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Fragilisé par l'opération anticorruption, Erdogan poursuit les purges dans la police

Fragilisé par l'opération anticorruption, Erdogan poursuit les purges dans la police

La tempête politique déclenchée mardi par l'opération anti-corruption contre des proches du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a continué à faire des vagues jeudi en Turquie, avec l'éviction par le gouvernement du préfet de police d'Istanbul.

Comme une bonne trentaine d'autres hauts gradés déjà, Hüseyin Capkin a été remercié sèchement, sur fond de guerre fratricide entre le pouvoir et la toute-puissante confrérie du prédicateur musulman Fetullah Gülen à quatre mois des élections municipales.

Le grand patron de la police stambouliote a lui-même confirmé son départ à la presse qui faisait le siège de la direction de la sûreté. "J'ai servi ici avec honneur ces derniers quatre ans et demi. On m'a demandé de rentrer au siège (Ankara), c'est tout", a-t-il lâché.

Le gouvernement ne s'est pas immédiatement exprimé jeudi sur le cas de M. Capkin. Mais la veille, M. Erdogan a justifié les purges en cours en accusant les policiers sanctionnés d'avoir "abusé de leurs pouvoirs".

Plus explicite, le vice-Premier ministre Bülent Arinç a expliqué qu'ils n'avaient pas prévenu leur hiérarchie de l'enquête en cours.

Sur ordre d'un procureur d'Istanbul, plusieurs dizaines de personnes soupçonnées de corruption, de fraude et de blanchiment d'argent ont été interpellées mardi à l'aube dans un coup de filet spectaculaire mené à Istanbul et Ankara.

La personnalité des mis en cause a donné un tour très politique à cette affaire.

Parmi eux figurent les fils des trois ministres de l'Economie, de l'Intérieur et de l'Environnement, le patron de la banque publique Halk Bankasi, Suleyman Aslan, des patrons, des hommes d'affaires et le maire du district stambouliote de Fatih, Mustafa Demir, membre du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir.

Les premières des 41 personnes toujours gardées à vue ont commencé jeudi à la mi-journée à être déférées au procureur, qui doit statuer sur leur placement en détention.

Douze suspects ont été libérés jeudi soir par les juges qui les ont entendus, tandis que les procureurs ont demandé que sept autres accusés soient mis en examen et placés en détention préventive, a indiqué la chaîne d'information NTV.

Directement mis en cause par l'opposition qui a exigé sa démission, M. Erdogan a attribué mercredi la paternité de cette affaire à un "Etat dans l'Etat" responsable d'une "sale opération" contre son gouvernement.

Remaniement

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Le chef du gouvernement n'a pas nommé clairement son adversaire. Mais depuis mardi, les observateurs turcs considèrent cette affaire comme un nouvel épisode du conflit qui oppose le pouvoir à ses ex-alliés de la confrérie Gülen, très influente dans la police et la magistrature.

Alliée de l'AKP depuis son arrivée au pouvoir en 2002, l'organisation a rompu avec lui pour dénoncer la décision du gouvernement de supprimer les écoles de soutien scolaire privées, une de ses principales sources de financement.

Par la voix d'un de ses avocats, Orhan Erdemli, Fetullah Gülen, qui vit aux Etats-Unis, a assuré mercredi soir n'avoir "rien à voir ni aucune information sur les investigations en cours ou les personnes qui en sont chargées".

Depuis trois jours, la révélation quotidienne des turpitudes de ces personnalités proches du pouvoir a créé une onde de choc en Turquie et fragilisé M. Erdogan, qui a lancé ces derniers jours la campagne de son parti pour les élections municipales de mars.

Depuis mardi, ses adversaires et de nombreux éditorialistes se déchaînent pour dénoncer la "folie du billet vert" qui s'est emparée du gouvernement et rappellent son affairisme immobilier, déjà dénoncé lors de la fronde de juin dernier.

De l'avis de nombreux observateurs, le prix électoral de cette affaire pourrait s'avérer élevé pour le chef du gouvernement.

Face à cette menace, le Premier ministre pourrait profiter du remaniement ministériel, prévu pour remplacer les ministres candidats aux municipales, afin de se débarrasser en même temps des trois membres de son gouvernement mis en cause, selon des sources proches du pouvoir.

BA-pa/plh

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