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Jésus au cinéma (PHOTOS)

Jésus au cinéma (PHOTOS)
Courtoisie

La figure de Jésus Christ a depuis longtemps fasciné le 7e Art. Tous les 25 décembre, on nous annonce une énième adaptation. La dernière en date est celle des studios Lionsgate qui préparent pour 2014 une version sur pellicule du best-seller Zealot de l’universitaire américano-iranien Reza Asla.

Il faut dire que l’homme – Fils de Dieu – est connu de tout le monde et son histoire libre de droits est une aubaine pour les producteurs qui n’ont rien à faire de plus que de financer des projets qui relatent un parcours de vie idéal pour le cinéma. Car tout y est déjà ou presque, miracles compris.

On y retrouve à la fois de l’amour (envers son prochain, il va sans dire), de la trahison et de la rédemption. Sans oublier une conclusion apothéotique des plus bouleversantes. Même si la fin n’est pas à proprement parler un «happy ending», la vie du Christ devient au cinéma une parabole universelle.

Les premiers cinéastes à le mettre en scène l’auront d’ailleurs bien compris. Dès le début de 20e siècle, ils se contenteront en bons catéchistes de raconter simplement sa vie comme les évangiles nous la décrivent : la naissance à Bethléem, les sermons sur les collines de Judée, la Passion à Jérusalem et enfin la crucifixion sur le Golgotha. Le Jésus «occidentalisé» que l’on s’est toujours imaginé prend soudainement vie sous nos yeux. Il est blanc aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus, le regard doux et le visage émacié. Une représentation qui ne changera guère tout au long des prochaines décennies.

Le film qui représente le mieux cette vision conforme à l’imagerie populaire est sans nul doute De la crèche à la croix de l’Américain Sidney Olcott (1912). L’œuvre qui relaye paroles bibliques et courtes séquences filmiques s’inscrit dans la pure tradition des films de l’époque.

Même si le rendu semble avoir beaucoup vieilli avec le temps – l’équipe de tournage s’était rendue jusqu’en Palestine et en Égypte pour filmer les acteurs dans un milieu moyen-oriental naturel – le long métrage fut à sa sortie un immense événement cinématographique. Première grosse production hollywoodienne à traiter de la vie de Jésus sur grand écran, le public s’est d’ailleurs déplacé en grand nombre pour aller le voir en salles.

Les longs métrages sur le Christ qui suivent alternent entre des essais plus stricts à tendances éducatives (Golgotha en 1935 du réalisateur français Julien Duvivier) aux grandes épopées historiques (Le Roi des rois en 1927 de Cecil B. DeMille). Certains comme Nicholas Ray iront en 1961 jusqu’à tenter le genre péplum avec sa fresque religieuse Le Roi des rois. En dépit des styles et de l’évolution du muet au parlant, les premières œuvres cinématographiques qui mettent en scène le Christ s’avèrent n’être au final que des variations sur un même thème, sans surprise.

Et puis, la figure christique n’a pas toujours besoin d’être visible. Dans Ben Hur (1959), le réalisateur William Wyler ne montre le fameux personnage uniquement de dos. Pourtant sa présence se fait sentir tout au long du film. Son influence est certaine, puisqu’il arrivera à changer le cours des événements. Ici, c’est le message qui compte.

Jésus à toutes les sauces

Il faudra attendre Pier Paolo Pasolini avec son dorénavant classique L’Évangile selon saint Matthieu pour enfin goûter à quelque chose de plus audacieux. Le cinéaste italien tourne le dos à tout ce qui s’est fait auparavant sur le Christ et réalise en 1964 une œuvre totalement inclassable. Tourné dans la campagne pauvre du sud de l’Italie, L’Évangile selon saint Matthieu est interprété par des acteurs non professionnels, ce qui donne à l’ensemble une atmosphère emplie de sobriété et de simplicité.

