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A Juba, un hôpital débordé, signe de l'ampleur des violences au Soudan du Sud

A Juba, un hôpital débordé, signe de l'ampleur des violences au Soudan du Sud

A même le sol de l'hôpital de Juba débordé, des rangées entières d'hommes blessés dans les combats qui sévissent depuis trois semaines au Soudan du Sud gémissent de douleur.

"C'était le chaos, il y avait tellement de tirs et de gens tués", raconte James Bangang, 26 ans et père de deux enfants, qui se trouvait dans la ville de Bor, capitale de l'Etat sud-soudanais du Jonglei (est), quand l'armée l'a reprise aux rebelles fin décembre.

"Les soldats gouvernementaux ont attaqué et j'ai été blessé", dit-il, montrant son bras plâtré. "J'ai couru me réfugier dans la base des Nations unies", ajoute-t-il, précisant être un civil, pas un rebelle.

James Bangang tente désormais de récupérer sur un mince matelas, installé à l'ombre, à l'extérieur du principal bâtiment de l'hôpital géré par les Nations unies, un établissement déjà bondé d'autres blessés.

Depuis l'attaque évoquée par James Bangang, les forces pro-gouvernementales ont de nouveau perdu Bor et tentent maintenant de reprendre la ville située à 200 km au nord de Juba.

Dans l'hôpital, un autre jeune homme a reçu une balle dans la joue. Un troisième a eu ses bras et ses jambes criblés de balles.

Mais dans cet hôpital de l'ONU où sont généralement soignés les Casques bleus, il n'y a pas que des Sud-Soudanais.

Dans l'une des salles, se trouve justement un Casque bleu népalais, blessé par des éclats d'obus dans le haut des jambes.

Le Casque bleu, Bishnu Bahadur Bhandri, a lui aussi été victimes des combats de Bor. "J'étais en train d'envoyer un message radio (...) et boom!", dit-il, l'air épuisé mais souriant.

Le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis seulement juillet 2011 et plus jeune nation du monde, est ravagé par les combats depuis le 15 décembre.

Les affrontements ont d'abord opposé des unités de l'armée loyales au président sud-soudanais Salva Kiir à d'autres fidèles à l'ex-vice président Riek Machar, limogé en juillet. Puis les combats ont dégénéré, la rébellion menée par Riek Machar fédérant désormais une alliance plus ou moins stable de commandants de l'armée mutins et de milices ethniques.

Des pourparlers de paix ont commencé entre les deux parties dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, mais ils s'annoncent d'ores et déjà laborieux.

Depuis le début des combats, l'hôpital de Juba a lui vu passer plus de 1.500 personnes, dont environ 200 pour blessures par balle, dit le colonel Phok Chanthy, médecin de l'armée cambodgienne qui dirige l'établissement onusien.

Nombre de ces blessés ont été évacués de divers endroits du pays avant d'être amenés ici.

Les défis auxquels doivent faire face ce petit hôpital donne une idée de l'ampleur des besoins ailleurs dans le pays, en particulier dans les endroits reculés où les combats sont les plus intenses.

"C'est le plus grand test que cette jeune Nation ait jamais eu (...) Nous ne savons tout simplement pas ce qu'il se passe dans les zones les plus touchées par la violence", confie Toby Lanzer, chef des opérations humanitaires de l'ONU au Soudan du Sud.

"Depuis trois semaines, nous avons dépassé les 200.000 déplacés et je pense que ce chiffre peut doubler très rapidement", poursuit-il.

"Nous faisons face à une catastrophe humanitaire", dit-il encore. "C'est une période critique pour le pays. Les combats doivent simplement cesser".

pjm/sas/aud/jlb

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