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Le procès Hariri, l'opportunité de mettre fin à l'impunité au Liban

Le procès Hariri, l'opportunité de mettre fin à l'impunité au Liban

Le procès des meurtriers présumés de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, qui s'ouvre jeudi à La Haye, est un fait rare pour un pays habitué aux assassinats politiques perpétrés dans la plus totale impunité.

Quatre suspects membres du puissant mouvement chiite libanais Hezbollah, allié clé en Syrie des forces de Bachar al-Assad, vont être jugés par contumace pour l'attentat suicide qui avait coûté la vie à l'ancien chef du gouvernement et à 22 autres personnes le 14 février 2005 à Beyrouth.

Malgré une très longue enquête du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) et l'absence des accusés, ce procès est considéré comme une nécessité pour que justice soit faite.

"Pour la première fois, il y a une tentative de trouver la vérité", estime Sami Salhab, professeur de droit international à l'Université libanaise.

"Dans l'histoire du Liban, la plupart des assassinats ont été perpétrés (...) sans aucun résultat" sur le plan des investigations, ajoute-t-il.

Future TV, chaîne appartenant à la famille Hariri, a lancé une campagne il y a deux semaines sous le titre: "16 janvier 2014: le temps de la Justice".

"Nous avons choisi le chemin de la justice", indique Ahmad Hariri, secrétaire général du mouvement du Futur, dirigé par Saad Hariri, fils de Rafic.

"Certes, il reste un long chemin à parcourir pour obtenir la vérité, pour arriver, pour la première fois au Liban, à ce qu'une enquête sur un crime politique soit menée à son terme", dit-il.

"Nous savions que ce chemin serait long, miné, plein d'obstacles et encore plus d'assassinats", ajoute-t-il se félicitant de l'ouverture du procès et que la justice ait suivi son cours.

La violence et les meurtres politiques étaient déjà monnaie courante avant la mort de Rafic Hariri, en particulier durant les 15 ans de guerre civile (1975-1990).

Mais celui de Rafic Hariri avait ouvert une série noire d'assassinats ayant visé des hommes politiques et des figures des médias qui avaient ouvertement critiqué le régime syrien.

Les partis libanais hostiles à Damas ont accusé la Syrie d'avoir joué un rôle dans tous ces meurtres bien qu'aucun Syrien n'ait été inculpé par le TSL.

Cependant, la colère populaire qu'a suscité l'implication présumée du puissant voisin dans ce meurtre a conduit au retrait de ses forces du pays du Cèdre, où elles étaient intervenues près de 30 ans plus tôt, au début de la guerre civile.

Le Hezbollah a accusé le TSL d'être un "instrument américano-israélien" et a refusé de livrer ses membres.

Les clivages entre Libanais lors de la création du tribunal sont les mêmes que ceux sur la Syrie. Le conflit voisin pourrait d'ailleurs être la cause d'une série d'attentats récents dans le pays, dont quatre se sont produits dans le fief du Hezbollah, au sud de Beyrouth.

"Le conflit en Syrie a éclipsé le TSL dans les médias", note Ghassan al-Azzi, professeur de Sciences politiques.

"Les événements en Syrie sont un grand danger pour le Liban et toute la région, les explosions ayant placé le Liban en plein milieu d'une guerre sans fin", ajoute-t-il.

Pour beaucoup de Libanais, les problèmes de sécurité dans le pays ont pris le pas sur l'ouverture d'un procès devant un tribunal lointain et en l'absence des accusés.

"La formation d'un nouveau gouvernement et la sécurité sont des questions bien plus importantes pour les gens aujourd'hui que le tribunal", note M. Azzi.

En outre, selon lui, il y a peu de chances que le procès révèle "des surprises".

Mais il redoute les conséquences d'une éventuelle condamnation: "L'impact sur le fragile équilibre au Liban serait significatif".

Ahmad Hariri est en revanche optimiste. "Maintenant que le train s'est ébranlé, rien ne peut plus l'arrêter. Nous allons obtenir justice. L'ouverture du procès n'est qu'un début".

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