de voir la longueur des rayons dédiés dans les grandes surfaces nippones d'électronique pour s'en rendre compte.

"Beaucoup de personnes restent attachées aux calculatrices et tapent à une vitesse exceptionnelle sans regarder", précise le dirigeant de Casio, une des firmes à l'origine de l'envolée technique, industrielle et économique du Japon d'après-guerre, aux côtés de Sony, Matsushita (Panasonic), Sharp, Hitachi ou Toshiba.

Et malgré tous les produits créés par Casio en plus de 60 ans (montres, dictionnaires électroniques, téléphones mobiles, appareils photo numériques, écrans LCD, etc.), le vieux monsieur croît encore à l'évolution des calculettes pour lesquelles il garde visiblement une affection particulière. Casio en a déjà vendu plus d'un milliard.

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