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Les villageois de Qunu enfin associés, même à distance

Les villageois de Qunu enfin associés, même à distance

A distance de la cérémonie et des funérailles de Nelson Mandela, les villageois de Qunu et des localités alentour ont pu communier par écran interposé avec l'ultime adieu célébré dimanche, une forme réappropriation, enfin, de leur géant de voisin.

"J'ai eu l'impression d'en être", a raconté Samora Makasi, 35 ans, qui avait tenu à venir dans une grande tente ouverte, autour d'un écran géant, érigée en haut d'une colline, sur le "Haut Qunu" non loin du musée Mandela.

"J'aurais pu rester le regarder à la maison à la télévision, mais je voulais être avec des gens autour de moi", explique-t-il.

Avec des gens, et avec une vue imprenable sur la vallée, en contrebas le grand dais où se tenait la cérémonie. Et le ressenti des canons, des avions de chasse en formation, ou des chants et des poings levés pendant la cérémonie.

Parmi les quelque 300 personnes autour de lui, certaines venaient de loin.

"Depuis qu'il est mort, je voulais faire ce chemin avec lui", dit Pascal Moloi, 52 ans qui a fait la route de Johannesburg (près de 1.000 km) juste pour être là, ce jour-là, avec les villageois de Mandela. "En regardant (les funérailles) ici je me sens tellement en contact avec lui."

A travers tout le pays, dans les villes et villages, des écrans géants ont été installés pour associer les Sud-Africains aux derniers adieux. Dans des parcs, comme à Durban, sur des stades, comme à Orlando, quartier de Soweto, devant l'hôtel de ville du Cap, ou encore à Mvezo, le village natal de Mandela à 20 km de Qunu, avec des affluences très diverses, allant de quelques dizaines à quelques milliers, selon l'agence Sapa.

Mais nulle part peut-être cet accès aux funérailles n'était plus important qu'à Qunu, un "village" de plusieurs milliers d'habitants, si l'on considère son habitat ultra-dispersé.

Les locaux y avaient mal vécu, ces derniers jours, la succession d'hommages à Soweto, puis à Pretoria avec l'exposition de la dépouille, quand eux-mêmes subissaient le déferlement médiatique, mais ne pouvaient dire adieu en personne à Mandela. A peine ont-ils pu saluer furtivement, samedi, le long des 40 km de Mthatha à Qunu, son cercueil tout juste arrivé par avion de Pretoria.

"Nous voudrions y être (aux funérailles) en tant qu'habitants de Qunu, mais il n'y a pas de place pour nous", se plaignait encore dimanche Nonkuleleko Mfoboza, 45 ans, tout en suivant la cérémonie avec passion, réagissant vertement aux discours "trop longs".

Cette semaine, le gouvernement avait dû rappeler que quelques centaines de villageois avaient été inclus parmi les 4.500 invités aux funérailles, entre les stars et les dignitaires étrangers.

Il avait aussi dû formuler des explications en forme d'excuses, disant "comprendre" la frustration des habitants du Cap oriental, mais rappelant que Nelson Mandela, ancien président et homme d'Etat de stature internationale, avait, même dans la mort, des obligations envers le reste du pays et du monde.

Mais Mandela est revenu désormais, pour toujours. Et l'impression récurrente recueillie ces derniers jours chez les habitants de Qunu, dominant même la tristesse, était celle d'un point final.

Du sentiment qu'"il a mérité son repos. Il était plus que temps", comme résumait dimanche Ntsika Madyibi, 35 ans, venu du village voisin, pour partager aussi la fin du "long chemin".

jhe-jg/pbl/liu/via

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