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"Mère et fils": la "nouvelle vague" sans concession du cinéma roumain

"Mère et fils": la "nouvelle vague" sans concession du cinéma roumain

"Mère et fils" (Pozitia Copilului), du réalisateur Calin Peter Netzer, dresse un tableau sans concession de la Roumanie post-communiste à travers une relation mère-fils, consacré meilleur film du festival de Berlin 2013.

Le film, qui sort en France le 15 janvier et en Belgique le 5 février, est l'occasion de découvrir un peu plus la "nouvelle vague" d'un cinéma roumain, de plus en plus reconnu à l'étranger mais dont les réalisateurs souffrent dans leur pays d'un manque sévère de fonds pour monter leurs projets et d'une pénurie de salles.

"Mère et fils" est un drame qui s'appuie d'abord sur une relation pathologique mère-enfant et qui est porté par son actrice principale, Luminita Gheorghiu.

Il brosse, à travers cette relation, le portrait sans concession d'une Roumanie post-communiste viciée par la corruption qui règne dans les institutions policière et judiciaire notamment.

Cornelia (Luminita Gheorghiu), mère sexagénaire ultra-possessive de la haute société roumaine, "étouffe" son fils adulte Barbu (Bogdan Dumitrache), immature et totalement sous son emprise.

Barbu tue accidentellement un adolescent d'une famille modeste en roulant trop vite. Sa mère va tout tenter pour lui éviter la prison, usant de ses relations mais aussi de son argent...

Ce film "minimaliste" a été tourné en majeure partie dans des appartements privés. Le recours récurrent à la caméra sur l'épaule épuise le regard du spectateur parfois jusqu'à la nausée, une impression renforcée par l'indécence et l'impunité qui règnent tout au long du film.

Le personnage intrusif de Cornelia auquel aucun détail de la vie de son fils n'échappe, est inspiré de sa propre relation pathologique avec sa mère, avait expliqué le réalisateur devant la presse à Berlin.

"C'est l'histoire d'une couche sociale supérieure moyenne dans laquelle on trouve plus souvent ce genre de problématique. Dans les anciens pays d'Europe de l'Est marqués par la culture latine, les parents sont assez possessifs".

Outre les lieux de tournage très confinés, la caméra ne quitte presque jamais les deux principaux protagonistes, renforçant l'aspect étouffant de la relation.

En recevant l'Ours d'or à Berlin, la productrice de "Mère et fils" avait mis en cause les autorités roumaines qui "s'en prennent à la culture et n'ont pas compris que le cinéma, dans sa vitalité actuelle, est le meilleur ambassadeur" du pays.

Elle avait clamé que cet Ours d'or rendrait plus forts et plus déterminés les professionnels du cinéma roumain, s'en prenant à la "censure politique" et dénonçant aussi "la censure commerciale" qui pénalise les films d'auteur, en les empêchant d'atteindre le public.

L'essor du cinéma roumain s'est traduit ces dernières années par la consécration de plusieurs réalisateurs -Catalin Mitulescu, Corneliu Porumboiu et Cristian Nemescu - à Cannes notamment, confirmée en 2007 avec la Palme d'Or attribuée à Cristian Mungiu pour "Quatre mois, trois semaines et deux jours".

En 2012, le dernier opus de Cristian Mungiu, "Au-delà des collines" a remporté le Prix du meilleur scénario et les prix d'interprétation féminine sur la Croisette.

D'autres cinéastes ont raflé des prix à Locarno (Marian Crisan, pour "Morgen") ou à Berlin (Florin Serban, en 2010, pour "Quand je veux siffler, je siffle").

ls/pjl/ed/thm/jh

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