Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les autorités sud-soudanaises disent avoir repris Bor, confiantes dans la signature rapide d'un cessez-le-feu

Les autorités sud-soudanaises disent avoir repris Bor, confiantes dans la signature rapide d'un cessez-le-feu

Les autorités sud-soudanaises, appuyées par l'armée ougandaise, ont repris samedi la ville de Bor, l'un des principaux foyers des combats qui ravagent le pays depuis mi-décembre, se disant confiantes dans la signature d'un cessez-le-feu avec les rebelles menés par l'ex-vice président Riek Machar dans les prochains jours.

"Les forces SPLA (l'armée) sont entrées dans Bor", capitale de l'Etat du Jonglei située à quelque 200 km au nord de la capitale sud-soudanaise Juba, a déclaré le porte-parole de l'armée Philip Aguer. "Les SPLA ont vaincu plus de 15.000 hommes de Riek Machar (...) et contrarié ses projets de marcher sur Juba et d'attaquer Juba".

Ateny Wek Anteny, porte-parole du président sud-soudanais Salva Kiir, a félicité l'armée pour "un travail bien accompli", tout en appelant ses hommes à respecter "l'Etat de droit". Vendredi, l'ONU a de nouveau dénoncé de nombreuses exactions, commises par les deux camps, dans ce conflit qui mine le jeune pays depuis le 15 décembre.

L'armée ougandaise (UPDF), d'abord officiellement intervenue sur le terrain pour évacuer des Ougandais mais qui reconnaît désormais intervenir aux côtés des forces de Juba face aux rebelles, a confirmé l'information, s'attribuant même le crédit de la victoire : "L'UPDF a capturé la ville de Bor au Soudan du Sud", a clamé son porte-parole, Paddy Ankunda, sur Twitter, faisant état d'un "grand soulagement pour les Ougandais pris au piège".

Les rebelles ont aussi confirmé avoir abandonné la ville, parlant cependant d'un "repli tactique" orchestré pour mieux préparer d'autres "missions", et affirmant, par la voix de leur porte-parole Lul Ruai Koang à Addis Abeba, contrôler encore neuf des onze départements du Jonglei.

L'armée sud-soudanaise tentait depuis près de trois semaines de reprendre Bor. La capitale de cet Etat sud-soudanais stratégique et chroniquement instable qu'est le Jonglei change ainsi de mains pour la quatrième fois depuis mi-décembre.

Les combats pour le contrôle de Bor ont poussé des dizaines de milliers d'habitants à fuir, dont beaucoup ont préféré affronter une périlleuse traversée des eaux du Nil plutôt que les échanges de tirs des deux camps.

Selon l'ONU, le conflit qui ravage le Soudan du Sud sur fond de rivalité entre le président Kiir et son ex-vice président Machar, limogé en juillet, a au total fait plus de 450.000 déplacés. Selon les sources, le nombre de morts varie entre 1.000 et 10.000.

Salva Kiir accuse Riek Machar et ses alliés de tentative de coup d'Etat. Ce dernier dément, et reproche au premier de ne chercher qu'à éliminer ses rivaux.

"Les informations qui nous parviennent font état de tueries massives, d'exécutions extra-judiciaires, de destructions à grande échelle, de pillages et de recrutement d'enfants-soldats", a déclaré vendredi le secrétaire général-adjoint de l'ONU aux Droits de l'homme, Ivan Simonovic. "On peut maintenant considérer le conflit comme un conflit armé interne. En droit, cela signifie qu'en plus des violations des droits de l'homme et des crimes potentiels contre l'humanité on peut aussi parler de crimes de guerre".

Depuis le début, la communauté internationale redouble d'efforts pour convaincre les rivaux de signer un cessez-le-feu. Les deux parties ont dans ce but entamé des pourparlers dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, sous l'égide de pays d'Afrique de l'Est, il y près de deux semaines.

Samedi, la présidence sud-soudanaise s'est montrée optimiste sur la possibilité qu'un accord soit trouvé sous 48 heures.

"Le négociateur en chef est encore ici (à Juba) mais il va partir pour Addis pour signer la fin des hostilités", a déclaré Ateny Wek Ateny. "Le gouvernement est prêt à signer la cessation des hostilités (...) demain ou lundi".

Mabior Garang, l'un des négociateurs pour la rébellion, avait auparavant aussi indiqué que son camp était prêt à signer un cessez-le-feu proposé par les médiateurs: "Nous avons vu un projet d'accord pour la cessation des hostilités que nous pourrions signer, mais nous attendons que l'autre partie accepte".

Aucun détail n'était cependant disponible sur le contenu de ce projet d'accord. Difficile aussi de savoir si les deux parties sont prêtes à s'entendre sur le même texte.

Jusqu'ici du moins, les deux camps s'opposaient sur la question de la libération de prisonniers proches de Riek Machar arrêtés aux premiers jours des combats. Les rebelles exigeaient leur libération avant tout cessez-le-feu. Le gouvernement refusait.

Samedi, le vice-président de la commission de l'Union africaine (UA), l'organe exécutif de l'Institution panafricaine, a fait part de sa frustration face à l'absence de progrès à Addis Abeba.

"Les conditions pour un cessez-le-feu sont de plus en plus longues", a déploré Erastus Mwencha, appelant les deux parties à des concessions, et relativisant les chances d'un accord rapide alors que sur le terrain, les combats se poursuivaient pour le contrôle d'autres capitales régionales comme Bentiu (Etat d'Unité) ou Malakal (Haut-Nil).

strs-aud/sba

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.