Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Turquie: nouvelle défection dans le camp du pouvoir sur fond de scandale de corruption

Turquie: nouvelle défection dans le camp du pouvoir sur fond de scandale de corruption

Le scandale de corruption qui éclabousse le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a provoqué mardi une nouvelle défection dans le camp du pouvoir, alors que les inquiétudes persistent sur son impact économique malgré les assurances du gouvernement.

Deux semaines après le coup d'envoi de l'opération judiciaire qui fait tanguer le sommet de l'Etat turc, le député Hasan Hami Yildirim a claqué la porte du Parti de la justice et du développement (AKP) pour dénoncer des tentatives d'intimidation sur la justice et la police.

"La pression sur le procureur Muammer Akkas est inacceptable. Cette pression ne peut pas être considérée comme légitime dans un Etat de droit", a déclaré M. Yildirim sur son compte Twitter.

Dans une sortie publique inédite, ce magistrat a révélé la semaine dernière que la police judiciaire avait refusé d'exécuter les mandats d'arrêt qu'il avait délivrés contre une nouvelle charrette d'une trentaine d'hommes d'affaires et d'élus, tous réputés proches du pouvoir, avant d'être dessaisi du dossier.

Depuis le début du scandale, qui a provoqué la démission de trois ministres et un large remaniement ministériel, le gouvernement a purgé la haute hiérarchie de la police de plusieurs dizaines de ses hauts gradés, et nommé de nouveaux procureurs.

A trois mois des élections municipales, la tempête politico-judiciaire provoquée par cette affaire a déjà entraîné le départ de cinq députés de l'AKP, dont deux anciens ministres.

Si elle ne remet pas en cause la majorité dont l'AKP dispose à l'Assemblée (320 sièges sur 550), cette vague de départs a révélé des fractures au sein du camp islamo-conservateur, qui règne sans partage sur le pays depuis 2002.

Longtemps son alliée, la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen a récemment ouvert les hostilités avec le gouvernement pour dénoncer son projet de supprimer les écoles de soutien scolaire privées.

En retour, le Premier ministre a accusé ce mouvement, très influent dans la police et la magistrature turques, d'être à l'origine d'un "complot" visant, à travers cette enquête, à nuire à son gouvernement.

Mardi soir, M. Erdogan a profité de son message à la Nation de la Saint-Sylvestre pour dénoncer ce nouveau coup porté "aux espoirs, à l'avenir et à la liberté de notre pays", après la vague de manifestations qui a fait tanguer le pays en juin.

"Comme les manifestations de Gezi étaient cachées derrière un combat pour les arbres, les parcs et l'environnement, la conspiration du 17 décembre (date des premières arrestations, ndlr) est cachée derrière un combat contre la corruption", a-t-il dit, "cette conspiration est une tentative d'assassinat".

"C'est une tentative de mini-coup d'Etat", a lui aussi estimé mardi son vice-Premier ministre en charge de l'économie, Ali Babacan.

M. Babacan s'est aussi efforcé de rassurer les marchés sur les conséquences économiques de la crise actuelle, en confirmant sa prévision de croissance de 4% pour 2014.

Mais le rebond de la devise turque et de la bourse d'Istanbul observé lundi a été de courte durée.

Après avoir atteint son plus bas niveau historique à 2,17 livres (TL) pour un dollar la semaine dernière, la livre était remontée lundi à 2,1239 TL pour un dollar. Mais elle est repartie mardi à la baisse, s'échangeant à la clôture à 2,1475 TL pour un dollar.

Le principal indice de la bourse d'Istanbul (BIST 100) a, lui, conclu la séance à -0,27%. Il avait perdu plus de 8% la semaine dernière mais repris 6,42% lundi.

Le porte-parole du gouvernement Bülent Arinç a évalué lundi à "plus de 100 milliards de dollars" le coût de cette affaire sur l'économie.

Et de nombreux chef d'entreprises turcs ou établis en Turquie redoutent qu'il ne s'aggrave encore, au point d'affecter sérieusement le pays en 2014.

Dans un courriel de voeux à ses salariés révélé mardi dans la presse turque, Güler Sabanci, la patronne du groupe turc éponyme, a ainsi confié suivre les allégations de corruption et de fraudes poursuivies par la justice avec "préoccupation".

Après les manifestations de vendredi, parfois marquées par des échauffourées avec la police, les adversaires de M. Erdogan ont inauguré mardi une nouvelle forme de protestation.

Réunis pour dénoncer les violences subies par un jeune fraudeur du métro stambouliote, des centaines de manifestants sont descendus dans le métro à Istanbul, Ankara et Izmir (ouest) et en ont profité pour dénoncer la corruption du gouvernement aux cris de "Les voleurs rendront des comptes au peuple !"

bur-pa/mr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.