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Yémen/drones: le vote du Parlement sans incidence sur la lutte contre Al-Qaïda

Yémen/drones: le vote du Parlement sans incidence sur la lutte contre Al-Qaïda

Le vote du Parlement yéménite sur l'interdiction des attaques de drones américains, venant d'une assemblée discréditée, ne risque pas de changer la politique de fermeté des autorités de Sanaa face au réseau d'Al-Qaïda plus que jamais menaçant pour le pays.

Le Parlement, dominé par les partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh et des islamistes du parti al-Islah, a voté dimanche soir l'interdiction des attaques de drone après un raid jeudi qui a fait 17 morts, dont des civils.

"L'assemblée a fait comme si elle donnait des ordres au pouvoir alors qu'elle a perdu toute crédibilité depuis longtemps", explique lundi Abdelbari Tahar, un expert politique.

Elu en 2003 pour cinq ans, le Parlement a vu son mandat prolongé de deux ans, en vertu d'un accord politique. Il n'a pas été renouvelé durant la contestation qui a conduit au départ de M. Saleh et "est tombé depuis en désuétude", souligne M. Tahar.

"Son vote apparaît plus comme une tentative des partisans de l'ancien président de mettre la pression sur (le chef de l'Etat intérimaire) Abd Rabbo Mansour Hadi que comme un véritable acte législatif", estime un responsable politique sous le couvert de l'anonymat.

"C'est une sorte de défi à M. Hadi", solide partenaire des Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda, renchérit ce responsable pour qui le "pouvoir peut, sans conséquences, ignorer ce vote".

L'ancien président Saleh est accusé d'entraver la transition politique difficile qui devrait aboutir à une nouvelle Constitution puis à des élections.

Lors du vote, les députés ont souligné "l'importance de mettre les citoyens à l'abri de toute agression" et de "maintenir la souveraineté de l'espace aérien yéménite".

Le raid de jeudi a en effet provoqué des protestations dans le centre du Yémen, où des proches des victimes ont bloqué des routes et menacé de se soulever contre le gouvernement.

Mais le pouvoir a insisté sur la présence de membres d'Al-Qaïda dans le cortège visé, alors que l'organisation islamiste a frappé un grand coup le 5 décembre avec une attaque contre le siège du ministère de la Défense qui a fait 56 morts au coeur de Sanaa.

Selon les autorités, la frappe visait une voiture appartenant à un dirigeant d'Al-Qaïda et à bord de laquelle se trouvaient des chefs du réseau responsables d'attaques contre l'armée, la police, des civils et des infrastructures.

Les Etats-Unis sont le seul pays à disposer de drones dans la région et le Yémen ne fait pas mystère, contrairement au Pakistan, du fait que ces appareils mènent des raids. En août, le président Hadi a même demandé à Washington de pouvoir acquérir des appareils.

Depuis 2004, des drones américains bombardent régulièrement les zones tribales au Pakistan, des tirs officiellement condamnés par Islamabad qui dénonce une violation de sa souveraineté territoriale.

Des organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent cependant les bavures liées à l'usage de drones au Yémen.

"Même s'il s'avère que dans ce cas, (les civils) ont été tués en raison d'une erreur d'identification ou de renseignements peu fiables, ceux qui sont responsables de cet acte doivent reconnaître leur erreur et dire honnêtement ce qui s'est passé", a ainsi insisté Amnesty International à propos du raid de jeudi.

Le Yémen, terre natale de la famille d'Oussama ben Laden, abrite Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), considéré par les Etats-Unis comme la branche la plus dangereuse du réseau.

Aqpa a revendiqué l'assaut contre le ministère de la Défense à Sanaa qui a été suivi par une psychose à la voiture piégée dans la capitale et une attaque ayant grièvement blessé un diplomate japonais.

Dans une vidéo mise en ligne dans la nuit de dimanche à lundi, le chef militaire d'Aqpa, Qassem al-Rimi, recherché depuis 2009 et donné pour mort dans un raid mené en 2010, s'est montré menaçant en affirmant que son réseau était "capable d'attaquer chaque ministère avec un ou deux camions, des camions chargés de tonnes d'explosifs".

mou/mh/fcc

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