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La défense s'invite au sommet européen après des années d'inertie

La défense s'invite au sommet européen après des années d'inertie

Serpent de mer depuis des décennies, la défense européenne refait surface cette semaine au sommet des dirigeants de l'Union européenne qui, à défaut de grandes avancées, devraient s'entendre pour mieux coopérer dans les drones ou la cyberdéfense.

Présentée il y a encore quelques mois comme le sommet de la relance de la défense européenne, la réunion de jeudi et vendredi s'annonce moins ambitieuse. Les questions de sécurité ne devraient finalement occuper qu'une petite partie des discussions entre chefs d'Etat et de gouvernement.

L'actualité récente illustre cependant l'importance et la complexité des enjeux, entre l'intervention de l'armée française en Centrafrique et la restructuration de la branche "défense" du géant EADS.

De plus, les études d'opinion montrent, année après année, que la sécurité et la défense sont l'un des rares domaines dans lesquels une grande majorité de citoyens européens souhaitent que l'Union européenne joue un rôle plus important. La question "Mais que fait l'Europe?" revient dès qu'une crise extérieure surgit, que ce soit à Lampedusa, en Syrie ou au Mali.

"Une politique commune n'a jamais paru aussi indispensable, mais nous ne sentons pas de réelle envie, d'ambition, pour que le sommet ne débouche sur le saut qualitatif nécessaire", regrette Arnaud Danjean, qui préside la sous-commission Défense du Parlement européen.

Comme de nombreux experts, il observe que, à l'exception de la France et du Royaume-Uni, aucun des 28 pays de l'UE "n'a d'appétit pour lancer des opérations extérieures".

Tout au plus sont-ils prêts à intervenir en appui, sans déployer de soldats, comme lors de l'opération Serval au Mali, où les alliés de la France ont activement participé au transport de troupes et de matériel.

De nombreux pays, notamment l'Allemagne, répondent également présents lorsque l'UE, championne du "soft power", lance des opérations civiles (12 actuellement) ou militaires (4), notamment en Afrique. Les missions anti-piraterie Atalante ou de formation de l'armée malienne EUTM-Mali recueillent ainsi un large consensus.

Quoiqu'il en soit, la plupart des capitales n'ont pas les moyens de faire plus, ayant fortement réduit leurs budgets militaires depuis le début de la crise. L'Europe ne dépense plus que 1,6% de son PIB (189,6 milliards d'euros en 2012) dans la défense, alors que les Etats-Unis y consacrent près de 5% et que la Russie ou la Chine se renforcent.

Dans ce contexte tendu, "il devient difficile pour n'importe quelle nation de l'UE de développer seule des programmes militaires ambitieux", souligne Claude-France Arnould, la directrice de l'Agence européenne de la Défense (AED). "La seule solution est la coopération".

Au sommet de Bruxelles, les dirigeants devraient examiner le lancement d'une série de programmes de coopération ciblées concernant les drones, les satellites, le ravitaillement en vol ou la cyberdéfense, domaines dans lesquels l'Europe affiche des lacunes parfois criantes.

Sept pays européens, dont la France, l'Allemagne et l'Italie, ont ainsi décidé de créer un "club des utilisateurs de drones" d'observation. Ils se sont engagés à développer, à l'horizon 2020, un appareil européen de moyenne altitude et de longue endurance (MALE) de nouvelle génération, qui puisse être utilisé à des fins militaires comme civiles. Mais les industriels regrettent déjà le flou entourant ce projet.

L'objectif de ces "coopérations à la carte" est de lutter contre l'extrême fragmentation des capacités. Les 28 disposent ainsi de 16 types de frégates, contre un seul aux Etats-Unis, et de 14 sortes de chars de combat.

Mais l'enjeu économique et social d'une restructuration de l'industrie de la défense est de taille: le secteur pèse 400.000 emplois directs pour un chiffre d'affaires d'environ 96 milliards d'euros en 2012.

jri/jlb/fw

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