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Thaïlande: les manifestants continuent le combat malgré l'état d'urgence

Thaïlande: les manifestants continuent le combat malgré l'état d'urgence

Les manifestants réclamant la tête de la Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra ont promis mercredi de continuer leur combat, ne faisant aucun cas de l'état d'urgence imposé dans une capitale sous tension à l'approche des élections du 2 février.

"Nous ne portons aucune attention à l'état d'urgence et nous continuons nos manifestations comme d'habitude", a déclaré à l'AFP le porte-parole du mouvement Akanat Promphan. "Cela montre que le gouvernement est désespéré parce que l'élan est de notre côté".

Les manifestants, alliance hétéroclite des élites de Bangkok, d'ultra-royalistes et d'habitants du Sud, réclament depuis près de trois mois le départ de Yingluck et la fin de ce qu'ils appellent le "système Thaksin", du nom de son frère Thaksin Shinawatra qu'ils associent à une corruption généralisée et qu'ils accusent de gouverner à travers elle depuis son exil.

L'ancien chef du gouvernement, qui reste le personnage central de la politique du royaume, a été renversé en 2006 par un coup d'Etat, engluant la Thaïlande dans des crises politiques à répétition mettant en lumière la division du pays entre ceux qui l'adorent et ceux qui le haïssent et le voient comme une menace pour la révérée monarchie.

Pour tenter d'intensifier leur pression, les manifestants ont lancé la semaine dernière une opération de "paralysie" de Bangkok qui s'est depuis essoufflée, même si plusieurs carrefours de la capitale sont toujours occupés.

Selon la police, ils étaient au total 5.000 mercredi en milieu de journée sur différents sites, mais la participation augmente généralement le soir.

Alors que la crise a déjà fait neuf morts depuis fin octobre, l'état d'urgence imposé pour 60 jours à partir de ce mercredi donne en principe aux autorités la possibilité d'interdire les rassemblements, de détenir un suspect sans accusation pendant 30 jours ou de censurer les médias.

Mais le gouvernement n'a pas précisé quelles mesures il pourrait utiliser, tout en soulignant la police jouerait les premiers rôles, et non les militaires, contrairement à la dernière crise, en 2010.

Jusqu'à 100.000 "chemises rouges" pro-Thaksin avaient alors occupé le centre de Bangkok pour réclamer le départ du gouvernement de l'époque, avant un assaut de l'armée, autorisée à tirer à balles réelles. Plus de 90 personnes avaient été tuées et 1.900 blessées.

Pour tenter de sortir de la crise actuelle, Yingluck a convoqué des législatives anticipées pour le 2 février, mais les manifestants rejettent le scrutin dont le parti au pouvoir est favori, et le principal parti d'opposition le boycotte.

La commission électorale a elle déposé mercredi une requête auprès de la Cour constitutionnelle pour reporter le scrutin en raison des troubles politiques, après le refus du gouvernement de le faire, a indiqué son secrétaire général Puchong Nutrawong à l'AFP.

La crise actuelle a été marquée par plusieurs attaques contre les manifestants par des assaillants inconnus, poussant les deux camps à s'en rejeter la responsabilité.

Vendredi et dimanche, des grenades et des tirs avaient visé une foule de protestataires, faisant un mort et des dizaines de blessés et faisant craindre une escalade de la violence à l'approche des élections.

Mercredi, un leader des "chemises rouges", Kwanchai Praipana, a d'autre part été blessé par balles chez lui dans le nord-est du pays, selon la police, un incident qui risque de provoquer la colère de ses partisans.

Si le gouvernement a décrété l'état d'urgence comme son prédécesseur l'avait fait en 2010, il a toutefois assuré qu'il ne tenterait pas de chasser les manifestants par la force.

Cette décision semble surtout être destinée à "dissiper l'impression que le gouvernement se cache dans un bunker quelque part", a commenté Anthony Davis, analyste chez IHS-Jane's.

"Cela montre qu'ils sont concentrés et ont l'intention de prendre la situation en main à l'approche des élections", a-t-il ajouté.

"Il ne va pas y avoir de répression à ce stade", a encore prédit l'analyste. "La police n'a franchement pas ce qu'il faut sans le soutien de l'armée. Et elle n'a pas le soutien de l'armée".

Les militaires, soutien traditionnel des élites anti-Thaksin, ont assuré vouloir rester neutre, mais le puissant chef de l'armée de terre a refusé toutefois d'exclure un nouveau putsch.

bur-dr/abd/abk

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