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«Le meilleur de mon cinéma»: Marc-André Lussier, compagnon du 7e art

«Le meilleur de mon cinéma»: Marc-André Lussier, compagnon du 7e art
Ismael Houdassine

Depuis qu’il fait le métier de critique, le cinéphile Marc-André Lussier a toujours vu le cinéma comme un véritable continent à découvrir. Jamais lassé, jamais blasé, l’homme que l’on peut lire dans les pages du quotidien La Presse vient d’écrire un joli bouquin où sont réunis ses souvenirs les plus marquants. Sans enflure ni vantardise, Le meilleur de mon cinéma se veut donc la somme de tout l’amour que porte son auteur pour cette chose qu’est le septième art. Entrevue.

On rencontre Marc-André Lussier à la cafétéria de La Presse. Un petit sourire qui s’efforce sans grand succès de dissimuler une douce timidité, lui qui a l’habitude pourtant de rencontrer et d’interviewer toutes ces impressionnantes vedettes du grand écran. À défaut d’avoir pris la grosse tête, le critique gêné par les compliments demeure chaleureux et fort sympathique.

Son livre lui ressemble bien sûr, évitant la prétention de dire ce qui est bon ou mauvais, il l’a d’abord voulu comme une incursion ludique dans ses coups de cœur cinématographiques, plus de 300 en 30 ans tout de même! À la première lecture, les connaisseurs ne seront pas étonnés de trouver des œuvres jugées évidentes : Le choix de Sophie d’Alan J. Pakula, Paris Texas de Wim Wenders, Le Déclin de l’empire américain de Denys Arcand ou Le Parain de Francis Ford Coppola. D’autres, plus orthodoxes, risquent de froncer les sourcils à la vue de certains titres comme Titanic de James Cameron ou Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson.

«L’objectif n’est pas académique. Je suis seulement parti de mes listes personnelles des dix meilleurs films de l’année, explique-t-il. Le livre est constitué des œuvres qui m’ont touché durant ma carrière. J’ai toujours été contre le sectarisme. La critique a souvent tendance à tomber dans le genre de schéma films d’auteur versus films commerciaux. Pour ma part, j’estime qu’il peut exister de très bons films commerciaux et de très mauvais films d’auteur. Il faut faire la part des choses».

Ainsi, chaque chapitre de l’ouvrage est sobrement titré par une année qui va de 1983 pour terminer en 2012. Au fil des pages, l’auteur reprend les œuvres qui l’ont marqué suivi d’une courte critique écrite lors des sorties en salles avec par moments quelques annotations ou mise en contexte. «Avant d’être critique, j’établissais mes propres listes par pur plaisir. Je commentais les films que j’allais voir dans les cinémas. J’ai eu l’idée de faire ce livre quand je suis retourné par hasard sur d’anciens palmarès».

Lussier garde une certaine nostalgie de la grande époque où Montréal était encore une plaque tournante pour le cinéma de répertoire dans les années 70. «Une période effervescente qui m’a permis de me construire une culture cinématographique forte et variée».

Toutefois, son regard devient lucide lorsqu’il est question d’aborder les transformations parfois drastiques qu’a connues l’industrie ces dernières années. «Aujourd’hui, les choses ont bien changé, le public préfère regarder les films chez lui devant sa télévision ou son ordinateur en désertant les salles».

À ce titre, le livre fait état de plusieurs coups de gueule de la part de son auteur. On pense tout de suite au Festival des films du monde (FFM) qui a fini à cause de l’obstination et l’entêtement de son directeur par devenir l’ombre de lui-même, plaçant Montréal en dehors des circuits mondiaux. «Cette situation me rend triste, dans la mesure où cela aurait pu être évité».

Le regretté Truffaut

En complément, les lecteurs découvriront des textes que Lussier a sortis de ses archives. Des rencontres, des entrevues ou des chroniques viennent par conséquent agrémenter l’ensemble d’anecdotes. Tel ce passage très touchant sur François Truffaut, le réalisateur français qui lui a fait aimer en premier le cinéma. «Je ne l’ai jamais rencontré, mais j’avais tenu pour le 25e anniversaire de sa mort à aller me recueillir sur sa tombe, au cimetière de Montmartre à Paris. Il pleuvait, j’étais seul et je lui ai dit merci».

Cette reconnaissance, Lussier la cultive pour d’autres artistes du cinéma pour qui il porte une profonde admiration. Catherine Deneuve, William Hurt, Woody Allen, Gérard Depardieu, Roy Dupuis, Pedro Almodóvar et les autres, autant d’étoiles qu’il a eu la chance de croiser.

«Quand on commence dans ce genre carrière, c’est toujours saisissant de rencontrer des grands du cinéma. Au début, les genoux claquent un petit peu avant les entrevues. Mais on s’y fait rapidement. À force de jaser avec ces gens, on se rend vite compte qu’ils sont finalement comme tout le monde».

Même si le critique sait bien que les strass et les paillettes entourant l’industrie font en quelque sorte partie du jeu, le cinéma reste selon lui un art véritable. «Je continue de privilégier l’œuvre, car ce sont les talents qui me fascinent avant tout. Ce sont eux qui nourrissent les discussions les plus intéressantes».

Le meilleur de mon cinéma(Les 300 films incontournables des 30 dernières années) par Marc-André Lussier – Les Éditions La Presse – Parution, le 04 novembre 2013 – 22,95$ – 288 pages.

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