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La Serbie impatiente d'ouvrir les négociations historiques d'adhésion à l'UE

La Serbie impatiente d'ouvrir les négociations historiques d'adhésion à l'UE

Après avoir été pendant des années un paria sur la scène politique internationale, la Serbie est impatiente d'entamer le processus historique de négociations d'adhésion à l'Union européenne, avec l'espoir de mettre rapidement à profit cette orientation stratégique afin de redresser son économie en détresse.

Le Premier ministre socialiste, Ivica Dacic, dirigera mardi la délégation serbe à Bruxelles pour le début officiel des négociations.

"Nous sommes parvenus au bout d'un processus très difficile. La Serbie veut que les négociations d'adhésion soient rapides et de bonne qualité", a déclaré M. Dacic.

Selon le négociateur en chef serbe, Tanja Miscevic, ces pourparlers commenceront par le dossier le plus difficile, celui portant sur la justice.

"J'ai le sentiment d'être au volant d'une Ferrari dont le moteur est démarré et sur le point d'accélérer", a-t-elle déclaré en trahissant son impatience.

La Serbie a obtenu le statut officiel de candidat en mars 2012, mais Bruxelles avait annoncé l'ouverture des négociations plus d'un an plus tard, lorsque la Serbie était parvenue, en avril 2013, à un accord jugé "historique" sur la normalisation de ses relations avec le Kosovo.

La Serbie refuse toujours avec fermeté de reconnaître l'indépendance proclamée en 2008 par la majorité albanaise dans son ancienne province méridionale, mais sous la pression de Bruxelles, Belgrade a apaisé les tensions et amélioré les relations avec Pristina, pour se faire ouvrir la porte du bloc des 28.

Les négociations d'adhésion sous-entendent davantage de pourparlers avec les autorités kosovares que M. Dacic a décrit comme un "sujet quotidien (de débat) et un cauchemar" pour Belgrade.

Beaucoup en Serbie, et notamment des eurosceptiques menés par l'ancien Premier ministre nationaliste Vojislav Kostunica, pensent que le Kosovo restera le principal obstacle dans son rapprochement avec l'UE.

Ils redoutent que la Serbie soit obligée de reconnaître l'indépendance du Kosovo avant d'adhérer à l'UE, ce qui est inconcevable pour quasiment toute la classe politique locale.

Mais d'ici là, la Serbie sera confrontée à bien d'autres défis. Elle devra restructurer son économie sinistrée et réformer son secteur public pléthorique qui étouffe les finances gouvernementales.

"On se rendra compte que notre administration n'est pas suffisamment prête et qu'on n'a pas suffisamment de capacités institutionnelles (pour parvenir aux standards européens, ndlr) et qu'il faudra des années et des investissements pour les mettre à niveau", dit à l'AFP Maja Bobic, analyste d'un groupe de réflexion local, le Mouvement européen en Serbie.

La Serbie a échoué jusqu'à maintenant à réduire son secteur public qui emploie plus de 700.000 personnes sur 1,7 million d'employés dans ce pays de 7,1 millions d'habitants et à mettre de l'ordre dans des compagnies publiques qui contractent des dettes.

A la veille du début des négociations, l'agence de notation Fitch a dégradé la note de la Serbie de "BB+" à "BB-" sanctionnant ainsi les hésitations de l'État à engager des réformes structurelles impopulaires.

Avec un déficit budgétaire qui pour la quatrième année consécutive est supérieur à 7% du PIB et une dette dépassant les 60% du PIB, la Serbie espère que les négociations d'adhésion vont redorer son image.

"Les négociations d'adhésion pourraient représenter un message d'encouragement pour les investisseurs étrangers", estime un analyste économique, Milan Culibrk.

Le taux de chômage a atteint 20,1% dans le pays balkanique où le salaire mensuel moyen est d'environ 400 euros.

La Serbie devra aussi aligner son agriculture, sa politique environnementale et les standards énergétiques sur les règlements européens.

"Ces domaines ont besoin d'ajustements sérieux et nécessitent beaucoup d'investissements", affirme Mme Bobic.

Ognjen Trifunovic, un producteur de nourriture bio, espère voir ces mesures mises en oeuvre très vite afin de pouvoir exporter ses produits sur le marché européen.

"Notre production respecte déjà des standards européens", a-t-il assuré à l'AFP.

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