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Afrique du Sud: Grève jeudi chez les premiers producteurs mondiaux de platine

Afrique du Sud: Grève jeudi chez les premiers producteurs mondiaux de platine

Le syndicat radical Amcu a déposé un préavis de grève pour jeudi chez les trois premiers producteurs mondiaux de platine, ouvrant un nouveau conflit salarial en Afrique du Sud deux ans après le sanglant mouvement social de Marikana qui avait tourné au massacre de 34 mineurs.

"Lonmin a reçu un préavis d'Amcu", a indiqué dans un communiqué publié à Londres le groupe britannique Lonmin, ajoutant que "selon ce préavis, la grève débutera jeudi 23 janvier". Les porte-parole d'Anglo American Platinum (Amplats) et d'Impala Platinum (Implats) joints par l'AFP ont indiqué avoir reçu des préavis similaires.

La grève se profilait depuis la semaine dernière, les mineurs ayant voté en sa faveur pour réclamer l'équivalent d'une fois et demi le salaire actuel de base, soit 12.500 rands (844 euros environ).

Une exigence suicidaire, estime Peter Major, consultant social pour Cadiz Corporate Solutions: "C'est comme kidnapper la fille d'un type et lui demander un million de dollars alors qu'il n'a même pas 10.000 dollars devant lui".

Les trois entreprises extraient du platine près de Rustenburg, à une centaine de kilomètres au nord de Johannesburg, ville elle-même longtemps numéro un de l'or.

Le syndicat Amcu y a fait en 2012-2013 une percée auprès du personnel qu'il s'efforce de confirmer en rejetant les revalorisations de 8 à 8,5% proposées par le patronat.

Ce bassin minier avait été en 2012 le théâtre d'un terrible conflit social qui restera dans les annales de l'Afrique du Sud démocratique avec le massacre le 16 août par la police de 34 mineurs en grève sauvage qui manifestaient devant Lonmin à Marikana.

La grève de jeudi s'annonce différente. Pour commencer elle est légale. Mais les tensions sont exacerbées par l'approche des élections générales du deuxième trimestre.

Cette grève "enracinée dans les rivalités syndicales", explique à l'AFP Ian Cruickshanks de l'Institut sud-africain pour les relations raciales (SAIRR). "Ils essayent d'établir leur pouvoir et leur droit sur les cotisations (...) c'est une bataille féroce", poursuit-il.

Le grand adversaire d'Amcu, le syndicat national des mineurs (NUM) demeure majoritaire dans les autres mines et souhaite garder le pouvoir et l'argent pour aider l'ANC dans sa campagne électorale, et conserver son influence sur le gouvernement.

"Mais la majorité est désespérée. On a à faire à des gens faiblement formés qui se tournent vers ceux qui leur font les plus grandes promesses", ajoute-t-il.

Quant au coût de la vie, "il n'y a qu'à voir les prix administrés, électricité, carburant mais aussi la semoule de maïs --premier repas pour la majorité des Sud-Africains-- il flambe", dit-il.

Dans les mines d'or où Amcu n'a pas réussi à détrôner le NUM et représente moins d'un mineur sur cinq, la Chambre des mines a accusé réception du préavis à Driefontein (groupe Sibanye Gold), Kusaselethu et Masimong (Harmony Gold) et sur les sites d'AngloGold Ashanti.

Sur le marché des métaux précieux, les cours du platine et du palladium s'envolent depuis la semaine dernière. Le platine a atteint un nouveau pic depuis le 7 novembre dernier, à 1.471,50 dollars l'once lundi à 11h00 GMT.

Le marché devrait souffrir en 2014 d'un déficit d'offre, tandis que les grèves pourraient affecter jusqu'à la moitié de la production mondiale de platine.

L'agitation sociale n'est pas une bonne nouvelle pour le rand, la monnaie nationale, qui a perdu 45% de sa valeur face à l'euro et environ 30% face au dollar depuis Marikana, alors que certains analystes redoutent la contagion.

"La grève appelle la grève", observe aussi Andrew Levy, analyste social. "Si faire grève rapporte des résultats, on peut s'attendre à ce que ça s'étende. C'est ce que nous avons observé ces trois dernières années", a-t-il ajouté.

La publication le 25 février du chiffre de la croissance devrait confirmer un ralentissement en 2013 à moins de 2% alors qu'il y a eu de nombreuses grèves l'an dernier.

Or, il en faudrait beaucoup plus pour absorber le flot des demandeurs d'emploi dans un pays dont la majorité des habitants a moins de 25 ans.

Faiblarde, l'économie sud-africaine pourrait en 2014 perdre sa suprématie continentale au profit du Nigeria.

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