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France: prison pour un avocat condamné pour complicité avec des passeurs de clandestins

France: prison pour un avocat condamné pour complicité avec des passeurs de clandestins

L'un des avocats les plus réputés dans la défense des étrangers clandestins en France, André Mikano, a été reconnu jeudi coupable de complicité avec des passeurs et condamné à deux ans de prison dont un ferme.

La justice n'a pas tenu compte des arguments de la défense qui en appelait au respect des "principes" fondamentaux du métier d'avocat.

Me Mikano, 46 ans, a été condamné à Bobigny, près de Paris, à 2 ans de prison dont un ferme pour aide au séjour irrégulier en bande organisée, les juges lui reprochant d'avoir travaillé "sciemment" pour un réseau de passeurs qui faisait entrer en France des Marocains sans papiers de 2007 à 2010.

Me Mikano, qui entend faire appel, devra également verser une amende de 100.000 euros.

Le tribunal a estimé que Me Mikano, spécialiste de la traque aux erreurs de procédure commises par la Police des frontières, était "au courant des pratiques du réseau" avec lequel il a travaillé.

Pour les passeurs, le recours à Me Mikano était un "plan B" qui entrait en action lorsqu'échouait le "plan A" --faire sortir les sans-papiers qui arrivaient à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle en les guidant par téléphone portable à travers les dédales de l'aéroport-- et qu'ils étaient interpellés.

Sa prestation faisait partie "d'un ensemble intégré de services" vendus par les passeurs aux migrants, à prix fixe et déterminé à l'avance (1.500 euros), ont relevé les juges. Ils lui reprochent aussi d'avoir "suscité la recherche et la production de faux garants", c'est-à-dire des personnes prêtes à attester, contre rémunération, qu'elles avaient l'intention d'héberger le sans-papier.

"C'est un déni de justice", a lancé Me Mikano, dénonçant une décision "politique". L'avocat, reconnu par ses pairs comme l'un des plus compétents dans son domaine, s'estime visé depuis une quinzaine d'années par le parquet et la Police des frontières, dont il dit être devenu la bête noire.

Son avocat Michel Stansal a regretté une décision "de nature à terroriser les gens qui font ce métier". "Avocat, on ne défend pas des veuves et des orphelins. On défend des crapules, des bandits, c'est notre métier", a-t-il ajouté.

Le contentieux des étrangers est très important au tribunal de Bobigny dont dépend l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, l'une des portes d'entrée de l'immigration clandestine en France.

Dans un autre dossier instruit à Bobigny, Me Mikano est visé pour son implication présumée dans un réseau de passeurs philippins, affaire pour laquelle il a été suspendu 4 mois par la Cour d'appel de Paris.

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