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Les colons israéliens veulent se démarquer des jeunes extrémistes

Les colons israéliens veulent se démarquer des jeunes extrémistes

La direction des colons israéliens s'inquiète de la radicalisation incontrôlée de certains jeunes, coutumiers des actions coup de poing contre la population palestinienne, qui risquent de ruiner leur cause en l'isolant de la majorité de l'opinion.

Le malaise a éclaté au grand jour après une expédition punitive de jeunes extrémistes juifs mardi contre le village palestinien de Qousra (nord de la Cisjordanie) qui a tourné à l'humiliation de ces derniers, capturés et battus par les habitants qui les ont ensuite livrés à l'armée israélienne.

Cette "correction", saluée par le gouvernement palestinien comme un "acte de légitime défense" et vue par l'opinion palestinienne comme la réponse adéquate aux agressions des colons, ne semble guère avoir chagriné leurs aînés.

"Nous ne pouvons plus supporter ces voyous juifs masqués qui attaquent des Arabes innocents", a dénoncé Danny Dayan, porte-parole des colons de Cisjordanie, sur sa page Facebook.

M. Dayan, qui s'efforce de respectabiliser l'entreprise de colonisation, a appelé à "bannir ces criminels de nos communautés sans attendre que les autorités le fassent".

Le ministre de la Défense Moshé Yaalon, qui a la haute main sur les constructions dans les colonies de Cisjordanie, a qualifié mercredi ces exactions de "terrorisme pur et simple".

Des colons extrémistes ainsi que des activistes d'extrême droite, sous l'appellation du "Prix à payer", se vengent - sur des villageois palestiniens ou arabes israéliens, des lieux de culte musulmans et chrétiens, des militants pacifistes israéliens, voire à l'armée - de décisions gouvernementales qu'ils jugent hostiles à leurs intérêts ou d'actes attribués à des Palestiniens.

Les auteurs de ces actes sont en général des jeunes nationaux-religieux - appelés "jeunes des collines" - vivant dans des implantations créées sans l'aval des autorités israéliennes, qui établissent une différence entre implantations "légales" et "illégales".

La communauté internationale, elle, considère comme illégales toutes les colonies de Cisjordanie occupée, où vivent environ 350.000 Israéliens.

Soutenus par la frange la plus dure de la droite israélienne, ces jeunes des collines sont souvent bannis de Cisjordanie par l'armée, mais continuent à inspirer des plus jeunes, qui prennent la relève.

Symbole de ce renouvellement de génération, les photos de Qousra montrent que l'un des meneurs était Méir Ettinger, 22 ans, le petit-fils du rabbin Méir Kahane, fondateur du mouvement raciste anti-arabe Kach, assassiné en 1990 à New York.

Depuis le massacre en 1994 de 29 musulmans en prière à Hébron par Baruch Goldstein, un colon se revendiquant de Kach, le mouvement est officiellement une organisation terroriste aux termes de la loi israélienne.

Mais son idéologie reste vivace, notamment chez certains colons, pour qui la "protection" de la terre biblique est un impératif supérieur au respect des lois.

Pour Yaron Rosental, un éducateur de Kfar Etzion, la plus ancienne et la plus établie des colonies de Cisjordanie, "ces gens représentent le plus grand danger pour l'avenir de la Judée-Samarie (Cisjordanie)".

"Notre avenir dépend de ce que les Israéliens penseront de nous. Or, en voyant leurs actes, ils les assimilent à l'ensemble de la population juive de la région", s'inquiète-t-il.

Selon Avi Roé, président du Conseil régional de Binyamin, qui regroupe plusieurs dizaines de colonies entre Ramallah et Naplouse, "ces gens non seulement ne font pas avancer notre cause mais la mettent en danger".

Refusant toute forme d'autorité, les jeunes colons exaltés se revendiquent uniquement de la "Loi divine".

Pourtant, la majorité des rabbins de Cisjordanie ont condamné leurs opérations au nom de cette même loi, invoquant l'immoralité de ces actes.

"Comment défendre une juste cause comme la protection de notre terre quand on n'a pas les mains propres ?" s'est insurgé le rabbin Youval Cherlow, une des figures les plus influentes parmi les colons religieux.

"Attaquer des innocents est un crime immoral", a-t-il répondu à la question d'un jeune élève religieux sur son site internet.

En moyenne, en 2013, huit incidents par semaine entre Palestiniens et colons ont provoqué des victimes ou des dégâts côté palestinien, et deux par semaine côté israélien, selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

mib/agr/sst/cbo

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