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Monsieur minutes débarque en ville

Monsieur minutes débarque en ville

Si le temps d'utilisation de P.K. Subban a lancé plus d'une joute orale dans les chaumières de Montréal, on ne peut pas en dire autant du cas Ryan Suter au Minnesota.

Un texte de Guillaume Lefrançois

C'est qu'il faut chercher longtemps pour trouver qui se plaindrait de sa sous-utilisation. Le défenseur mène la Ligue nationale avec une utilisation moyenne de 29 min 36 s par match. Les partisans du Canadien (10-9-2) auront donc amplement d'occasions de le voir à l'uvre, mardi, quand le Wild (13-4-4) visitera le Centre Bell.

Quiconque n'a pas entendu parler des minutes jouées par Suter a intérêt à être bien assis. Sa moyenne de 29:36 est supérieure de plus de deux minutes à son plus proche rival dans la LNH, Erik Karlsson (27:11), des Sénateurs d'Ottawa.

Mieux encore, il a connu, du 7 au 13 novembre, trois matchs de suite de plus de 35 minutes, trois rencontres décidées en tirs de barrage. L'Américain de 28 ans a du même coup réalisé 3 des 10 performances de plus de 35 minutes dans la LNH depuis la saison 2007-2008.

Si les apologistes de Subban croient que le défenseur du Canadien pourrait être davantage exploité en raison de son énergie inépuisable, Suter, lui, n'a pourtant rien du lapin Energizer.

« C'est un gars en très bonne forme, mais très intelligent aussi, estime le défenseur du Canadien Francis Bouillon, son ancien coéquipier avec les Predators de Nashville. Il ne va pas se brûler.

« Il me fait penser à Nicklas Lidstrom. Tu te demandais comment il faisait pour jouer à 40 ans. Il ne se fatiguait pas pour rien, comme Suter. Dans le coin, il utilise son bâton. Il est tellement intelligent et, souvent, les petites choses font que tu ressors avec la rondelle. Souvent, un gars agressif comme moi y va intensément dans le coin pendant 5-10 secondes. Et ensuite, t'es fatigué. Mais il est tellement intelligent, ça fait son succès. »

Son entraîneur-chef, Mike Yeo, assure quant à lui qu'une utilisation de 35 minutes ne fait pas partie de son plan de match. Mais visiblement, les situations serrées commandent une telle quantité de travail. Dans un des trois matchs, celui du 9 en Caroline, il a même joué 3:53 des cinq minutes de la prolongation!

« C'étaient des matchs serrés, mais différents, raconte Yeo. Soit qu'on perdait par un but et qu'on avait besoin d'attaque, soit qu'on menait par un but et qu'on voulait fermer la porte. Ce n'est pas idéal qu'il joue autant, mais tu le regardes aller quand les matchs sont en jeu, il récupère tellement vite, c'est lui que tu veux voir sur la patinoire. »

On aurait bien voulu vous dire ce que Suter lui-même pense de la situation et comment il gère son énergie. Mais le défenseur étoile donne visiblement plus de minutes de qualité à son entraîneur qu'aux journalistes. Il s'est sauvé en douce malgré les demandes d'entrevue formulées au Wild.

Plus facile?

Interrogé la semaine dernière au sujet des tâches de Suter, on sentait Subban presque jaloux de son homologue du Wild.

« C'est presque plus facile quand tu joues autant, car tu sens bien le rythme du match, a dit le numéro 76 du CH. Ça dépend de ton style. Si tu transportes toujours la rondelle, c'est impossible de jouer autant. Et c'est évidemment plus facile de jouer ce style quand ton équipe prend l'avance par deux buts. Tu as seulement besoin de faire des jeux simples et ils vont faire les erreurs eux-mêmes. »

C'est toutefois à se demander si Subban doit transporter aussi souvent la rondelle de son territoire jusqu'à la zone adverse, si ses tâches doivent être bonifiées.

« Quand tu joues autant, tu ne forces pas les jeux, car tu sais que tu retourneras vite sur la patinoire, croit-il. Quand tu joues moins, tu tentes parfois de forcer des jeux pour créer quelque chose. Quand tu joues plus, ça reste simple et tu laisses le jeu venir à toi. »

Sans forcer les jeux, donc, Suter présente une fiche d'aucun but et 13 passes en 21 matchs, avec un différentiel de +2. Ses 13 aides lui valent le 6e rang parmi les défenseurs de la LNH à ce chapitre.

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