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Les Etats-Unis s'attaquent aux antibiotiques dans l'élevage

Les Etats-Unis s'attaquent aux antibiotiques dans l'élevage

Après des décennies d'inaction, les Etats-Unis ont dévoilé mercredi un plan pour éliminer l'usage de certains antibiotiques dans l'élevage, où ils sont utilisés pour doper la production de viande mais posent le risque d'accroître la résistance microbienne à ces médicaments.

L'Agence des produits alimentaires et des médicaments (FDA) avait déjà avancé en avril 2012 un ensemble de recommandations pour s'attaquer à la sur-utilisation des antibiotiques dans l'agriculture.

"Nous savons qu'un usage étendu des antibiotiques dans la production animale peut contribuer à la résistance antimicrobienne et que cette résistance à d'importantes conséquences pour la santé publique", a souligné lors d'une conférence de presse téléphonique Michael Taylor, responsable des produits vétérinaires à la FDA (Food and Drug Administration).

Et "cette stratégie est un pas important pour répondre à la résistance antimicrobienne", a-t-il affirmé.

Certains antibiotiques sont utilisés depuis longtemps dans les aliments et l'eau consommés par les bovins, les volailles et les porcs pour accroître la production de viande tout en utilisant moins d'aliments, relève la FDA.

Vu les risques de résistance antimicrobienne des humains et des animaux, il est important d'utiliser les antibiotiques seulement quand ils sont médicalement nécessaires, souligne la FDA.

Pour mettre en oeuvre cette stratégie, la FDA demande à l'industrie des produits pharmaceutiques vétérinaires de modifier les conditions d'utilisation de ces antibiotiques afin qu'ils ne puissent plus être utilisés pour améliorer la production de viande.

De plus, leur utilisation en cas de maladie des animaux d'élevage nécessitera une ordonnance d'un vétérinaire.

La FDA demande à ces sociétés de production de médicaments vétérinaires de l'informer de leur intention de signer un engagement volontaire dans la mise en oeuvre de ce plan d'action dans les trois prochains mois.

"La FDA s'appuie sur la coopération volontaire de l'industrie pharmaceutique pour entreprendre ces changements car nous pensons que cette approche est le moyen le plus rapide d'atteindre notre objectif", a expliqué Michael Taylor.

Une de ces sociétés, Zoetis, l'une des plus importantes du secteur, a indiqué dans un communiqué "soutenir les efforts de la FDA".

"Nous pensons que des vétérinaires doivent être partie prenante dans la décision d'utiliser des antibiotiques pour la santé des animaux d'élevage et la sécurité des aliments destinés à la consommation humaine", ajoute Zoetis.

Toutefois, pour la représentante démocrate de New York Louise Slaughter, seule microbiologiste du Congrès et très engagée sur la santé publique, le plan d'action de la FDA, "basé sur une approche volontaire, est une réponse inadéquate à la sur-utilisation d'antibiotiques à la ferme".

Elle souligne l'absence "d'un mécanisme contraignant pour faire appliquer ces changements" et le fait qu'il n'y a "aucune échelle de références pour mesurer le succès" de cette stratégie.

L'élue a proposé un texte de loi qui protègerait huit classes d'antibiotiques, limitant leur usage strictement pour soigner des personnes et des animaux malades.

De son côté, le "Center for Science in the Public Interest" (CSPI), une ONG de Washington, est plus nuancé.

Le CSPI estime que la collaboration volontaire des groupes pharmaceutiques pour restreindre l'usage des antibiotiques dans l'élevage risque de limiter la portée des changements, vu que cela va à l'encontre de leurs intérêts.

Mais l'ONG juge positive que la FDA se soit engagée à évaluer le degré de coopération de l'industrie et d'en informer le public.

Enfin, elle estime aussi encourageant que la FDA fasse jouer un rôle important aux vétérinaires pour évaluer l'usage des antibiotiques. "Ceci contribuera à réduire la sur-utilisation de ces médicaments dans l'élevage", écrit Caroline Smith SeWaal, directrice de la sûreté alimentaire du CSPI.

Outre leur sur-utilisation dans l'agriculture, les antibiotiques sont aussi souvent utilisés à mauvais escient pour le traitement d'infections virales chez les humains, où ils sont sans effet, contribuant à la résistance antimicrobienne qui touche au moins deux millions de personnes par an aux Etats-Unis et fait au minimum 23.000 morts, selon un récent rapport des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

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