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Le spectacle de Dieudonné interdit dans plusieurs villes de France

Le spectacle de Dieudonné interdit dans plusieurs villes de France

Le président français, François Hollande, appelle les préfets à être « inflexibles » dans leur lutte contre l'antisémitisme alors qu'enfle la polémique autour de l'humoriste Dieudonné M'Bala M'Bala, accusé d'attiser la haine avec son spectacle Le Mur.

« Face à l'antisémitisme, face aux troubles à l'ordre public que suscitent des provocations indignes, face aux humiliations que représentent les discriminations, je demande aux représentants de l'État et en particulier aux préfets d'être vigilants et inflexibles », a déclaré M. Hollande sans nommer explicitement l'humoriste.

À Nantes, le préfet a signé mardi un arrêt pour interdire la tenue du spectacle, tandis que les maires de Bordeaux, Tours et Orléans ont annoncé leur décision d'en interdire la tenue dans leur ville. Le spectacle de Dieudonné devait s'arrêter dans 26 villes françaises.

À Paris, les propriétaires du théâtre de la Main d'Or, là où Dieudonné donne ses spectacles depuis 1999, étudient les moyens légaux à leur disposition pour l'expulser.

« Il n'y a pas cinq minutes de ce spectacle qui ne contiennent pas des propos antisémites, niant la Shoa, niant le racisme d'Hitler », explique la journaliste de Radio-Canada Alexandra Szacka, qui a regardé Le Mur du début à la fin.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a envoyé lundi une circulaire aux préfets - les représentants de l'État dans les départements - leur précisant dans quel contexte il est possible d'interdire le spectacle pour « trouble de l'ordre public ».

Le spectacle doit notamment ne pas relever d'un « dérapage ponctuel qu'expliquerait la libre création artistique ». Un spectacle susceptible « d'affecter le respect dû à la dignité de la personne humaine » peut également être interdit.

L'humoriste entend lui aussi recourir aux tribunaux si son spectacle est interdit.

Des municipalités, qui avaient tenté d'interdire le spectacle de Dieudonné par le passé, avaient été déboutées en justice au nom de la liberté d'expression. Les interdictions de spectacle sont rares en France et elles sont motivées par des incitations à la haine raciale et des atteintes à la dignité humaine.

Une voix politique discordante s'est d'ailleurs élevée. « On annonce une volonté d'interdire des spectacles sans être certain qu'il y ait une base juridique », a critiqué l'ancien ministre de l'Intérieur de l'UMP, Brice Hortefeux, maintenant dans l'opposition.

Issu du même parti, le député Bruno Le Maire apporte toutefois son soutien à « toute décision politique qui visera à condamner » l'humoriste. Pour que « le racisme devienne aussi courant, en matière d'éducation, nous avons failli », a-t-il déploré.

La crise de la « quenelle »

Plusieurs fois condamné par la justice pour des traits antisémites et racistes, Dieudonné continue d'attirer de nombreux spectateurs puisque 5000 billets ont été vendus pour le seul spectacle nantais.

La polémique entourant Dieudonné survient au moment où le geste de la « quenelle » soulève les passions sur les réseaux sociaux. Signe de ralliement des partisans de l'humoriste présenté comme « un bras d'honneur antisystème », la quenelle est toutefois interprétée comme un salut nazi inversé par d'autres. L'organisation SOS Racisme entend d'ailleurs poursuivre les « quenelles » lorsqu'elles seront effectuées dans des lieux « ne laissant aucun doute » sur leur caractère antisémite.

La crise de la « quenelle » s'ajoute à la polémique entourant les insultes racistes qu'a dû endurer la ministre de la Justice française, Christiane Taubira. Cette dernière a subi les plaisanteries racistes d'un magazine qui a publié sa photo avec une légende particulière : « Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane ».

La femme politique de 61 ans, née en Guinée et descendante d'esclaves, s'est également fait traiter de « guenon » par une candidate du Front national candidate aux élections municipales. Cette dernière a été exclue du parti depuis.

Une fillette - qui manifestait avec ses parents contre le mariage gai, une cause portée par Mme Taubira - l'a également traitée de « guenon ». Le dossier du mariage gai, bien qu'il ne contienne aucune charge raciale, a soulevé la controverse et la polémique au sein de la société française.

Or, ces polémiques interviennent au moment où le parti d'extrême droite Front National (FN) gagne des appuis, selon un sondage effectué en prévision des élections municipales de mars prochain.

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