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Le plus vieil athlète belge choisit l'euthanasie, un verre de champagne à la main

Le plus vieil athlète belge choisit l'euthanasie, un verre de champagne à la main

Un Belge de 95 ans considéré comme "le plus vieil athlète" du royaume est décédé mardi par euthanasie après avoir "célébré" son départ avec une centaine de proches, un verre de champagne à la main.

Les médias flamands ont accordé une large place à la décision d'Emiel Pauwels, qui s'inscrit dans une nouvelle tendance de "mise en scène" de sa propre mort.

Le nonagénaire avait expliqué lundi n'avoir "aucun regret à partir" et "absolument pas peur de la mort".

Les photos publiées mardi le montrent, très souriant, en train de trinquer avec des membres de sa famille, des amis et des membres de son club d'athlétisme, tous réunis à son domicile. "C'était la plus belle fête de ma vie", a-t-il déclaré.

"Qui ne voudrait pas en finir avec du champagne en compagnie de tous les siens?", a-t-il demandé. "Quand le docteur débarquera avec son injection, je quitterai ce monde avec le sentiment d'avoir bien vécu", a-t-il ajouté, selon le quotidien Het Laatste Nieuws. "Pourquoi est-ce que je pleurerais alors que je vais retrouver pleins d'amis et de proches, dont mon épouse, au paradis?".

Emiel Pauwels a reçu mardi l'injection mortelle à son domicile de Bruges, avec son fils Eddy à ses côtés.

Mourir ainsi "était la volonté de papa, mais ça reste difficile de penser que c'est la dernière fois que nous sommes ensemble", a témoigné ce dernier lundi.

Emiel Pauwels était cloué au lit depuis quelques mois à cause d'un cancer de l'estomac en phase terminale.

L'état de santé de ce sportif accompli avait empiré après son "dernier exploit": gagner le titre de champion d'Europe vétéran de 60 mètres aux championnats d'athlétisme en salle organisés en mars 2013.

Son décès rappelle celui du chimiste belge Christian de Duve, Prix Nobel de médecine en 1974, qui avait choisi d'être euthanasié en mai 2013 à l'âge de 95 ans. Il avait auparavant expliqué sa décision au quotidien Le Soir: "La mort, ce serait beaucoup dire qu'elle ne m'effraie pas, mais je n'ai pas peur de l'après car je ne crois pas" à la vie après la mort.

En octobre, Nathan, un Belge de 44 ans, avait lui aussi choisi de partager avec des amis un dernier repas, quelques heures avant d'être euthanasié. Une équipe de télévision était présente.

Son cas avait ému car l'homme ne souffrait pas d'une maladie incurable mais endurait des "souffrances psychiques insupportables" à la suite d'une opération de changement de sexe ayant échoué.

Nathan avait le sexe féminin à sa naissance et portait le prénom de Nancy. Rêvant depuis son adolescence de devenir un homme, il avait subi trois opérations mais sans en être satisfait.

"J'ai eu des moments heureux, mais au final la balance penchait du mauvais côté", avait-il résumé.

Selon les médecins l'ayant suivi, il remplissait les conditions prévues par la loi belge, qui prend en compte les souffrances psychiques.

Mais cette manière d'organiser sa mort, voire de la "mettre en scène", interpelle. "Cette tendance est vraiment curieuse et belle à la fois. Nous sommes confrontés à une nouvelle définition de ce que c'est mourir. Il faut que la mort contribue à une expérience d'émotions et de joies partagées", relève sur le site du quotidien La Libre Belgique Olivier Descamps, responsable du comité d'éthique d'un centre hospitalier en Wallonie (sud).

"Si la personne souhaite mourir dans de telles conditions, c'est son choix. Mais dans un futur proche, je vois très bien des sociétés s'approprier ce genre d'événements, un peu comme les enterrements", a-t-il ajouté.

La Belgique est l'un des rares pays à avoir légalisé l'euthanasie, sous certaines conditions, depuis 2002. Le Sénat (chambre haute du Parlement) a récemment décidé de l'étendre aux mineurs atteints d'une maladie incurable, mais le texte n'a pas encore été approuvé par les députés.

jri-siu/via

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