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Acte 2 de la transition en Centrafrique, à la recherche d'un nouveau président

Acte 2 de la transition en Centrafrique, à la recherche d'un nouveau président

Le parlement provisoire centrafricain a ouvert mardi une session spéciale pour élire un nouveau président de transition, qui aura la lourde tâche d'incarner "la paix et la réconciliation nationale" dans un pays ravagé par des mois de violences et au bord de la faillite.

La présidente du Conseil national de Transition (CNT), Léa Koyassoum Doumta, a solennellement ouvert la session en exhortant les membres du CNT "à éviter de faire des choix partisans ou communautaires" et à entendre "les populations qui souffrent dans leur chair et dans leurs os".

L'ex-dirigeant du CNT, Alexandre-Ferdinand Nguendet, qui a été chargé d'assurer la présidence par intérim centrafricaine après la démission forcée de Michel Djotodia vendredi, n'était pas présent, occupé à visiter les forces de sécurité centrafricaines qui ont commencé lundi à regagner leurs casernes.

Dans un discours d'une dizaine de minutes devant les parlementaires, les ambassadeurs et représentants d'institutions internationales, Mme Koyassoum Doumta a également souligné la déliquescence du pays, où des centaines de milliers de personnes ont été déplacées et où les services publics sont "quasi-inexistants".

Les déplacés qui ont fui leurs domiciles en décembre par peur n'ont pas repris le chemin de la maison pour le moment. Au camp de déplacés de l'aéroport, où s'entassent 100.000 personnes, il n'y a "pas de retour massif", a indiqué mardi Médecins sans frontières.

"Les gens restent très prudents, ils sont conscients que la situation est toujours volatile. Il n'y a pas de retour massif en ville pour le moment", selon un responsable de l'organisation.

Mardi matin, après une nuit très calme - comme la précédente - selon des habitants, des véhicules de la gendarmerie centrafricaine ont patrouillé la ville, une première depuis des semaines et nouvel indice d'une progressive stabilisation de la capitale.

Le CNT a 15 jours au maximum pour élire le successeur de M. Djotodia, mais "il faut aller vite et je souhaite personnellement que l'élection se tienne dès samedi", a déclaré à l'AFP Mme Koyassoum Doumta à l'issue de la séance inaugurale.

"Il nous faut un homme neutre, qui ne soit pas marqué par sa proximité avec les anti-balaka (milices chrétiennes) ou les Seleka (ex-rebelles musulmans qui avaient porté Michel Djotodia au pouvoir en mars 2013)", résumait Edgar Mbaïkoua, un membre du CNT se présentant comme "indépendant", lors du cocktail organisé ensuite au sous-sol de l'immense bâtiment de l'Assemblée nationale.

Les 135 délégués du CNT, de différentes obédiences politiques, ont la lourde charge de s'entendre rapidement sur un homme et permettre ainsi une normalisation institutionnelle après le vide laissé par la démission de Djotodia et du Premier ministre Nicolas Tiangaye, accusés par la communauté internationale de n'avoir rien fait pour arrêter les tueries interreligieuses.

"Il faut rapidement la mise en place d'un exécutif qui bosse, avec des gens compétents sur les ministères régaliens" pour faire repartir le pays, selon une source occidentale.

Après la séance solennelle, les présidents de commission de l'assemblée devaient se réunir en conférence pour établir le programme -critères et dépôt des candidatures, date du scrutin... - des jours à venir.

Selon des sources politiques centrafricaines, il devrait y avoir une dizaine de candidats, dont peut-être M. Nguendet, qui a endossé avec aisance ses nouveaux habits présidentiels et pourrait être tenté de prolonger son bail.

"Je suis l'homme de la situation", a-t-il martelé mardi lors de sa visite aux militaires centrafricains rassemblés à l'Enam, l'école nationale de l'administration et de la magistrature.

Lundi, M. Nguendet avait promis que "l'anarchie était terminée" à Bangui, toujours massivement quadrillée par les soldats français de l'opération Sangaris et ceux de la force africaine (Misca).

Il l'a encore répété mardi, promettant que "ceux qui n'entendent pas le message seront neutralisés".

Selon un rapport de l'ONU mardi, les exactions diminuent en Centrafrique ces derniers jours mais la situation reste extrêmement instable et une quarantaine de morts ont été dénombrés à Bangui depuis vendredi.

Le représentant spécial de l'ONU à Bangui, Babacar Gaye, s'est dit optimiste sur une issue rapide de la crise politique. Mais, a-t-il ajouté, "la haine est toujours présente" entre musulmans et chrétiens et la priorité du nouveau gouvernement sera "d'amorcer la réconciliation entre les communautés".

cf-bur/cl/de

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