La Turquie a officiellement réhabilité le chanteur contestataire d'origine kurde Ahmet Kaya, mort en 2000 en exil en France, en lui attribuant mardi une récompense à titre posthume.
Le président turc Abdullah Gül a remis à Ankara à l'occasion d'une cérémonie au palais présidentiel le Grand Prix présidentiel de l'Art et de la Culture à Gülten Kaya, la veuve de l'artiste, autrefois villipendé par les milieux nationalistes pour vouloir chanter dans sa langue maternelle.
Le chanteur et compositeur, décédé d'une crise cardiaque à Paris à l'âge de 43 ans, est salué pour "l'effet unificateur" de son oeuvre et de son discours entre les communautés kurde et turque de Turquie.
Ahmet Kaya a connu le succès au milieu des années 1980 en Turquie. En 1999, lors d'une remise de prix de chanson à Istanbul, il avait annoncé son intention d'enregistrer en Kurde, provoquant l'ire de ses pairs et de l'opinion publique turque meurtrie par une rébellion séparatiste kurde sanglante.
L'incident a entraîné une poursuite judiciaire et une pression médiatique visant l'artiste, qui s'est exilé en France où il est décédé et où il est enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Depuis, la Turquie a entrepris d'importantes réformes en faveur de la communauté kurde, légalisant l'usage de sa langue, et une chaîne de la télévision publique émet aujourd'hui exclusivement en kurde.
BA/ros