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Pour l'opposition, le Nigeria entre dans une nouvelle ère démocratique

Pour l'opposition, le Nigeria entre dans une nouvelle ère démocratique

Le Nigeria est désormais doté d'une démocratie plus responsable, le parti présidentiel ayant perdu la majorité absolue qu'il détenait à la Chambre basse depuis la fin des dictatures militaires en 1999, a estimé jeudi l'opposition nigériane.

Trente-sept députés du Parti Démocratique populaire (PDP, au pouvoir) ont déclaré rejoindre le Congrès des progressistes (APC) mercredi, privant ainsi le PDP de sa majorité absolue. Le PDP n'a plus désormais que 171 sièges sur 360 dans la Chambre basse du parlement.

"C'est une lueur d'espoir, au bout de 14 ans", a déclaré à l'AFP Lai Mohammed, porte-parole de l'APC, faisant référence au contrôle total du pouvoir par le PDP depuis 1999.

"Le PDP ne peut plus considérer l'électorat comme acquis", estime M. Mohammed. "Nous devrions être dotés d'une démocratie (...) plus responsable".

Le nombre des soutiens du président Goodluck Jonathan au sein de sa propre formation politique n'a cessé de diminuer ces derniers mois.

Cinq gouverneurs influents du PDP avaient déjà annoncé leur ralliement à l'APC, principale coalition d'opposition, en novembre.

Les députés qui ont rallié l'APC ont rédigé une pétition afin d'empêcher que leurs sièges soient déclarés vacants par la justice, une démarche juridique à laquelle pourrait recourir le PDP.

La pétition, vue par l'AFP, contient aussi les noms de 22 sénateurs du PDP de la Chambre haute du parlement, ce qui laisse à croire qu'ils pourraient aussi faire défection.

La Chambre haute comprend 74 sénateurs membres du PDP, sur un total de 109. Si le parti du président y perd aussi la majorité, la crise qu'il traverse pourrait s'aggraver, et entraîner Goodluck Jonathan avec elle.

Pour les experts, il est trop tôt pour célébrer une nouvelle ère politique et chacun s'interroge sur les motivations de l'APC à combattre la corruption, notamment, dans un pays où la classe politique est une des plus corrompues au monde.

"Il n'y a aucune différence idéologique entre les deux partis", selon Debo Adeniran, de la Coalition contre les dirigeants corrompus, une ONG basée à Lagos.

Les députés ont quitté le PDP parce qu'ils étaient "mécontents" de leur parti, et ils ont recours à "des singeries" pour faire évoluer leur propre carrière, pense M. Adeniran.

Le dirigeant de l'APC, Bola Tinubu, est accusé d'avoir volé des ressources publiques lorsqu'il était gouverneur de l'État du Lagos, entre 1999 et 2007.

Un autre dirigeant haut placé du parti, et potentiel candidat aux élections présidentielles de 2015, est Muhammadu Buhari. Il a dirigé le Nigeria, à l'époque une dictature militaire, d'une main de fer entre 1983 et 1985.

Selon l'APC, le PDP est en crise parce que le président Jonathan n'a pas réussi à freiner la corruption galopante qui mine le pays, ni à améliorer les infrastructures, ni à mettre fin aux nombreuses coupures d'électricité. Il a aussi échoué à combattre Boko Haram, un groupe islamiste qui a tué des milliers de personnes depuis sa création en 2009, dénonce le parti d'opposition.

Mais selon les experts, la vraie question qui divise au sein du parti présidentiel est celle du scrutin de 2015.

Le président devrait être candidat à sa propre succession, bien qu'il ne l'ait pas encore annoncé. Mais des factions au sein du PDP s'y opposent, réclamant qu'il cède la place à un candidat musulman originaire du nord du pays, pour respecter la règle tacite de l'alternance des candidats, entre un natif du Nord majoritairement musulman et un candidat du Sud à dominante chrétienne, ce qui est le cas de M. Jonathan.

Le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique avec 170 millions d'habitants et le premier producteur de pétrole du continent.

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