Mais sous l’œil du réalisateur, Jésus se transforme soudainement en militant qui prône l’insurrection. On est loin de la figure paternaliste et angélique d’alors. On a là à faire à un révolutionnaire. Le long métrage a eu un grand succès public lors sa sortie en salles et il est aujourd’hui considéré par certains critiques comme l’un des meilleurs films christiques.

Il faut dire que Pasolini n’a pas seulement réalisé une œuvre novatrice et atypique, il a aussi brisé un tabou, puisque dorénavant, les réalisateurs peuvent se libérer du dogmatisme en proposant leur propre vision du personnage.

La preuve avec Jésus Christ, Superstar de Norman Jewison (1973). Version hippie d’un prophète aux allures très californiennes, cette adaptation de l’opéra rock conçu en 1971 par Tim Rice et Andrew Lloyd-Webber est une comédie musicale tendance rebelle qui raconte les sept derniers jours de la vie de Jésus selon le point de vue de Judas.

L’œuvre éclatée et bourrée d’anachronismes (Judas se fait poursuivre par un tank!) n’a pas plu à tout le monde. Les groupes religieux criant au blasphème. De leur côté, les Monty Pithon iront encore plus loin dans la satire en signant La Vie de Brian (1979) qui s’attarde cette fois sur la destinée d’un jeune juif devenu prophète par erreur. Celui-ci finira également crucifié tout en fredonnant qu’il faut prendre la vie du bon pied.

Scorsese soulève la colère des fanatiques

Mais la bombe intitulée La Dernière tentation du Christ viendra en 1988 du réalisateur américain Martin Scorsese. Adapté du sulfureux roman de Nikos Kazantzakis publié en 1955, le long métrage s’intéresse à la vie de Jésus non plus comme une finalité, mais au contraire, comme un prétexte pour révéler les angoisses et les doutes de l’esprit humain.

Jésus joué par Willem Dafoe est en effet tiraillé par une envie terrestre irrésistible : celle de vivre une vie d’homme simple. Il cède à la tentation que lui propose alors un ange (ou Satan?). Il épouse alors Marie-Madeleine tout en restant sujet à de nombreuses remises en cause existentielle avant d’accepter finalement de mourir sur la croix, le sourire aux lèvres.

N’en déplaise aux fanatiques religieux qui se déchaineront sur le travail de Scorsese, La Dernière tentation du Christ demeure sans conteste une œuvre superbe au relent érotico-mystique, ce qui vaudra au cinéaste une nomination aux Oscars pour le prix du meilleur réalisateur.

Le film est pourtant dès sa sortie très controversé. Les groupes religieux menacent de sévir et des pays comme le Mexique, le Chili et les Philippines l’interdisent tout simplement. Le 22 octobre 1988, des fondamentalistes catholiques incendient un cinéma parisien faisant plusieurs blessés, dont quelques-uns très graves.

Au Québec, Denis Arcand propose en 1989 Jésus de Montréal. Le réalisateur réussit un tour de force. Il transforme le Jésus de l’antiquité en Jésus citoyen moderne, urbain et très actuel, sans pour autant sacrifier le message biblique. Au même titre que La Dernière tentation du Christ, le personnage devient un prétexte pour dénoncer les tares de nos sociétés contemporaines et leur manque de solidarité.

Paradoxalement, le dernier film marquant sur Jésus est un véritable retour en arrière. La Passion du Christ du très conservateur Mel Gibson s’attarde à raconter exclusivement en araméen et en latin les douze dernières heures d’un prophète redevenu alors plus consensuel sur le fond.

Toutefois, sur la forme, le film sorti en 2004 ne lésine pas sur les images-chocs pour représenter d’une manière crue et ultra-violente les dernières heures du prophète. Entre souffrances et douleurs, le long métrage qui a fait couler beaucoup d’encre et d’hémoglobine présente le calvaire insoutenable d’un Christ ensanglanté et malmené presque du début jusqu’à la fin par une foule en furie. À chacun son Jésus.

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