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Centrafrique: l'ONU appelle à la fin de "l'effusion de sang"

Centrafrique: l'ONU appelle à la fin de "l'effusion de sang"

L'ONU et les autorités locales ont exhorté les Centrafricains à arrêter les massacres inter-religieux et à se réconcilier, Ban Ki-moon appelant à la fin de "l'effusion de sang".

Malgré ces appels au calme, les violences continuent. A Bangui samedi matin, un musulman à moto a été lynché, tué à coups de machette par des habitants dans le quartier Combattant, près de l'aéroport, selon des témoignages recueillis par l'AFP. Un deuxième homme a été blessé et a pu trouver refuge à la base française toute proche.

Dans un "message radiophonique adressé au peuple" centrafricain dans la nuit, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé "aux dirigeants religieux et aux responsables locaux - qu'ils soient musulmans ou chrétiens - de se faire messagers de la paix". "L'effusion de sang doit cesser".

"Ne laissez pas ceux qui prêchent la haine diviser ce qui était uni. Quels que soient votre confession ou votre milieu d'origine, vous partagez la même histoire et le même avenir", a-t-il ajouté.

Les tueries entre chrétiens et musulmans ont fait "plus de 600 morts" en une semaine en Centrafrique, et 160.000 déplacés rien qu'à Bangui, selon l'ONU.

Le nombre des victimes dans le reste du pays n'est pas connu. Une agence de l'ONU a fait état vendredi du massacre de 27 musulmans dans un village de l'ouest du pays.

Jusqu'à l'arrivée au pouvoir de la rébellion Séléka - majoritairement composée de musulmans - en mars 2013, chrétiens et musulmans vivaient en bonne entente dans ce pays de 4,5 millions d'habitants, chrétiens à 80%.

"La question n'est pas de savoir si on peut se réconcilier, on doit le faire, un point c'est tout", a affirmé samedi à l'AFP Crépin Mboli-Goumba, ministre de l'Equipement, un des personnages clés du gouvernement.

"Il faut réagir vite. C'est la priorité", a-t-il ajouté.

Les autorités religieuses des communautés chrétiennes et musulmanes multiplient elles aussi les appels au calme et tentent de lancer des opérations communes, des dons de nourriture ou des cérémonies religieuses avec la présence de membres de l'autre communauté.

Mais elles ne sont pas toujours bien accueillies. Un jeune musulman sous couvert de l'anonymat a affirmé à l'AFP que des représentants religieux pourtant invités par des pasteurs et des prêtres ont été refoulés par les chrétiens à Notre-Dame-de-Fatima jeudi.

A Bangui, les soldats français et ceux de la force africaine multiplient les patrouilles et poursuivent leurs opérations de désarmement, qui visent principalement les ex-combattants de la Séléka, accusés d'innombrables exactions par les habitants.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, en visite vendredi matin à Bangui, a affirmé que les 1.600 soldats français déployés dans le pays, accusés par la communauté musulmane de faire le jeu des chrétiens, étaient "impartiaux" et "le seront jusqu'au bout".

Dans la capitale centrafricaine, la vie quotidienne reprenait timidement samedi, dans un climat plombé par la peur.

Les taxis, seul moyen de transport, ont recommencé à circuler dans la ville sans atteindre le flot d'une journée normale. Beaucoup d'échoppe sont ouvertes au marché Petevo du 6e arrondissement. Oignons, bananes, savons sont disponibles mais la crise et les difficultés d'approvisionnement pèsent sur les prix. Ainsi le prix de la baguette de pain est resté à 100 francs CFA (15 centimes) mais elle a perdu en poids.

"Les gens n'achètent pas beaucoup. Ils ont peur de sortir et l'argent ne circule pas", raconte Giscard Kouzoundou.

Environ 160.000 personnes déplaceés, réparties autour de l'aéroport, dans les églises et les mosquées, continuent à vivre dans des conditions difficiles et n'ont pas encore assez confiance pour rentrer dans leurs quartiers, craignant des violences de part et d'autres.

En France, le soutien des Français à l'intervention militaire en Centrafrique connaît un net recul, moins de la moitié des personnes interrogées approuvant désormais cette opération, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest France.

L'adhésion à l'opération Sangaris est ainsi passée de 51 % à 44 % en une semaine, un effritement "particulièrement rapide" selon l'institut.

Cette chute accélérée s'explique notamment "par des buts de guerre peu évidents et par une réticence à engager de nouveaux moyens financiers en période de crise", avance l'institut.

La France va d'ailleurs demander la création d'un fonds européen destiné à financer les interventions d'urgence dans les pays en crise lors du Conseil européen des 19-20 décembre, afin de ne pas supporter seule le poids d'une facture qui risque d'être lourde, alors que l'opération Sangaris ne fait que débuter et durera sans doute plusieurs mois.

pgf/de/jmc

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