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Après l'Irlande, c'est le Portugal qui teste l'appétit des investisseurs

Après l'Irlande, c'est le Portugal qui teste l'appétit des investisseurs

Le Portugal, sous perfusion financière internationale depuis 2011, retournera jeudi sur les marchés pour lancer son premier emprunt obligataire à moyen terme depuis un an, deux jours après le succès de l'émission de l'Irlande.

Profitant de la nette baisse de ses taux d'emprunt, le Portugal a mandaté mercredi plusieurs banques, dont Barclays et la Société générale, afin de rouvrir une ligne obligataire existante qui arrive à échéance en juin 2019.

Encouragé par l'émission obligataire réalisée mardi par l'Irlande, le Portugal compte donc tester à son tour l'appétit des investisseurs pour la dette des anciens "cancres" de la zone euro.

"L'actualité du jour, c'est l'annonce de l'émission portugaise, c'est une bonne nouvelle et la demande sera certainement là", a estimé Cyril Regnat, un analyste de Natixis.

L'émission de l'Irlande à échéance 10 ans, sa première depuis sa sortie de son plan d'aide international en décembre, a suscité un vif intérêt parmi les investisseurs et lui a permis de lever 3,75 milliards d'euros.

Selon les médias locaux, le Portugal compte récolter entre 3 et 4 milliards d'euros, un montant qui n'a pas été confirmé par l'agence de la dette.

Le Portugal lancera un emprunt syndiqué à cinq ans, qui consiste à se financer directement auprès de quelques banques sélectionnées. Une telle opération permet de limiter les risques alors que le pays s'apprête à sortir le 17 mai de son plan d'assistance.

Le moment est opportun: sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise, les taux d'emprunt à cinq ans du Portugal ont brusquement baissé ces derniers jours, passant à 4,088%, au plus bas depuis mai 2013.

Le Portugal avait déjà fait de premières incursions sur les marchés à moyen et long terme en janvier et mai 2013, mais avait été brusquement freiné dans son élan par la crise politique en juillet, qui a failli faire éclater la coalition au pouvoir et provoqué une nouvelle envolée des taux d'emprunt.

Lors de sa dernière émission à cinq ans en janvier 2013, le Portugal avait emprunté 2,5 milliards d'euros à 4,891%, soit un taux supérieur au niveau actuel du marché.

Pour échapper à l'humiliation d'un deuxième plan d'aide assorti de conditions sévères, Lisbonne a redoublé d'efforts pour reconquérir la confiance des investisseurs afin de financer son importante dette sur les marchés.

Grâce à un échange de dette de 6,64 milliards d'euros effectué début décembre, le Portugal a pu réduire ses besoins de financement pour cette année à 7,1 milliards d'euros.

"Le succès de l'opération d'échange et la baisse des taux d'emprunt sont des signes encourageants dans le cadre de notre stratégie de plein retour sur les marchés", a commenté mercredi la ministre des Finances Maria Luis Albuquerque.

Le pays, qui n'a jamais quitté les marchés de la dette à court terme, ambitionne de retrouver un plein accès aux émissions à long terme à l'issue de son programme d'aide de 78 milliards d'euros, dont les modalités de sortie n'ont pas encore été définies.

Le gouvernement portugais n'écarte aucun des scénarios possibles, soit un recours à une ligne de crédit de précaution soit un retour sur les marchés sans filet de sécurité, à l'instar de l'Irlande.

Pour certains, une sortie à l'irlandaise n'est plus exclue pour Lisbonne: "Le Portugal n'aura peut-être pas besoin d'une aide supplémentaire. Si les taux à 10 ans descendent en dessous de 5%, le pays pourrait tenter le coup de sortir tout seul de son programme", a estimé Christian Schulz, économiste de Berenberg.

D'autres sont plus sceptiques, comme Jésus Castillo, autre analyste de Natixis, qui "salue" l'annonce de l'emprunt, mais estime "qu'il reste encore beaucoup d'obstacles à franchir avant que le Portugal ne retrouve un plein accès aux marchés".

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