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Conflit sud-soudanais : Béchir à Juba, les négociations doivent s'ouvrir à Addis

Conflit sud-soudanais : Béchir à Juba, les négociations doivent s'ouvrir à Addis

Le président soudanais Omar el-Béchir s'est entretenu lundi à Juba avec son homologue sud-soudanais Salva Kiir du conflit qui déchire le Soudan du Sud depuis trois semaines, alors que des pourparlers devaient s'ouvrir dans la journée à Addis Abeba entre Juba et la rébellion sud-soudanaise.

Malgré la poursuite des combats, des pourparlers directs entre les partisans du président Kiir et de son rival, l'ex vice-président Riek Machar, devaient débuter vers 15H00 (12H00 GMT) dans la capitale éthiopienne, selon le porte-parole du gouvernement éthiopien Getachew Reda.

Des délégués des deux parties ont confirmé s'être entendus sur le début de véritables négociations après des querelles de protocole et autres désaccords qui en ont retardé l'ouverture initialement prévue dimanche.

Pendant ce temps le président Béchir est arrivé à Juba et s'est rendu au palais présidentiel plaider la cause de la paix dans un pays qui a fait sécession du Soudan il y a deux ans et demi mais reste un partenaire économique important.

"La paix et la sécurité doivent régner au Soudan du Sud. Notre visite a pour but d'apporter la paix au Soudan du Sud, à nos frères et soeurs sud-soudanais. Notre relation est très importante", a-t-il dit à la presse.

Le Soudan du Sud est ravagé depuis le 15 décembre par des combats opposant les forces gouvernementales à une rébellion menée par l'ex-vice président Machar, limogé en juillet. M. Kiir accuse M. Machar de tentative de coup d'Etat. Le second nie et accuse le premier de vouloir éliminer ses rivaux.

Les combats se sont intensifiés ce weekend et se poursuivaient lundi.

L'armée soudanaise tente de reprendre aux rebelles la ville stratégique de Bor, capitale de l'Etat du Jonglei (est) qui a changé trois fois de mains depuis le début de la crise. Les forces gouvernementales disent avancer aussi vers Bentiu, capitale de l'Etat pétrolier d'Unité, également contrôlée par les rebelles.

Les affrontements auraient déjà fait des milliers de morts et ont fait près de 200.000 déplacés. Des massacres, meurtres, viols à caractère ethnique ont également été rapportés : le conflit revêt une dimension ethnique, les Dinka de M. Kiir contre les Nuer de M. Machar.

Le tribut est particulièrement lourd pour les populations et le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer a débuté lundi une visite sur place.

Il s'est dit "particulièrement alarmé par la violence dirigée contre les civils et des gens qui ne participent plus aux hostilités".

L'ONG britannique Oxfam a aussi appelé à la paix, soulignant que "des milliers de familles vivant déjà dans une pauvreté extrême ont été chassées de chez elles et coupées de leurs moyens de subsistance".

Mais un délégué des rebelles aux pourparlers d'Addis Abeba a laissé entendre qu'une solution demanderait du temps.

"Je suis optimiste. Notre délégation s'y rend avec l'esprit ouvert", a dit Mabior Garang. Il a toutefois ajouté que les rebelles "doutaient de la sincérité du gouvernement'".

"Ils n'arrêtent pas de changer les règles du jeu et se refusent à libérer les détenus (pro Machar) mais nous devons d'abord nous réunir autour de la table des négociations et discuter d'une cessation des hostilités", a-t-il dit.

Un point d'achoppement est la libération de onze responsables proches de M. Machar pour qu'ils puissent participer aux discussions qui doivent porter sur l'établissement d'un cessez-le-feu et de ses mécanismes de vérification.

Les négociations ont débuté la semaine dernière en Ethiopie sous l'égide des pays de la région mais des pourparlers directs n'ont pas vraiment commencé entre les deux camps, chacun s'entretenant surtout séparément avec les médiateurs.

Dimanche, le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères avait réaffirmé que son pays était soucieux de voir "se poursuivre le processus politique visant à trouver une issue pacifique au conflit au Soudan du Sud".

Le Soudan du Sud a hérité de l'immense majorité des réserves pétrolières du Soudan d'avant sécession. Mais il reste dépendant du Soudan pour exporter et les taxes payées par Juba à Khartoum pour l'utilisation des oléoducs sont essentielles à l'économie soudanaise vacillante.

Depuis l'accès à l'indépendance du Sud, les relations entre Juba et Khartoum ont été source de nombreuses tensions allant jusqu'à des affrontements frontaliers sporadiques en 2012 et 2013 dans des régions pétrolières disputées.

Les relations ont cependant connu une amélioration à la faveur d'une rencontre en septembre entre les présidents Kiir et Béchir, qui ont décidé de mettre en oeuvre des accords sécuritaires et économiques.

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