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En Inde, une mortalité infantile encore élevée mais qui baisse rapidement

En Inde, une mortalité infantile encore élevée mais qui baisse rapidement

A 25 ans, Suman Chandel a déjà perdu deux bébés à cause de diarrhée et de dysenterie mais cette fois, quelques heures après son accouchement, cette jeune Indienne espère garder son nouveau-né, illustrant les progrès de la lutte contre la mortalité infantile dans le pays.

Son quatrième enfant - un garçon - pèse 3 kgs, semble en bonne santé et Chandel, installée sur un lit d'une clinique d'une région reculée du nord de l'Inde, est optimiste sur ses chances de survie.

"J'étais très inquiète auparavant. A chaque accouchement, les problèmes se sont multipliés mais cette fois il semble en bonne santé et je suis heureuse", explique-t-elle..

Mariée à 15 ans et enceinte trois ans plus tard, Chandel a connu une existence semblable à celle de millions de femmes de l'Inde rurale, confrontées à des maladies, des discriminations fondées sur la caste et à la pauvreté.

L'Inde a longtemps détenu le triste record de mortalité infantile due à des maladies évitables. Le pays représente encore 29% des décès mondiaux de nouveaux nés dans les premiers jours, soit 309.000 bébés par an, selon l'ONG Save the Children.

Mais les chiffres officiels publiés en octobre suggèrent que l'Inde pourrait avoir franchi un cap après 15 ans de forte croissance économique et de modernisation.

"Il reste un long chemin à parcourir et les traditions sont toujours bien ancrées. Mais les progrès ont été énormes et les efforts gigantesques", explique Karin Hulshof, directrice régionale de l'Unicef, à l'AFP.

Ces efforts ont ainsi porté sur l'incitation à accoucher à l'hôpital plutôt qu'à domicile, la multiplication des centres de santé, l'encouragement à l'allaitement, la vaccination, l'amélioration de la nutrition ou le lavage des mains, crucial pour éviter les diarrhées.

Ainsi le taux de mortalité infantile est tombé de 80 pour 1.000 en 1990 à 42 pour 1.000 en 2012, relève Paul Vinod, chef du service de pédiatrie de l'un des plus prestigieux hôpitaux indiens, l'AIIMS à New Delhi.

L'Inde représente cependant toujours 22% des décès d'enfants de moins de 5 ans dans le monde et plus d'un quart des décès de nouveaux-nés, selon un rapport conjoint de l'Onu, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Banque mondiale publié en 2013.

Les dépenses de santé restent faibles puisqu'elles ne s'élèvent qu'à 1,2% du PIB, contre 8% à 10% pour certains pays développés, selon le professeur Vinod.

Les chances de survie varient aussi largement selon le lieu de résidence. Ainsi dans le Kerala (sud), le taux de mortalité infantile est de 12 pour 1.000 mais de 56 pour 1.000 dans l'Etat du Madhya Pradesh, où vit la jeune Chandel.

Traditions culturelles, densité, priorité plus ou moins forte accordée par ces Etats aux questions de santé ou place de la femme expliquent ces différences, selon les experts.

"Ces femmes sont incapables de décider seules de leur fécondité", relève une haute fonctionnaire du ministère de la Santé, Anuradha Gupta.

"Le changement des mentalités et des habitudes des adolescents, en particulier les filles, constitue une énorme bataille", dit cette fonctionnaire dans un entretien à l'ONG Jhpiego.

L'hôpital de Shivpuri, où la jeune Chandel a accouché, a développé avec l'Unicef un centre d'appels ouvert 24H/24 et possède 35 ambulances permettant aux femmes de la région d'atteindre un hôpital ou une clinique dans un délai assez court.

La mortalité infantile y a diminué fortement mais des problèmes persistent.

Dans la salle d'accouchement, une femme recouverte d'une couverture ne bouge pas, à peine consciente. Elle a perdu son bébé peu après l'accouchement à domicile et elle a eu des complications.

"C'est peut être une hémorragie cérébrale. Elle va devoir aller à Gwalior (une ville proche) car nous n'avons pas l'équipement nécessaire ici", dit un médecin.

Non loin, Sunil Gautam veille sur des bébés rachitiques dans une salle spéciale financée par l'Unicef. Il désigne l'un d'eux, qui pesait 600 grammes à la naissance, moins de la moitié du poids minimum pour un bébé en bonne santé.

"Il est à 800 grammes aujourd'hui!", s'exclame le pédiatre.

Les raisons de la mauvaise santé de ces bébés sont bien connues: "La pauvreté, l'illettrisme, la malnutrition, le mariage précoce et des accouchements qui s'enchaînent", dit-il.

"Les choses s'améliorent, évoluent, mais c'est lent", ajoute le médecin.

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