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Centrafrique: bras de fer à la tête de l'exécutif, la France attend ses allliés européens

Centrafrique: bras de fer à la tête de l'exécutif, la France attend ses allliés européens

Les deux principaux dirigeants centrafricains devaient amorcer mercredi une tentative de conciliation pour régler les tensions à la tête de l'exécutif qui menacent d'aggraver l'instabilité en Centrafrique, où plusieurs pays européens pourraient envoyer des troupes au sol en soutien aux soldats français selon Paris.

Le président Michel Djotodia, qui a pris le pouvoir en mars 2013 à la tête de l'ex-rébellion Séléka, et son Premier ministre Nicolas Tiangaye, issu de l'opposition démocratique, ont prévu de se rencontrer dans l'après-midi à Bangui, en présence de médiateurs africains.

La rencontre se déroulera en présence de représentants du médiateur congolais (le président Denis Sassou Nguesso) et de l'Union africaine (UA), selon une source proche du gouvernement.

L'objectif de cette "réunion de conciliation" est de mettre fin au conflit politique entre les deux hommes, après le limogeage dimanche par le président Djotodia de trois ministres et du directeur du budget.

Cette décision, prise par décret et sans concertation avec M. Tiangaye, a été vivement contestée par les proches du Premier ministre et les partisans du président déchu François Bozizé, qui comptent quelques représentants au sein du gouvernement.

La France y a vu une décision contredisant les accords sur la transition et "de nature à aggraver encore l'instabilité" dans le pays, plongé depuis deux semaines dans des violences inter-religieuses à grande échelle entre chrétiens et musulmans.

Cette polémique a révélé au grand jour les vives tensions à la tête de l'exécutif, et sans doute la marginalisation croissante du Premier ministre Tiangaye, unique caution démocratique de ce gouvernement dans les faits largement dominé par les ex-rebelles de la Séléka.

M. Tiangaye s'est vu obligé de fuir sa résidence de Bangui, pillée lors des derniers évènements, et vit aujourd'hui réfugié sur l'aéroport, sous la protection des militaires de la force africaine.

La Centrafrique est plongée dans l'anarchie et le chaos depuis la prise du pouvoir en mars 2013 par la Séléka, une coalition hétéroclite de groupes armés musulmans venus du nord du pays.

Après des mois d'exactions en tous genres des Séléka sur les populations chrétiennes, les violences inter-religieuses se sont déchainées le 5 décembre et les jours suivants, à la faveur d'une attaque de milices chrétiennes sur Bangui, et des représailles sanglantes de la Séléka qui ont suivi.

Ces évènements ont précipité l'intervention militaire de la France, avec 1.600 soldats qui tentent depuis lors de désarmer les belligérants et opèrent en soutien à une force africaine (Misca) d'environ 3.000 militaires.

Après avoir désarmé en priorité les combattants de l'ex-Séléka, l'armée française a visé mardi les milices chrétiennes "anti-balaka" (anti-machettes) dans une opération de "sécurisation" dans le quartier de Boy-Rabe, fief du président déchu Bozizé et bastion des anti-balaka.

Le commandement français a promis d'autres opérations du même genre pour les jours à venir, et réaffirmé son "impartialité" en réponse aux critiques de l'ex-Séléka, dont les combattants désarmés, pour la plupart aujourd'hui consignés dans les casernes, sont furieux de voir leur pouvoir réduit à néant et incapables de défendre la communauté musulmane face à la soif de vengeance des habitants --très majoritairement chrétiens-- de Bangui.

Un conseiller à la présidence et ancien rebelle, Abacar Sabone, s'est félicité auprès de l'AFP de l'opération française contre les anti-balaka. Il a souhaité que "les soldats français protègent tout le monde", assurant que chrétiens et musulmans "peuvent vivre ensemble".

Mercredi matin, les soldats français poursuivaient leurs opérations de désarmement et leurs patrouilles dans les rues de la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP. Sept hommes ont notamment été désarmés près de l'université.

La situation reste toujours tendue dans certains quartiers de la ville, avec par exemple des coups de feu et l'explosion d'une grenade dans le 8e arrondissement pendant la nuit, selon une source sécuritaire locale.

Signe d'une relative normalisation, fonctionnaires et employés formaient de longues files d'attente devant les banques pour toucher leurs salaires.

Selon le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, plusieurs pays européens déploieront bientôt des troupes au sol en Centrafrique pour y aider l'armée française et la force africaine dans leur délicate mission de rétablir la sécurité.

M. Fabius, qui intervenait mardi devant le parlement français, n'a pas précisé les pays concernés. Cette présence irait au-delà d'un classique soutien logistique ou en transport de troupes.

L'Allemagne et le Royaume-Uni y réfléchissent, a simplement précisé mercredi le ministre français aux Affaires européennes, Thierry Repentin. La Belgique a indiqué qu'elle envisage d'envoyer 150 soldats pour une "mission de protection" des aéroports.

Les Etats-Unis ont annoncé de leur côté disposer de quelques militaires à Bangui chargés de coordonner le transport aérien d'un contingent de soldats burundais venus renforcer la Misca.

Sur le plan humanitaire, la situation reste très préoccupante, avec 710.000 déplacés dans tout le pays, dont 210.000 pour la seule ville de Bangui

Le grand camp de 45.000 déplacés près de l'aéroport ne désemplit pas. Les conditions y sont "difficiles, il y a toujours des problèmes de nourriture, d'eau, de sanitaires", selon Joris Paulus, chef de mission de Medecins sans frontières (MSF), présent sur place. Une forte pluie mercredi matin a encore rendu plus précaire la situation des déplacés qui vivent sous des bâches de fortune.

pgf-hba/sba

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