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Yasukuni: Pékin doit prendre des mesures de rétorsion (média d'Etat chinois)

Yasukuni: Pékin doit prendre des mesures de rétorsion (média d'Etat chinois)

La Chine doit prendre des mesures de rétorsion, "même excessives", après la visite du Premier ministre japonais Shinzo Abe au sanctuaire de Yasukuni, estimait vendredi un média d'Etat chinois, tandis que des analystes pointaient le danger d'une escalade des tensions.

"Les gens en ont assez des +vives condamnations+ futiles et toujours pareilles", écrivait le quotidien Global Times dans un éditorial, citant la protestation officielle émise par le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.

Wang avait fait état jeudi de sa "vive condamnation" après le geste de Shinzo Abe, premier chef de gouvernement nippon depuis 2006 à se rendre au sanctuaire controversé de Yasukuni au coeur de Tokyo.

Yasukuni, un sanctuaire shintoïste, honore les 2,5 millions de soldats morts pour le Japon durant les guerres modernes, mais abrite aussi les noms de 14 criminels de guerre condamnés en 1946 et symbolise ainsi le passé militariste japonais.

"La Chine doit prendre des contre-mesures appropriées et même légèrement excessives", sous peine "d'apparaître comme un tigre de papier", a poursuivi le journal, réputé pour son ton nationaliste.

Le quotidien suggère ainsi de "mettre Abe et ses hommes de main", dont les ministres et députés qui ont rendu visite cette année au sanctuaire, sur une "liste noire" de personnes "totalement indésirables" et leur interdire toute visite en Chine durant cinq ans.

Il s'agirait d'un "avertissement pour la prochaine génération de politiciens japonais", conclut le journal, demandant que le Premier ministre japonais soit considéré "comme les terroristes et les fascistes".

De son côté, la Corée du sud, qui a elle aussi souffert des exactions nippones durant la deuxième guerre mondiale, avait exprimé "sa colère" après la visite "anachronique" d'Abe.

Vendredi, des manifestants, âgés pour la plupart d'une soixantaine d'années ou davantage, se sont réunis à Séoul pour scander des slogans contre Abe et demander le boycott des produits nippons.

Des échauffourées ont éclaté avec les forces de police, quand celles-ci ont tenté d'empêcher que soient brûlés des drapeaux japonais.

Des scènes similaires ont été observées à Hong Kong, où des manifestants ont mis le feu à des drapeaux de l'armée japonaise, mais aussi à des portraits du général de la deuxième guerre mondiale Hideki Toko et d'Abe lui-même.

Pour les analystes, la visite d'Abe à Yasukuni témoigne de sa volonté de faire effectuer un tournant à droite au pays, et pourrait exacerber les tensions géopolitiques déjà vives en Asie du nord-est.

Les relations entre Tokyo et Pékin se sont sérieusement dégradées depuis plus d'un an en raison d'une querelle de souveraineté sur des îles inhabitées en mer de Chine orientale, administrées par le Japon sous le nom de Senkaku mais revendiquées par la Chine sous celui de Diaoyu.

Dans un commentaire publié vendredi, le Quotidien de l'Armée populaire de libération a estimé que cette visite au sanctuaire controversé "montre encore une fois l'impunité avec laquelle Abe s'avance dans la voie droitiste", y voyant "un signal très dangereux".

Les criminels de guerre honorés à Yasukuni sont "des diables, des bouchers, des bourreaux, qui avaient du sang sur les mains, et qui ont bouleversé les existences de millions de personnes en Asie", a poursuivi le journal.

L'invasion de la Chine par le Japon dans les années trente a fait plusieurs millions de morts dans la population chinoise et a été marquée par de nombreuses atrocités de la part des troupes japonaises.

"Je pense que c'est extrêmement irresponsable" de la part d'Abe, a commenté Jia Qingguo, expert en relations internationales à l'université de Pékin.

"Peut-être croit-il vraiment que l'histoire de la deuxième guerre mondiale a été distordue par le reste du monde" mais il devrait être "conscient des conséquences négatives" de ses actes, a indiqué M. Jia à l'AFP.

Alors que les autorités japonaises avaient avancé qu'il s'agissait d'une visite à titre privé, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a estimé vendredi que cet argument était "faible et ne valait même pas qu'on prenne la peine de le réfuter".

"Tout ce que nous voyons, c'est l'hypocrisie et les contradictions" du Premier ministre nippon, a ajouté Mme Hua, tout en refusant de s'exprimer sur les mesures spécifiques que Pékin pourrait adopter.

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