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Le Soudan du Sud mobilise massivement pour reprendre deux villes aux rebelles

Le Soudan du Sud mobilise massivement pour reprendre deux villes aux rebelles

Le gouvernement sud-soudanais mobilisait vendredi des milliers de soldats et ex-soldats pour reprendre deux villes contrôlées par les rebelles, sur fond de poursuite des discussions sur un cessez-le-feu.

La médiation est-africaine s'est dite optimiste sur la signature rapide d'un cessez-le-feu entre les deux camps s'affrontant depuis près d'un mois. Mais Washington a dit craindre un "éclatement" de la plus jeune nation du monde.

De violents combats se poursuivaient autour de Bentiu (nord-ouest), vidée de sa population civile, où les forces loyales à l'ancien vice-président Riek Machar tentent de résister aux soldats du président Salva Kiir.

Selon un porte-parole des Nations unies, Farhan Haq, la situation autour de la capitale de l'Etat pétrolier d'Unité était "floue".

D'autres affrontements se poursuivaient aussi autour de Bor (200 km au nord de la capitale Juba), également tenue par les rebelles.

Capitale de l'Etat du Jonglei, dans l'est, Bor a changé trois fois de mains depuis le début, le 15 décembre, du conflit.

"Nous devons mobiliser tous les soldats de la SPLA (l'armée sud-soudanaise), tous les anciens soldats qui étaient dans l'armée soudanaise", a dit le gouverneur de l'Etat d'Equatoria-central, où se trouve Juba.

Le gouverneur, Clement Wani Konga, a précisé que 3.000 soldats avaient été mobilisés dans sa seule région et que 12.000 autres le seraient prochainement.

Des partisans du gouvernement dans différentes régions ont ajouté devant des journalistes à Juba qu'ils étaient en train de mobiliser des milliers d'anciens soldats pour grossir les rangs de l'armée régulière, faisant craindre une possible intensification des combats déjà meurtriers.

Le bilan de plus de trois semaines d'affrontements "dépassera très largement" le millier de morts avancé jusqu'ici par les Nations unies, a indiqué jeudi un haut responsable de l'ONU.

Le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, n'a pu fournir de bilan des violences, aggravées par des tueries interethniques entre les Dinka (majoritaires) du président Kir et les Nuer de son rival.

Selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), on compte déjà 230.000 déplacés au Soudan du Sud et 43.000 réfugiés dans des pays voisins. Le HCR s'attend à 400.000 déplacés et 125.000 réfugiés d'ici avril.

"La situation a continué de se détériorer", a ajouté un porte-parole du HCR, soulignant que "les combats se sont propagés dans 7 des 10 Etats" du pays.

Les 5.500 Casques bleus supplémentaires dont le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement commenceront à se déployer "dans les prochains jours" et seront tous sur place "dans quatre à huit semaines", a indiqué M. Ladsous.

Parrains de l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, les Etats-Unis se sont alarmés jeudi du risque d'éclatement du pays.

"De manière tragique, le plus jeune pays du monde et sans aucun doute l'une des démocraties les plus fragiles est en danger d'éclatement", a averti la secrétaire d'Etat adjointe pour l'Afrique Linda Thomas-Greenfield.

Multipliant depuis trois semaines les pressions sur les deux belligérants, la diplomatie américaine a paru, pour la première fois, prendre position pour l'ancien vice-président Machar en affirmant qu'il n'avait pas tenté de coup d'Etat mi-décembre à Juba, comme l'en accuse le président Kiir.

Mais dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, où le bloc des pays est-africains de l'IGAD tente de persuader les deux camps de signer un cessez-le-feu, le médiateur a dit rester optimiste.

"Je suis très optimiste (...) parce que nous avons beaucoup avancé vers une entente entre les parties", a déclaré à l'AFP Seyoum Mesfin, espérant un cessez-le-feu "dans les plus brefs délais possibles".

Gouvernement et rebelles ont entamé lundi des pourparlers qui buttent sur la libération de détenus proches de la rébellion, arrêtés aux premiers jours des combats.

La délégation rebelle en fait une condition préalable au cessez-le-feu, ce que refuse Juba, affirmant qu'ils doivent passer par le processus judiciaire normal.

Parmi les options discutées, M. Seyoum a cité un transfert des prisonniers à l'IGAD ou aux Nations unies, ou encore leur libération sous caution.

Le médiateur a assuré que le président Kiir "examinait toutes les options", ajoutant que les détenus avaient un rôle important à jouer dans les négociations car "il s'agit de hauts responsables gouvernementaux".

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