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Procès Kurniawan: le viticulteur français Laurent Ponsot à la barre

Procès Kurniawan: le viticulteur français Laurent Ponsot à la barre

Le viticulteur français Laurent Ponsot était très attendu mercredi à New York, appelé à témoigner dans le procès du collectionneur de vins Rudy Kurniawan, jugé depuis lundi pour contrefaçon de grands vins français.

La comparution de M. Ponsot, initialement prévue en fin de matinée, a été repoussée à l'après-midi.

L'accusation a auparavant continué à dérouler des éléments accablants pour Kurniawan, 37 ans, qui était considéré comme l'un des plus grands collectionneurs de vins au monde il y a encore quelques années. Chez lui, les enquêteurs ont découvert un véritable laboratoire de contrefaçon.

Le procureur Jason Hernandez a montré aux jurés des milliers d'étiquettes de grands crus -fausses ou vraies-, des bâtons de cire, des formules sur des bouteilles, tel ce "40-50 DRC" sur un Pinot noir 2006 de Californie, laissant penser que Kurniawan, qui mélangeait les vins, l'utilisait pour de faux Romanée Conti des années 40-50.

Le procureur n'a pas eu besoin de longs discours. Il a aussi montré des emails de Kurniawan demandant à ce qu'on lui renvoie les bouteilles vides de grands crus consommées dans un restaurant new-yorkais. "Ne les lavez pas, j'ai besoin qu'elles semblent d'époque pour une séance de photo", y écrivait Kurniawan.

Chez lui, les enquêteurs ont aussi retrouvé un cahier de formules sur ses mélanges, des factures pour des bâtonnets de cire, du papier d'Ingres, et des listes de numéro de série, utilisées ensuite pour ses fausses étiquettes.

Cet Indonésien qui vivait illégalement aux Etats-Unis depuis 2003, après le rejet d'une demande d'asile, achetait et vendait des milliers de bouteilles de vin par an. Il menait la grande vie au moment de sa splendeur. Tous les experts ont confirmé au procès qu'il avait un palais exceptionnel pour identifier et mémoriser les grands vins.

Laurent Ponsot, dont le domaine produit des bourgognes particulièrement réputés, n'en avait jamais entendu parler jusqu'en 2008, quand Kurniawan organise une vente aux enchères à New York de 97 bouteilles de vins du Domaine Ponsot. La vente est prévue le 25 avril 2008, le catalogue commence à circuler, proposant 22 lots de Domaine Ponsot estimés au total entre 440.500 et 602.000 dollars.

Le lot 413 propose ainsi une supposée bouteille de Clos de la Roche du Domaine Ponsot, datée de 1929 et estampillée "Nicolas". Prix estimé, entre 14.000 et 18.000 dollars.

Informé par un oenophile qui a des doutes, Laurent Ponsot demande le retrait de ses vins. Il vient en personne à New York pour l'obtenir.

Les enquêteurs établiront que l'immense majorité des bouteilles sont fausses, dont notamment la bouteille de 1929. L'erreur du faussaire est de taille: le Clos de la Roche n'a commencé à être produit qu'en 1934.

Laurent Ponsot avait alors rencontré Kurniawan, pour connaître l'origine de ses vins.

Celui-ci, à l'époque surnommé "Docteur Conti", en raison de sa passion pour le Romanée-Conti, met selon les enquêteurs plus de deux mois pour donner un nom, "Pak Hendra en Asie", à Laurent Ponsot, puis deux numéros de téléphone en Indonésie.

L'enquête montrera que "Pak Hendra" n'est pas un nom, et que les deux numéros sont liés à une compagnie aérienne et à un centre commercial à Djakarta.

A partir de là, Kurniawan cessera de répondre aux emails de Laurent Ponsot.

Mais l'affaire scelle sa chute. Le petit monde des richissimes collectionneurs de grands vins se détourne du jeune Indonésien aussi rapidement qu'il s'en était entiché à partir de 2002.

Après avoir encore tenté une vente aux enchères à Londres, via un homme de paille en 2012, Kurniawan a été arrêté le 8 mars 2012 chez lui à Arcadia en Californie.

Deux autres représentants de grands domaines français de Bourgogne, Laurent Roumier et Aubert de Villaine (Romanée-Conti) doivent aussi témoigner au procès, prévu pour durer deux semaines.

Kurniawan, visage d'enfant, impassible depuis lundi, risque jusqu'à 40 ans de prison. Il a plaidé non coupable.

bd/are

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