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Soudan du Sud: les médiateurs pressent les belligérants pour obtenir la fin des combats

Soudan du Sud: les médiateurs pressent les belligérants pour obtenir la fin des combats

Les médiateurs américain et africains dans le conflit au Soudan du Sud, qui tentent depuis une semaine d'obtenir un cessez-le-feu, ont rencontré le chef des rebelles Riek Machar dont les forces tiennent toujours la ville stratégique de Bor face à l'armée gouvernementale.

"L'envoyé spécial américain pour le Soudan et le Soudan du Sud, Donald Booth, accompagné de médiateurs régionaux s'est rendu dans un lieu tenu secret au Soudan du Sud pour rencontrer Riek Machar" samedi, a indiqué dimanche une communiqué de presse de la rébellion, sans autre détail.

Les négociateurs, dont l'un d'eux est parti dimanche à Juba rencontrer le président Salva Kiir, avaient suspendu samedi leur réunion dans la capitale éthiopienne, dans l'attente des réponses des camps ennemis à un projet de cessez-le-feu immédiat des combats qui ont éclaté le 15 décembre entre l'armée restée fidèle à Salva Kiir et des unités rebelles qui ont suivi l'ex-vice-président Riek Machar.

Le principal obstacle à une trêve dans les combats qui ravagent le jeune Etat concerne la libération de 11 proches de Riek Machar, arrêtés par Salva Kiir dès le début des combats.

Le camp de Machar veut qu'ils participent aux négociations, tandis que Salva Kiir dit vouloir les juger.

L'envoyé américain a confirmé à la presse l'entrevue de samedi avec Machar.

"Nous avons pendant trois heures essayé de le convaincre à accepter de signer un accord de cessez-le-feu", a déclaré Donald Booth, qui confirme que le point essentiel de discorde reste la libération des 11 prisonniers.

Les médiateurs ont essayé de convaincre Machar qu'il aurait avantage à signer rapidement le cessez-le-feu, plutôt que de faire de la libération de ses proches une condition. "Je pense que nous avons fait quelque progrès en apaisant quelques unes de ses inquiétudes", a précisé le diplomate.

Selon lui, Machar s'est dit aussi préoccupé par l'intervention militaire ougandaise au côté de l'armée gouvernementale.

Kampala, longtemps allié de Juba a effectivement envoyé des soldats pour soutenir Kiir, après avoir dit, dans un premier temps, que les militaires venaient seulement pour évacuer les ressortissants ougandais.

La situation des civils empire de jour en jour. Environ 400.000 personnes ont fui leurs foyers en raison des combats, qui ont fait "beaucoup plus" de 1.000 morts, selon le dernier bilan de l'ONU. Environ 50.000 ont fui dans des pays voisins, dont 10.000 au Soudan, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

A Minkamman, le plus grand regroupement de déplacés selon l'ONU, ils sont 84.000 à se reposer à l'ombre des arbres après avoir traversé les marais du Nil Blanc en évitant les balles, a constaté un reporter de l'AFP. La plupart ne possèdent plus que les vêtements qu'ils portent

Selon les rebelles, les forces gouvernementales du Soudan du Sud tentent toujours de reprendre Bor, dernière ville stratégique encore tenue par la rébellion dans l'Etat du Jonglei.

"Nous tenons toujours nos positions, mais les forces gouvernementales nous bombardent", a déclaré dimanche à l'AFP le porte-parole des rebelles, le général Lul Ruai Koang, sans pouvoir préciser si des combats au corps-à-corps ont lieu près de cette ville située à 200 km au nord de Juba.

Mais l'importance des destructions engendrées par cette guerre entre anciens alliés pendant la guerre d'indépendance devenus rivaux politiques continue de se révéler.

Un photographe de l'AFP, qui a tourné dans les villages autour de Bentiu (Etat d'Unité), reprise par l'armée vendredi, a vu beaucoup de cadavres joncher les rues et des maisons incendiées au toit encore fumant.

A Malakal, principale ville de l'Etat pétrolier du Haut-Nil devenue calme depuis quelques jours, les habitants sont encore trop effrayés pour revenir dans leurs maisons pillées et souvent incendiées.

Le Satellite Sentinel Project, fondé par la star d'Hollywood George Clooney, a diffusé des images montrant des maisons et des marchés détruits dans deux villages, Mayom dans l'Etat d'Unité, et Bor.

"Des témoignages d'atrocités contre les civils doivent être réunis et utilisés pour de futures poursuites judiciaires pour crimes de guerre. Il n'y aura pas de paix si les graves violations de droits humains restent impunies", déclare Clooney dans un communiqué. "Cette fois, le Soudan du Sud a besoin de connaitre la fin de l'impunité".

Selon un analyste de l'International Crisis Group, un groupe de réflexion indépendant, l'intensité des combats en une trentaine d'endroits fait craindre un bilan "approchant les 10.000 morts".

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