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Vitali Klitschko, boxeur et opposant ukrainien, abandonne le ring pour la lutte politique

Vitali Klitschko, boxeur et opposant ukrainien, abandonne le ring pour la lutte politique

Le célèbre boxeur et opposant ukrainien Vitali Klitschko s'est lancé à corps perdu dans la lutte politique, indiquant mettre fin à sa carrière de champion du monde pour briguer la présidence du pays à une élection qu'il réclame dès mars prochain.

"Aujourd'hui la seule issue à la crise politique c'est la convocation d'élections anticipées", a déclaré mardi M. Klitschko, l'un des chefs de file de l'opposition ukrainienne, qui défie depuis plus de trois semaines le régime de Viktor Ianoukovitch, après sa volte-face sur l'intégration européenne au profit de la Russie.

"La présidentielle anticipée doit avoir lieu en mars 2014", a poursuivi celui qui avait promis en novembre de "mettre KO" le président actuel Viktor Ianoukovitch.

Champion du monde du boxe, il a annoncé lundi qu'il renonçait à son titre WBC des lourds pour se consacrer à la vie politique dans son pays.

"J'ai le sentiment que mon peuple a besoin de moi", a souligné Vitali Klitschko, qui affiche à son palmarès 45 victoires, dont 41 avant la limite, pour deux défaites.

Deux mètres de haut, autant de large les bras écartés, et 114 kg de muscle : ce colosse de 42 ans, champion du monde des super lourds avec un palmarès de victoires par KO inégalé, et surnommé "Dr. poings d'acier", a mis tout son poids dans la balance face au président Viktor Ianoukovitch.

Intervenant tous les jours devant des dizaines de milliers de manifestants sur la place de l'Indépendance, haut lieu de la contestation dans le centre de Kiev, il y est apparu au moment crucial, dans la nuit du 10 au 11 décembre lors d'une tentative des forces de l'ordre de disperser les manifestants.

"Kiéviens, levez-vous!", a-t-il lancé. "Maintenant nous devons réclamer la démission du président"!

Bien qu'il soit un orateur assez médiocre et critiqué pour son manque de charisme, il gagne des points sur les barricades de Maïdan (le nom ukrainien de la place).

Ces évènements l'ont forcé à annuler une visite en France où l'avait invité le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.

"Un homme singulier, qui a bâti sa fortune avec ses poings, il est réputé incorruptible, ce qui paraît-il là-bas est tout à fait spécifique", a souligné le chef de la diplomatie française, en allusion à la corruption omniprésente dans cette ex-république soviétique.

Selon la presse allemande, l'Allemagne, où le boxeur s'entraînait et a remporté la plupart de ses victoires, mise aussi sur Klitschko et les structures proches du parti de la chancelière Angela Merkel soutiennent son parti Oudar (Coup).

Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, en visite à Kiev début décembre, s'était rendu auprès des manifestants ukrainiens sur Maïdan accompagné de Vitali et de son frère Wladimir, lui-aussi champion du monde de boxe.

"Klitschko était déjà le plus populaire des opposants en Ukraine avant Maïdan. Le mouvement de contestation est en train de faire de lui une alternative réelle à Ianoukovitch" souligne le politologue Olexy Goloboutski.

"Il apparaît comme un homme politique pragmatique qui plaît non seulement à l'ouest (nationaliste) et au centre et aussi à l'est et au sud de l'Ukraine (deux régions traditionnellement russophones et pro-russes, ndlr). Il a aussi toutes les chances d'être soutenu par des oligarques", ajoute-t-il.

Certains de ces puissants magnats ukrainiens semblent déjà courtiser Vitali Klitschko.

Les chaînes de télévision ukrainiennes contrôlées par Viktor Pintchouk, deuxième fortune du pays, et le milliardaire Dmytro Firtach, ont diffusé ces dernières semaines des émissions vantant le parcours sportif et politique de Vitali Klitschko.

Lancé en politique après la Révolution orange pro-occidentale de 2004, qu'il avait soutenue, élu deux ans après conseiller municipal à Kiev, la capitale dont il a toutefois échoué à prendre la mairie, il a fondé en 2010 l'Alliance ukrainienne démocratique pour la réforme.

Arrivé en troisième position aux législatives de 2012 avec 15% des suffrages, ce parti défend une Ukraine démocratique et ancrée en Europe.

Inquiet de sa popularité grandissante, le pouvoir ukrainien a pris des précautions dès octobre, le Parlement ayant voté des amendements empêchant Klitscho d'être candidat à la présidentielle au motif qu'il paie ses impôts en Allemagne.

neo/lpt/bir

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