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Thaïlande: les manifestants menacent de "capturer" la Première ministre

Thaïlande: les manifestants menacent de "capturer" la Première ministre

Le leader des manifestants thaïlandais qui ont lancé cette semaine une opération de "paralysie" de Bangkok, énième tentative pour chasser le gouvernement du pouvoir, a menacé mardi de "capturer" la Première ministre Yingluck Shinawatra si elle ne démissionnait pas.

Si Suthep Thaugsuban est connu pour ses déclarations intempestives, le ton de ces déclarations reflète le parfum d'impunité entourant les leaders du mouvement, qui se déplacent librement malgré des mandats d'arrêt lancés contre eux pour leur rôle dans une crise qui a fait huit morts depuis deux mois et demi.

"Nous irons capturer la Première ministre" et les membres du gouvernement "un par un" s'ils ne démissionnent pas dans les prochains jours, a promis Suthep devant ses partisans.

L'ancien député est lui-même visé par un mandat d'arrêt pour insurrection et fait face à des poursuites pour meurtre pour son rôle dans la répression des manifestations du printemps 2010, lorsqu'il était vice-Premier ministre. Mais la police n'a pas essayé de l'arrêter.

Des dizaines, voire des centaines de milliers de manifestants qui veulent remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu ont lancé lundi une opération de "paralysie" de la capitale, bloquant plusieurs carrefours stratégiques.

Mardi, même si le nombre de participants avait diminué, le blocage se poursuivait et des milliers de manifestants ont marché sur des ministères et des administrations pour empêcher les fonctionnaires d'aller travailler, comme ils l'avaient déjà fait plusieurs fois ces derniers mois.

Au-delà de Yingluck, qu'ils accusent d'être une marionnette de son frère Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre renversé par un coup d'Etat en 2006, les manifestants veulent se débarrasser de ce qu'ils appellent le "système Thaksin" associé selon eux à une corruption généralisée.

Thaksin reste le personnage à la fois le plus aimé et le plus détesté du royaume. Le mouvement actuel a d'ailleurs été déclenché par un projet de loi d'amnistie qui aurait permis le retour du milliardaire, en exil pour échapper à une condamnation pour malversation financière.

"Ce n'est pas une démocratie, c'est une autocratie", a justifié un des leaders des manifestants Satish Sehgal, dénonçant le gouvernement "d'un seul homme", Thaksin. "Il y a une corruption massive, galopante, dans ce pays, du népotisme. Notre objectif est de nous débarrasser de tout ça".

Pour tenter de sortir de la crise, Yingluck a convoqué des législatives anticipées le 2 février. Son parti Puea Thai est donné une nouvelle fois gagnant et les manifestants ont rejeté ces élections. Le principal parti d'opposition, le Parti démocrate, les boycottent.

Yingluck a proposé une rencontre mercredi à toutes les parties prenantes pour étudier un report du scrutin. "Je pense que la réunion de demain (mercredi) peut être utile pour résoudre le problème", a-t-elle déclaré, appelant les Démocrates à y participer.

Une frange radicale des manifestants a menacé de s'en prendre à la Bourse de Thaïlande et au siège du contrôle aérien si Yingluck ne quittait rapidement pas son poste.

Mais l'opération "paralysie" s'est jusqu'ici déroulée sans incident dans une capitale habituée aux violences politiques meurtrières depuis le putsch contre Thaksin. Et le gouvernement a assuré qu'il continuait à travailler.

Les autorités ont annoncé le déploiement de quelque 20.000 policiers et soldats, mais les forces de l'ordre étaient quasi invisibles autour des sites de manifestations.

Même si certains craignent les conséquences pour les commerces du centre-ville et l'économie en général, Yingluck privilégie ainsi une nouvelle fois la stratégie d'évitement entre police et manifestants qu'elle a en grande partie adoptée depuis le début du mouvement pour limiter les violences.

Dans un quartier de Bangkok près du siège des Douanes encerclé, des habitants ont eux blâmé les manifestants, dénonçant l'impact du blocus sur leur vie quotidienne et apportant leur soutien au gouvernement.

"Thaksin nous a aidés", a estimé Supin Nonpayom, femme de ménage dans une gare routière. "Il était déjà riche avant d'être au gouvernement", a ajouté cette partisane des "chemises rouges" pro-Thaksin.

En 2010, jusqu'à 100.000 "rouges" avaient occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission du gouvernement Démocrate, avant un assaut de l'armée. La crise avait fait plus de 90 morts et 1.900 blessés.

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