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L'Europe s'engage militairement et financièrement pour la Centrafrique

L'Europe s'engage militairement et financièrement pour la Centrafrique

Pressés par la France depuis plus d'un mois, les pays européens se sont portés lundi au secours de la Centrafrique, en décidant de lancer une opération militaire, qu'il reste à mettre en oeuvre, et en augmentant l'aide humanitaire.

Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont pris acte de la gravité de la situation dans l'ex-colonie française. Ils se sont déclarés "vivement préoccupés par l'insécurité et l'instabilité extrême" observées dans ce pays et par le "risque de voir le conflit centrafricain affecter les pays voisins".

C'est pour cela qu'ils ont donné leur "accord politique" à une "contribution active de l'UE" en soutien aux plus de 4.000 soldats africains, et aux 1.600 Français déjà déployés à Bangui et ses environs dans la cadre de l'opération Sangaris lancée début décembre.

Un tel engagement de l'UE est rare, la plupart des pays européens étant traditionnellement réticents à déployer des troupes sur un théâtre lointain. La dernière opération similaire remonte à 2008 avec l'opération lancée pour sécuriser l'est du Tchad.

"Nous avons clairement besoin de faire quelque chose", car "en Afrique, lorsqu'un Etat se décompose, les conséquences humanitaires sont terribles", a souligné le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt. Il a indiqué que son pays allait étudier une possible contribution à la mission européenne, appelée pour le moment Eufor RCA-Bangui.

Même si l'Estonie est jusqu'à présent le seul pays à s'être mis sur les rangs avec l'envoi d'un maximum de 55 soldats, les experts européens estiment qu'il sera possible de rassembler les quelque 500 à 600 hommes nécessaires.

Comme au Mali, la France jouera un rôle de premier plan en étant la "nation-cadre" de la mission, avec des effectifs, une partie de l'état-major et son expertise de la situation.

Plusieurs autres pays devraient suivre, comme la Pologne, la République tchèque, la Belgique et la Grèce, qui préside actuellement l'UE. Dans certains d'entre eux, la décision de participer est soumise à l'approbation du Parlement, ce qui pourrait ralentir la prise de décision.

Pour sa part, l'Allemagne étudie "des possibilités de soutien plus appuyées" mais penche pour l'envoi de soldats au Mali plutôt qu'en Centrafrique.

En charge du dossier, le service diplomatique de l'UE souhaite accélérer le processus d'engagement afin que les premiers soldats puissent se déployer fin février ou début mars pour une durée envisagée "de quatre à six mois".

La première étape indispensable est une résolution de l'ONU donnant une base légale à Eufor RCA-Bangui, qui pourrait être approuvée dès jeudi à New York.

L'autre urgence des Européens est de "mettre fin à la grave crise humanitaire" dans un pays où "plus de la moitié des 4,6 millions des habitants nécessitent une aide immédiate", selon l'ONU.

Cette urgence a été prise en compte lundi puisque les donateurs --ONU, ONG et Etats-- se sont engagés à débloquer 496 millions de dollars (365 millions d'euros) d'aide pour 2014.

"Cette crise a été si longtemps oubliée. Ce n'est plus le cas aujourd'hui", a résumé la commissaire européenne à l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva, à l'issue d'une conférence à Bruxelles.

C'est une "réussite indéniable", s'est félicité le ministre français au Développement, Pascal Canfin, selon lequel la somme réunie va "couvrir 90% des besoins humanitaires pour 2014" et "100% du plan d'urgence des trois premiers mois".

La priorité est d'assister les quelque 900.000 personnes déplacées, soit 20% de la population, sur l'ensemble du territoire, dont 480.000 à Bangui. 60% d'entre elles sont des enfants, selon l'ONU.

"Cette journée restera peut être comme le tournant qui a permis à la Centrafrique de sortir de la crise", a lancé M. Canfin en liant l'aide humanitaire au feu vert donné à l'opération militaire de l'UE.

jri/jlb/fw

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