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La BCE laisse son taux directeur inchangé tout en réaffirmant sa volonté d'agir

La BCE laisse son taux directeur inchangé tout en réaffirmant sa volonté d'agir

La Banque centrale européenne (BCE) s'est gardée de toute action jeudi et a maintenu son taux directeur inchangé, tout en se déclarant plus déterminée que jamais à intervenir si la situation le réclame, ciblant en particulier l'inflation.

L'ajout d'une phrase au discours de son président Mario Draghi lors sa conférence de presse mensuelle a sonné comme la marque d'une détermination accrue de l'institution monétaire de Francfort (ouest) aux oreilles de certains économistes.

"Nous restons déterminés à maintenir une orientation très accommodante à notre politique monétaire et à prendre de nouvelles actions décisives si nécessaires", a dit M. Draghi.

"A nos yeux, c'est le signe clair que la BCE n'est pas en phase d'assoupissement mais reste à un niveau élevé d'alerte", a jugé Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Cependant, a-t-il noté, M. Draghi a refusé d'entrer dans le détail des mesures possibles au cours des prochains mois. "Ce qui laisse libre cours aux spéculations et aux phantasmes".

Son confrère de IHS Global Insight, Howard Archer, s'est aussi étonné du flou entretenu par M. Draghi. "Il a limité ses observations au fait que la BCE a plusieurs instruments à sa disposition, dont l'emploi dépendrait de la situation à laquelle la BCE sera confrontée".

Pour le moment, la discussion tourne principalement autour du niveau faible de l'inflation, qui fait craindre à certains que la zone euro franchisse le cap dangereux de la déflation, synonyme de baisse des prix, des salaires et de l'activité, compromettant ainsi la reprise modeste entamée au printemps dernier.

La hausse des prix s'est élevée à 0,8% en décembre, après 0,9% en novembre et 0,7% en octobre. Soit loin de l'objectif poursuivi par la BCE d'une inflation proche de 2% à moyen terme.

Mais la BCE ne voit pas pour autant un risque de déflation se matérialiser, selon son président, même si les prix sont bas et le resteront encore un moment. "Nous ne voyons pas de déflation, a-t-il répété, nous ne voyions pas de scénario à la japonaise".

Et alors qu'en novembre, la BCE avait décidé de baisser son principal taux directeur d'un quart de point à 0,25% en raison de la perspective de voir les prix stagner à un niveau faible, elle l'a maintenu inchangé jeudi, arguant que le recul de décembre était dû à des effets exceptionnels qui ne devraient pas se reproduire en janvier.

Outre ce taux, la BCE a la possibilité d'agir sur son taux de dépôt, celui auquel les banques placent leurs liquidités excédentaires pour 24 heures dans ses caisses, qui stationne à 0% depuis juillet 2012. Ceci afin de les encourager à prêter pour soutenir la consommation et l'investissement et donc la reprise. Mais le porter en territoire négatif se heurte notamment à la crainte d'un retour de bâton avec des banques faisant porter ce coût aux ménages et entreprises.

Un nouveau prêt à long terme (LTRO) aux banques, toujours pour encourager le crédit en berne, a aussi été évoqué, toutefois la BCE veut s'assurer que cet argent serve vraiment à prêter aux entreprises, contrairement aux deux précédents fin 2011 et début 2012. Le fait que M. Draghi ait "minimisé la baisse des liquidités dans le secteur bancaire suggère qu'un LTRO n'est pas en tête de liste", selon Jonathan Loynes, chef économiste chez Capital Economics.

En revanche, il a souligné plusieurs fois que "tous les instruments autorisés par les traités" étaient envisagés, "ce qui est peut-être l'indice que la BCE est prête à suivre les autres banques centrales sur le chemin des achats d'actifs", a-t-il estimé.

Cette possibilité est néanmoins contestée par certains membres de la BCE, dont le patron de la banque centrale allemande.

Interrogé sur la reprise économique, M. Draghi s'est montré une nouvelle fois prudent, jugeant "prématuré" de crier "victoire".

"La reprise est là mais elle est faible, modeste et fragile. Il y a plusieurs risques, que ce soit financiers, économiques, politiques ou géopolitiques, qui pourraient rapidement mettre à mal cette reprise", a-t-il dit.

Il s'est cependant réjoui que la reprise, au départ uniquement soutenue par les exportations, "s'étende maintenant très progressivement à la demande intérieure".

oaa/esp/bir

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