Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Après l'annonce des détenus de l'ETA, peut-être un pas vers un désarmement

Après l'annonce des détenus de l'ETA, peut-être un pas vers un désarmement

En laissant ses détenus négocier individuellement avec Madrid, renonçant à réclamer une amnistie collective, le groupe armé basque ETA, très affaibli, semble assouplir sa position et pourrait faire un premier pas sur le chemin d'un désarmement.

Le collectif des prisonniers EPPK, représentant les militants du groupe indépendantiste dispersés dans les prisons espagnoles et françaises, a annoncé samedi qu'il serait prêt à "étudier la possibilité d'un processus permettant un retour à la maison en différentes étapes, par des engagements individuels".

Un message salué par la gauche indépendantiste du Pays Basque, largement représentée depuis 2011 dans la vie politique locale, après avoir rejeté la violence. Le gouvernement régional, dominé par les nationalistes conservateurs, a, lui, reconnu un infléchissement dans le discours de l'ETA mais l'a appelé à faire plus.

Pour la première fois, les prisonniers évoquent de possibles démarches individuelles en vue d'une libération. Jusqu'à présent, ils refusaient de se plier au système des bénéfices pénitentiaires, considérant leur détention comme illégale.

"Nous pourrions accepter que notre retour à la maison - notre libération et en priorité notre transfert vers le Pays Basque - se fasse par les voies légales, même si cela signifiait implicitement que nous acceptions notre sentence", affirme le collectif.

Les prisonniers ajoutent "reconnaître les souffrances et les dommages causés par le conflit" et entérinent l'abandon de la lutte armée annoncée il y a deux ans par l'ETA: "A l'avenir, en vue de la liberté d'Euskal Herria (le Pays Basque), nous utiliserons des voies et des méthodes politiques et démocratiques, en accord avec les décisions qui ont été prises en ce sens", écrivent-ils.

Le comité ne fait aucune mention d'une demande de négociation avec les gouvernements espagnol et français sur le sort des détenus, dont l'ETA fait depuis deux ans la condition d'une avancée vers le désarmement.

Après 40 ans de lutte pour l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre, le groupe, rendu responsable de la mort de 829 personnes, avait annoncé le 20 octobre 2011 qu'il renonçait à la violence, sans déposer les armes comme le réclament Madrid et Paris.

Le gouvernement de droite espagnol, qui maintient une politique pénitentiaire intransigeante envers les détenus de l'ETA et ne cesse de réclamer la "dissolution" sans conditions du groupe, est cette fois resté muet.

Au Pays Basque, le président de la région, le nationaliste conservateur Iñigo Urkullu, a pourtant reconnu lundi des "changements significatifs" dans l'attitude des prisonniers, tout en réclamant le désarmement "urgent" de l'ETA.

Le parti indépendantiste Sortu, créé par d'anciens militants du parti interdit Batasuna, a, lui, interprété le message de l'EPPK comme "un avant et un après pour un changement de la politique pénitentiaire" menée par Madrid et "un apport de premier plan dans le processus de résolution du conflit politique basque".

Selon le comité de soutien aux détenus de l'ETA Etxerat, les prisonniers qui n'ont pas rompu avec le groupe sont actuellement au nombre de 520, dispersés pour la plupart dans 79 prisons d'Espagne et de France.

Plusieurs dizaines d'autres ont retrouvé la liberté depuis le mois d'octobre, après une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme qui a remis en cause un système d'application des peines controversé pratiqué par l'Espagne depuis 2006.

Dans un contexte très sensible - la mémoire des attentats, dont le dernier remonte à 2009, reste très vive en Espagne et la décision de justice a soulevé la colère des victimes -, les réseaux de soutien aux prisonniers appellent à une grande mobilisation le 11 janvier à Bilbao, au Pays Basque, comme chaque année à cette date.

Le site d'information en ligne El Confidencial affirmait le 16 décembre que l'ETA pourrait justement, avant cette date symbolique, "déposer une partie de son arsenal d'armes et d'explosifs", en dévoilant les coordonnées de ses caches d'armes en territoire français.

D'autres estiment que cette étape majeure prendra encore du temps. "Je ne vois pas la situation suffisamment mûre pour que se produise un pas déterminant de l'ETA en matière de désarmement", estimait Paul Rios, porte-parole de l'association nationaliste Lokarri, qui oeuvre pour un "processus de paix" au Pays Basque.

sg-elc/plh

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.