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Kiir et Machar, frères ennemis de la politique sud-soudanaise

Kiir et Machar, frères ennemis de la politique sud-soudanaise

Le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son rival Riek Machar, dont les fidèles s'affrontent depuis dimanche à Juba, sont liés par un combat commun au sein de la longue rébellion sudiste contre Khartoum, mais aussi par d'anciennes et profondes inimitiés.

Voici leurs portraits.

SALVA KIIR:

Reconnaissable à son inamovible chapeau de cowboy coiffant sa haute taille, le président sud-soudanais Salva Kiir a retrouvé lundi le treillis de ses années de maquis avec la rébellion sud-soudanaise combattant l'armée de Khartoum. Chef militaire, il est devenu dirigeant politique avec réticence, à la mort, en 2005, dans un accident d'hélicoptère, du chef historique de la rébellion, John Garang.

Il lui succède en tant que président de la région autonome du Sud-Soudan, avant de devenir le premier chef de l'Etat du Soudan du Sud indépendant, le 9 juillet 2011. A la tête du plus jeune Etat du monde, il hérite d'une tâche colossale: bâtir un pays ravagé par 22 ans de guerre civile, extrêmement pauvre et dépourvu de la moindre infrastructure malgré de considérables réserves pétrolières.

Né en 1951 dans l'Etat reculé et pastoral de Warrap, dans l'ethnie Dinka, Salva Kiir a passé l'essentiel de sa vie les armes à la main et porte toujours son épaisse barbe des années de maquis. Il a combattu aussi bien durant la Première guerre civile soudanaise (1956-1972) que durant la Seconde (1983-2005), qui a débouché sur l'indépendance du Soudan du Sud.

Bien que fidèle de John Garang, qui militait pour un Soudan fédéral uni, laïque et démocratique, Salva Kiir a toujours été un ardent défenseur de la sécession du Sud.

Avare de sourire, le regard dur sous son chapeau offert par l'ancien président américain George Bush, peu flamboyant et pas très communicatif, Salva Kiir est un catholique pratiquant qui prend régulièrement la parole pendant les offices dans la Cathédrale de Juba.

Il doit remettre son mandat en jeu à la présidentielle de 2015. Son rival politique de toujours, son ex-vice-président Riek Machar, limogé en juillet, avait annoncé son intention de se présenter contre lui, dénonçant ses "tendances dictatoriales".

RIEK MACHAR

Charismatique, Riek Machar a charmé nombre de responsables de la communauté internationale avec son large sourire et son éloquence, mais il reste très controversé au Soudan du Sud où ses retournements d'alliances lui valent la méfiance de nombreux Sud-Soudanais.

Né en 1953 dans l'Etat pétrolier d'Unité, M. Machar est issu d'une branche du peuple Nuer, à la fois éleveur et agriculteur, dont il ne porte pas la traditionnelle scarification sur le front.

Intellectuel, il s'est élevé par l'éducation. Après un diplôme d'ingénieur à Khartoum, il obtient un doctorat d'une université britannique. Alors qu'éclate la deuxième guerre civile soudanaise, il rejoint, suivi par de nombreux Nuer, la rébellion de la SPLA jusque-là essentiellement constituée de Dinka.

Il s'oppose au chef historique de la SPLA John Garang et à ses proches, dont Salva Kiir, et tentent un putsch qui échoue en 1991. La rébellion se fracture le long de lignes ethniques et il est accusé d'avoir ordonné le massacre par ses troupes de milliers de Dinka à Bor cette année-là.

Il créé un groupe rival, qu'il rallie un peu plus tard à Khartoum. Ses troupes servent alors de supplétifs contre la SPLA, qu'il réintègre néanmoins au début des années 2000. Salva Kiir le nomme vice-président en 2005, d'abord de la région autonome du Sud-Soudan, puis en juillet 2011 du Soudan du Sud indépendant.

Depuis son accession aux responsabilités, M. Machar tentait de se refaire une réputation, ternie lors de la guerre civile, notamment en menant des négociations - finalement infructueuses - pour persuader le chef de la cruelle rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), Joseph Kony, de déposer les armes.

Mais il continue d'afficher sa rivalité avec Salva Kiir, dénonçant des "tendances dictatoriales" et affichant son intention de se présenter contre lui en 2015. En juillet, il est limogé. Lundi, le président Kiir l'a accusé d'être responsable d'une tentative de coup d'Etat ayant déclenché dimanche soir les combats toujours en cours à Juba.

On est sans nouvelle de lui depuis.

Durant le conflit soudanais, M. Machar a épousé en seconde noces une travailleuse humanitaire britannique, Emma McCune, qui périt en 1993 dans un accident de la route à Nairobi.

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